Atypique. Ainsi pourrait-on qualifier le parcours professionnel de Adlene Guedioura, révélé au public algérien il y a deux ans seulement. C’est qu’il en a bavé, avant d’obtenir son premier vrai contrat professionnel et de connaître la reconnaissance du monde du football. Il s’ajoute à la liste – déjà longue – des joueurs algériens ignorés, voire parfois méprisés en France et qui ont explosé une fois partis ailleurs : Karim Matmour, Chadli Amri, Madjid Bougherra, Medhi Lacen, Djamel Mesbah, Raïs Mbolhi, Rafik Djebbour, Djamel Abdoun, Liassine Cadamuro-Bentaïba, Sofiane Feghouli… Guedioura raconte le cheminement ardu de sa carrière, tellement ardu que d’autres, à sa place, auraient certainement renoncé.
«Je disais à la maîtresse d’école : mon 1er choix, c’est le foot, mon 2e choix, c’est le foot»
«C’est ce que je voulais toujours faire. En choisissant le football, j’avais pris un risque. Quand on s’entraîne seul sans qu’il y ait un club au bout, c’est qu’on aime vraiment le foot. Ça a toujours été ma première passion. Quand j’étais petit, quand la maîtresse d’école me demandait ce que je voulais faire plus tard, je ne disais pas que je voulais être pompier ou policier. Je répondais : footballeur professionnel. Même dans le deuxième choix, je mettais «footballeur professionnel» ! J’ai fait des études parce qu’il fallait que je fasse quelque chose. C’était important pour la famille et aussi pour moi de pouvoir me construire. J’ai réussi à avoir mon bac, mais le foot a toujours été ma passion, mon rêve et aussi mon principal objectif.»
«J’étais à Sedan à l’époque de Belhadj, mais on ne m’avait pas accordé de contrat pro»
«Mon parcours est similaire à celui de Foued Kadir : je viens de petits clubs d’en bas. Après des débuts à Taverny, le club de ma commune de résidence, j’ai fait plusieurs clubs parisiens pour me former et essayer de décrocher un contrat professionnel : le Racing Club de Paris, le Red Star… A 17 ans, j’ai cru y être parvenu lorsque j’ai été accepté dans la réserve de Sedan. L’année suivante, je m’étais même entraîné avec le groupe pro. C’était à l’époque où Nadir Belhadj était là-bas. Malheureusement, on ne m’a pas accordé de contrat pro et j’ai dû repartir d’en bas.»
«J’ai appelé tous les clubs de Ligue 1, Ligue 2 et National, mais je n’ai eu aucune réponse»
«C’était aussi une époque où j’avais été convoqué en sélection algérienne Espoirs où j’avais croisé des joueurs algériens évoluant en France, dont Kadir, Ghilas et Bencharif. On faisait une sélection pour les Jeux méditerranéens, mais je n’avais pas été retenu. Cette période-là était très délicate. C’est après Sedan que toutes les portes s’étaient fermées. J’avais appelé tous les clubs de Ligue 1, de Ligue 2 et de National pour des essais. Malheureusement, je n’ai eu aucune réponse. Je m’entraînais tout seul, sans perspective réelle.»
«Il fallait pousser des portes, il fallait même les défoncer»
«Un jour, j’ai même pris mon sac à dos et suis parti par train à Grenoble. C’est là d’ailleurs que j’ai connu Sofiane Feghouli. On s’était déjà croisés au Red Star, même si nous n’avions pas joué ensemble, parce que nous n’avions pas le même âge. Je voulais faire des essais et il fallait pousser des portes. Il fallait même les défoncer. J’avais demandé au directeur sportif du centre de formation s’il pouvait m’héberger, parce que je n’avais pas d’argent. Au départ, il ne voulait pas trop, puis il a accepté. Il a vu que je faisais de bons matches et de bons entraînements. Les dirigeants m’ont donc hébergé. Il y a même un joueur qui m’a aidé et hébergé et je l’en remercie. Je me suis entraîné deux ou trois fois avec les pros, parce qu’ils étaient satisfaits. Malheureusement, à l’époque, je n’avais pas d’agent pour négocier mon contrat et c’est donc tombé à l’eau.»
