La vieille sirène de l’hôtel de ville de la commune d’Ain Makhlouf (wilaya de Guelma) qui continue d’annoncer le moment de rupture du jeûne à chaque ramadhan, pérennisant une pratique remontant à l’époque coloniale, est devenue un élément «essentiel» dans l’ambiance du ramadhan dans cette localité.
Distante de 55 km au Sud de la ville de Guelma, Ain Makhlouf compte pourtant deux grandes et nouvelles mosquées qui annoncent l’heure de fin du jeûne. Les assemblées communales, qui se sont succédé à la tête de cette municipalité depuis l’indépendance, ont toujours accordé un intérêt particulier à cette sirène de taille très imposante utilisée lors des occasions nationales pour observer les minutes de silence mais surtout durant le ramadhan pour annoncer la rupture du jeûne. La sirène retentit aussitôt que le muezzin prononce le dernier mot de l’Adhan par souci de respect à la sacralité de l’appel à la prière tout en veillant à la perpétuation de cette tradition qui fait partie désormais du patrimoine de la région. Pour Saïd Benzeineb, intéressé par la recherche en patrimoine, l’utilisation de la sirène remonte à l’époque coloniale et était placée sur la tour de l’église pour servir à donner l’alerte dans les cas d’urgence. Après l’indépendance, la sirène fut déplacée vers l’hôtel de ville. Octogénaire, Omar souligne que le son de cette sirène n’a jamais cessé de résonner à Ain Makhlouf aussi longtemps qu’il se souvient au point de faire partie intégrante du patrimoine de toute la région. La spécificité de la sirène réside dans sa puissance qui impose le sentiment de l’avènement d’une chose auguste, en l’occurrence le moment de rompre une journée entière de jeûne rituel, ajoute ce vieux qui souligne que les sons de cette sirène retentissent sur un rayon d’environ 10 km annonçant le moment de l’iftar même aux habitants des mechtas et villagesreculées, à l’instar de Djenane El Malti, Bordj El khethir, Bordj Kra, Tafoura, Djebel Anssal et même Hammam Belhachani.
Pour les jeunes de la région, cette sirène qui s’est incrustée dans la mémoire collective de la population d’Ain Makhlouf, donne un goût très particulier au ramadhan qu’il est difficile d’imaginer autrement, selon eux.