Guelma : femme battues, Elles souffrent le martyre dans un silence total

Guelma : femme battues, Elles souffrent le martyre dans un silence total

Personne aujourd’hui ici à Guelma ne pourrait nier les difficultés multidimensionnelles auxquelles sont confrontées bon nombre de femmes. Certes la longue et pénible marche entreprise depuis de longues années par la femme afin de retrouver une liberté , confisquée par une junte masculine aux antipodes de toute forme d’émancipation , a été plus ou moins couronnée d’un brin de reconnaissance de la part d’une société encore trop conservatrice .

Qui de nous ne se souvient d’une époque où voir une femme le matin se diriger vers son lieu de travail était synonyme de « hchouma » et même de débauche. Toute femme ayant décidé de prendre en charge sa destinée était malmenée pour ne pas dire harcelée par tous .Un dur combat en fait a été héroïquement mené par des pionnières et militantes au sens noble du terme de l’égalité entre les deux sexes.

Durant les années quatre-vingt et quatre-vingt dix, le monde du travail, tous domaines confondus, avait enfin reconnu la compétence, le sérieux, et l’abnégation des femmes ingénieurs, médecins, journalistes ou enseignantes. Certaines d’entre elle ont pu, grâce à leur savoir-faire, occuper des postes de responsabilité.

Aujourd’hui après tant de sacrifices consentis, la condition féminine ne cesse de se dégrader, crise économique aidant : des sujets qui étaient jusqu’alors tabous ont subitement surgi pour défrayer la chronique locale. Femmes battues, harcelées de toute part ou contraintes de quitter le foyer familial sous la menace de maris de plus en plus violents et sans état d’âme.

Une société mise à nue par tant d’injustices vis-à-vis de femmes jeunes ou âgées qui , faute de qualification , ont été poussées à la mendicité , au travail ménager ou parfois contrainte d’exercer le plus vieux métier du monde pour pouvoir subvenir aux besoins pressants de leurs progénitures ou de personnes qui sont à leur charge . Les dernières intempéries survenues dans la wilaya de Guelma nous ont révélé une amère réalité : celle de pauvres femmes que la vie n’a pas trop gâtées. Livrées à leur triste sort elles squattent les rues accompagnées le plus souvent par leurs enfants pour faire la manche après avoir été expulsées par des époux violents ou toxicomanes.

A Oued el Maïz nous avons rencontrés quelques unes qui ont accepté de nous parler de leur détresse. Amel. L, qui était accompagnée d’un bébé de quelques mois, est une femme séparée depuis trois mois : « j’ai deux enfants scolarisés et ce bébé. Ils sont tous asthmatiques. Mon mari qui est très violent et alcoolique, me battait pour un oui, pour un non. Il m’a acculé à quitter l’unique pièce que j’occupais avec mes gosses.

Maintenant, je suis à la rue. Je fais la manche aux portes des mosquées pour subsister. Je vous jure que je n’aime pas çà, mais étant moi-même malade, personne ne veut de moi, même comme femme de ménage. » Yamina quant à elle, est plus vieille ; elle nous dira que son mari la battait étant lui-même dépressif. Actuellement, elle vit avec ses cinq enfants dans un garage.

Cette situation ajoute –t-elle ne peut s’éterniser car pour passer le mois elle doit s’acquitter mensuellement des frais du loyer. Pour cela des âmes charitables lui donnent les 7000 DA nécessaires. Devant l’inexistence à Guelma d’Association pour femmes battues à l’instar des grandes villes du pays, d’autres femmes qui n’osent pas se plaindre pour éviter les réprimandes continuent de souffrir le martyre dans le silence le plus total.

Haddad Nedjma