«Je suis resté 8 mois sans club, je voulais même arrêter»
«Je suis revenu à Paris, chez mes parents. Il me fallait reprendre les études. C’était une période de flottement car je voulais vraiment arrêter le foot. Je m’entraînais tout le temps, pendant 8 mois, mais je n’avais pas de club. Je suis parti dans un club de Division d’Honneur de Taverny, la ville où j’habitais, pour m’entraîner, j’ai essayé de contacter des agents, mais rien. C’est grâce à Nasser Sandjak que j’ai eu une chance. J’étais encore étudiant à l’université de Saint-Denis. J’alternais études et football, mais à un certain moment, c’était devenu difficile. J’ai dû faire un choix et j’ai choisi le foot.»
«Mon père ne m’a jamais poussé au foot, mais sans lui, j’aurais abandonné»
«Je ne sais pas si le football est inné en moi ou bien si c’est le legs de mon père. C’est sans doute les deux : si c’est inné, c’est que mon papa me l’a légué génétiquement (rires). Ça peut paraître bizarre, mais mon père ne m’a jamais poussé au football. Je sais qu’il y a beaucoup de gens qui ont parlé de ça ou qui pensent que mon père a été derrière mon choix, mais ce n’est pas vrai du tout. J’aime mon père parce que c’est mon père et nous avons de très bonnes relations. Il me donne des conseils d’un père à son fils et non pas ceux d’un entraîneur ou d’un ancien joueur à son élève. Je l’en remercie parce qu’il y a des moments où, justement, je voulais abandonner et c’est son attitude de père qui m’avait permis d’y croire et de continuer. Mes parents et mon frère m’ont poussé à continuer dans ce sens-là. Ce n’était pas évident car on peut hésiter ou abandonner, si on n’a pas une bonne famille autour et des gens qui nous poussent à nous surpasser. On doit se surpasser soi-même, mais on est des humains : on a parfois des moments de doute, de faiblesse, de regrets… Dans ces moments-là, ils m’ont bien aidé.»
«Avec Sandjak et Noisy-le-Sec, j’ai gagné sur le plan mental et physique»
Le vrai départ, c’est quand j’ai décroché une licence dans mon premier club. On va au foot pour se dépenser, pour s’amuser et pour prendre du plaisir, mais à Sedan, ça a été une mauvaise expérience à la fin. Au départ, ça se passait bien puisque Bertrand Reauzeau, actuellement directeur du centre de formation du Paris Saint-Germain, m’avait beaucoup aidé et m’avait appris à développer mon football. A Noisy-le-Sec, c’était une formation à la fois mentale et physique parce que ce club était réputé en France comme étant difficile sur ces plans-là. Je pense avoir gagné dans ce domaine avec Nasser Sandjak et c’est ce qui m’a aidé par la suite. Je suis passé après par deux clubs de National, Sannois-Saint-Gratien et Créteil.
«Courtrai me voulait vraiment et ça a bien marché là-bas»
«C’est Courtrai qui s’était manifesté. A Créteil, j’avais fait une très belle saison et j’avais marqué 8 buts à l’époque tout en jouant milieu défensif. Courtrai me voulait vraiment. Je suis allé visiter les installations et voir comment ça se passait. Ils m’ont invité à voir un match et ça m’avait plu. Je me suis dit que c’était mieux de jouer dans la première division d’un championnat moins coté que celui français plutôt que d’étudier les offres de certains clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 qui avaient manifesté leur intérêt pour moi, mais avec des réserves. J’ai choisi donc d’aller à Courtrai et ça a plutôt bien marché.»
«Beaucoup de joueurs ayant joué en Belgique ont réussi en Angleterre»
«De Courtrai, je suis parti à Charleroi où j’ai fait une très belle demi-saison sous la conduite de l’entraîneur John Collins qui a joué à Monaco. J’ai été même capitaine d’équipe là-bas. Peut-être que les gens ne le savent pas en Algérie, mais beaucoup de joueurs issus du championnat de Belgique réussissent en Angleterre. Fellaini, l’un des piliers d’Everton, Lukaku, meilleur buteur de Belgique qui a signé à Chelsea, Thibault Courtois qui joue à l’Atlético Madrid, mais qui appartient à Chelsea… En Belgique, il y a beaucoup de superviseurs anglais qui viennent suivre les matches, car il y a là-bas un bon vivier. C’était pour moi intéressant d’y aller.»
«J’ai failli signer à Chievo Vérone»
«Lorsque j’étais à Charleroi, je devais signer au Chievo Vérone. Le directeur sportif du club était venu et tout semblait être fait, mais je n’ai malheureusement pas signé parce que Charleroi et Chievo ne s’étaient pas entendus sur le montant du transfert. Après cette histoire, il y a eu un joueur de Charleroi qui a signé au Chievo Vérone parce que les deux clubs étaient restés en contact. Je suis resté encore six mois dans mon club, puis Wolverhampton s’est manifesté. On a souhaité m’avoir en prêt dans un premier temps. Au bout de la période de prêt, mon contrat a été racheté et j’ai signé un contrat de trois ans.»
«Koulech bel mektoub, il faut juste se montrer patient»
«Finalement, koulech bel mektoub (tout est question de destin, ndlr), comme on dit chez nous. Ce n’était pas une si mauvaise chose de ne pas avoir signé au Chievo Vérone. Certes, c’était très difficile de refuser un club qui évolue en Serie A italienne, l’un des meilleurs championnats au monde, mais il fallait être patient. Cela a payé puisqu’il y a eu Wolverhampton derrière qui m’a permis de jouer en Premier League et, de là, être pris en sélection nationale.»
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Même les enfants demandent à Guedioura de rester à Nottingham Forest !
Un seul sujet de discussion chez les supporters de Nottingham Forest depuis quelques semaines : Adlene Guedioura restera-t-il ou bien retournera-t-il à Wolverhampton auquel il appartient toujours ? C’est que le sujet est très sérieux vu l’importance qu’a l’international algérien au sein de l’équipe depuis qu’il y a débarqué au mercato. Il est devenu réellement un élément de base, un métronome qui récupère, oriente le jeu et, en plus, marque. En un mot, Guedioura régule et régale.
4 fois homme du match en moins de 4 mois
Indicateur édifiant : en mois de quatre mois, il a été désigné 4 fois homme du match. Pour une recrue hivernale qui cirait le banc à Wolverhampton durant la première partie de la saison et qui, de surcroît, évolue à un poste ingrat, ce n’est pas mal du tout. La dernière fois, pas plus tard que samedi dernier, contre Blackpool, un prétendant à l’accession. Nottingham Forest n’a pas gagné (0-0), mais c’est l’un de ses joueurs, Guedioura en l’occurrence, qui a été le joueur le plus en vue. Et encore, il n’était pas au mieux de sa forme. C’est dire que, même en n’étant pas au top de son rendement, il a de l’influence dans le jeu de son équipe.
Ses atouts : un physique «British» et une riche palette technique
Son secret ? Une variété de styles qui en fait un joueur différent de ses coéquipiers. En effet, en sus de son aisance dans les duels physiques, grâce à un physique très «British» et sa faculté de récupérer des balles proprement, il jouit de cette technique et de ce toucher de balle propres aux Maghrébins qui faont souvent la différence dans les duels. Les contrôles orientés, les contre-pieds, les crochets, les dribbles et même les jongles (il en a fait quelques-unes contre Blackpool dans une action de jeu qui aurait mérité de se terminer par un but), ça le connaît. Le public algérien a d’ailleurs découvert cette riche palette technique lors du match de Banjul contre la Gambie. Cerise sur le gâteau : Guedioura a une bonne frappe du droit.
Un enfant lui a remis une lettre
Il n’y a pas de quoi s’étonner que les supporters de Forest multiplient devant lui les requêtes et les courbettes pour qu’il reste au club la saison prochaine. Dernier exemple en date : ce petit garçon pas plus haut que trois pommes qui, à la sortie du stade samedi passé, n’a sollicité ni autographe ni photo, mais s’est contenté de lui remettre «solennellement» une lettre où il lui demandait de rester au club. «Ce n’est pas moi qui l’ai écrite, car je ne maîtrise pas encore l’écriture à mon âge. C’est lui (il désigne un adulte debout à son côté, probablement son père ou son grand frère). Mais je pense tout ce qui a été écrit. Je souhaite que tu seras avec nous la saison prochaine», a dit le petit avec cette candeur qui caractérise les enfants. Visiblement touché par cette marque de confiance, Guedioura a lu la lettre et a promis à l’enfant que, si ce serait possible, il resterait avec plaisir.
Wolverhampton ne le cèdera pas facilement
C’est que la situation n’est pas si simple que ça. Wolverhampton, presque condamné à la descente en Championship, aura certainement besoin de ses meilleurs éléments pour tenter de revenir rapidement en Premier League et il se trouve justement que Guedioura devient un élément essentiel, d’abord de par ses performances récentes, et aussi de par l’expérience de la Championship qu’il vient d’acquérir. Les Wolves ont commis une erreur en accordant peu de temps de jeu au milieu de terrain algérien, ils n’en commettront certainement pas une autre en cédant leur joueur à un club qui pourrait être leur concurrent la saison prochaine pour la remontée en Premier League. De plus, comme il ne restera à Guedioura qu’une année de contrat, peut-être que Wolverhampton serait tenté de le vendre à un club de Premier League afin de financer l’achat de deux joueurs de Championship. C’est dire que le maintien du joueur à Nottingham Forest est loin d’être acquis. Au risque de rendre malheureux un enfant…
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Un site Web officiel, des comptes sur Facebook et Twitter, une attachée de presse
Guedioura joue aussi sur le terrain de la communication
«La communication, c’est important. Guedioura, depuis le début de sa carrière, essaye de faire les choses suivant les normes. Depuis que nous sommes ensemble en sélection, j’ai eu le temps de le découvrir. Au point de vue sportif, il a un potentiel énorme, même si les gens ne s’en rendent pas compte. Il a plus de talent que certains ne le croient et je suis convaincu qu’il percera dans le championnat anglais. Sur le plan de la gestion de sa carrière, il est «carré» dans le bon sens du terme, c’est-à-dire qu’il est soucieux que tout soit organisé dans sa vie professionnelle. Je pense que c’est un exemple à suivre.» L’auteur de ces paroles est Madjid Bougherra, l’un des joueurs les plus anciens de la sélection nationale. Bien évidemment, il parle de Adlene Guedioura. Le contexte ? Le lancement par ce dernier de son site international officiel.
Un lancement de site médiatisé avec Ferdinand en «guest star»
C’était le 16 juin 2011, soit l’été dernier. A Paris, l’événement avait drainé du monde, notamment d’anciens internationaux algériens, des représentants de médias algériens, français et même anglais, dont Sky Sports et la BBC, et, en «guest star», Rio Ferdinand, l’international anglais de Manchester United, accompagné de Ashley Williams, joueur de Swansea City. Jamais un lancement d’un site officiel de joueur algérien n’avait été aussi médiatisé. Certes, il y a des joueurs algériens qui ont créé leur site internet officiel bien avant lui, notamment Karim Matmour et Hassan Yebda, mais la différence est que Guedioura s’est entouré de professionnels pour gérer sa communication. Son credo ? A chacun son métier et les vaches seront bien gardées. Ainsi, un staff entier est chargé de gérer sa carrière professionnelle : un agent qui gère ses intérêts de joueur et d’image, un agent marketing, une attachée de presse, un staff de communication…
«C’est en s’inspirant des meilleurs qu’on peut faire partie des meilleurs»
Cela renseigne sur le personnage : Guedioura aime faire les choses bien. «Je délègue à des personnes compétentes des tâches liées à ma carrière afin que je sois concentré uniquement sur le football. En cela, je n’ai absolument rien inventé. Je ne fais que m’inspirer de ce que font les meilleurs. C’est en s’inspirant des meilleurs qu’on peut faire partie des meilleurs. La plupart des grands joueurs et des grands sportifs ont un management qui gère au mieux leurs sites Internet et leurs carrières. Dans le monde du foot d’aujourd’hui, je pense que c’est une partie importante, surtout avec les nouveaux moyens de communication qu’il y a : les réseaux sociaux, les chaînes de télévision satellitaires et même les journaux, comme le vôtre, qui font partie de l’environnement du football. C’est important de bien gérer ça, car cela peut avoir un effet inverse demain si ce n’est pas bien géré. Ce sont les plus grands qui nous donnent l’exemple. C’est en leur parlant directement qu’ils nous ont donné des conseils. Aujourd’hui, c’est la norme et ça nous permet d’exister», explique-t-il, tout en insistant sur un aspect important : la confiance. «Si j’ai choisi ces personnes qui m’entourent, c’est que j’ai confiance en elles. Je sais que ce sont des professionnels qui connaissent leur métier. En passant, je les remercie pour ce qu’ils font car ils m’évitent de me disperser.» Lorsque nous l’avons rencontré, l’un de ses agents était avec lui et son attachée de presse était présente tout au long de l’interview. C’est dire que sa communication est organisée de manière professionnelle et pointilleuse.
Plus de 20 700 amis sur Facebook et des centaines de Followers sur Twitter
Cela renseigne sur le personnage : Guedioura aime faire les choses bien. C’est surtout un homme qui essaye de s’adapter aux nouvelles technologies et à la révolution numérique, à l’instar d’ailleurs de ses autres coéquipiers en sélection. Il n’a pas qu’un site Web officiel. Il a aussi une page officielle sur Facebook (avec plus de 20 700 amis déjà !) et un compte sur Twitter où il compte de centaines de Followers (suiveurs, appellation donnée aux abonnés de Twitter). Bref, il est omniprésent sur les réseaux sociaux qui font partie désormais de l’environnement interactif de nombreux fans, surtout les plus jeunes d’entre eux. Le fait qu’il y soit si actif participe de sa volonté de se rapprocher de ses supporters en temps réel. D’ailleurs, ils sont nombreux à réagir sur ses pages et publier des photos. Guedioura partage des moments de sa vie quotidienne et utilise ses comptes Facebook et Twitter pour faire passer des messages qui lui tiennent à cœur, comme des vœux de rétablissement à ses coéquipiers blessés. En voilà un qui a bien compris qu’un footballeur professionnel doit aussi savoir jouer sur le terrain de la communication.
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Le Ballon d’Or, c’est bien, le Mondial, c’est mieux
Le Ballon d’Or algérien est devenu un trophée très convoité par les footballeurs algériens. Alors que la saison tire à sa fin, il y en a déjà parmi eux qui caressent le rêve d’être nominés pour l’édition de cette année et, pourquoi pas, remporter le trophée. Adlene Guedioura ne crachera pas dessus, mais il voit la question sous un angle différent : «Je ne vais pas vous mentir : cela me ferait plaisir de gagner le Ballon d’Or. Etre le meilleur joueur algérien sur une année, avoir ce trophée et le regarder tous les jours, ça me ferait plaisir ainsi qu’à mon entourage et ce serait gratifiant. Cependant, si je devais choisir entre le Ballon d’Or et une qualification à la Coupe d’Afrique des nations et au Mondial, je choisirais la deuxième option parce qu’une qualification au Mondial ferait plaisir à beaucoup plus de personnes. Je préfère faire plaisir à tout le peuple algérien et occulter ma propre personne. Cela dit, si je peux avoir les deux, je ne dirais pas non !»
Il se débrouille bien en arabe
Même s’il est né en France, Adlene Guedioura se débrouille bien en arabe parlé. «Je le parle à la maison. C’est normal puisque je suis de parents algériens. De plus, je me rends en Algérie en vacances chaque été. Certes, je sais que j’ai des progrès à faire, mais je comprends ce qu’on me dit.»
Une pensée pour Yebda, Amri et Halliche
Guedioura n’est pas quelqu’un qui oublie ses coéquipiers, surtout dans la difficulté. Il a une pensée pour Hassan Yebda et Chadli Amri, victimes de graves blessures qui les éloignent des terrains pour six mois. Il comprend parfaitement ce qu’ils peuvent ressentir en ce moment puisque lui-même avait été éloigné des terrains durant 7 mois, après une blessure au genou. «J’aimerais souhaiter à Hassan un bon rétablissement. Il sait que c’est un mal pour un bien. C’est el mektoub. Je suis désolé pour lui. Je sais qu’il va revenir plus fort et qu’il est fort mentalement, avec un très bon potentiel. Chadli s’est lui aussi blessé gravement. Il est passé par des moments difficiles avec une mauvaise série de blessures. Je lui souhaite un retour rapide.» Autre joueur qu’il n’a pas oublié : Rafik Halliche qui n’a pas bénéficié de la confiance de son entraîneur à Fulham depuis le début de la saison. «Tout le monde sait que c’est un très bon joueur. Lui seul sait ce qui s’est passé à Fulham, mais je suis convaincu qu’il va rebondir.»
Soustara, Alger, Oran
On pourrait penser que, lorsqu’il vient en Algérie, Guedioura s’attarde surtout à Soustara, fief traditionnel de l’USMA où son père, Nacer Guedioura, avait joué durant les années 1970 et 1980. Eh bien, non ! «J’aime tous les quartiers d’Alger que je visite chaque fois avec plaisir. Je connais aussi très bien Oran (dont sa mère est originaire, ndlr) et j’apprécie cette ville.»
La maman est ancienne basketteuse
Quand on naît de parents sportifs, on ne peut qu’être sportif. C’est le cas de Guedioura dont le père n’est pas le seul de ses parents à avoir pratiqué un sport. En effet, sa mère est une ancienne basketteuse. A présent, actualité de l’un de ses fils oblige, elle s’est convertie en spectatrice attentive de football. Inutile de préciser qu’elle a une préférence pour le football anglais !
Son projet : visiter toute l’Algérie
L’un des rêves de Guedioura est de découvrir tous les coins de l’Algérie. Il a juste besoin de s’organiser et de trouver le temps de le faire. «J’aimerais visiter Annaba, Constantine et aussi le Sahara. Je suis convaincu qu’il y a des coins fabuleux dans le pays. On me dit que le Sahara est magnifique. J’aimerais y aller et c’est justement en projet.»
«Fais-toi plaisir et ne te pose pas de questions»
Quand un père et son fils exercent le même métier, il y a toujours de fortes chances que leurs rapports soient corporatistes, en sus des liens familiaux qui les unissent. Or, ce n’est pas vraiment le cas entre Adlene Guedioura et son père, Nacer Guedioura, ancien international lui aussi. Entre les deux, le football est un sujet de conversation parmi d’autres et non pas l’unique sujet. Cela dit, cela n’empêche pas Nacer de prodiguer à son fils les conseils d’un père, y compris pour ce qui a trait à sa vie professionnelle. Le meilleur conseil qu’il lui a donné ? «Fais-toi plaisir et ne te pose pas de questions.»
Un cadeau à ses parents : retourner au Mondial-2014
Comme tout Algérien, Adlene Guedioura est très famille. Il est constamment en contact avec ses parents, ses frères et sœurs ainsi qu’avec sa famille vivant en Algérie. Pour lui, le meilleur cadeau à offrir à ses parents est de se qualifier une nouvelle fois pour une Coupe du monde, de préférence à la prochaine édition qui se déroulera en 2014 au Brésil.