Guantanamo : Obama sur la défensive

Guantanamo : Obama sur la défensive

Depuis les attentats de 2001, les Etats-Unis n’ont jamais vraiment connu le débat qui s’est déroulé dans d’autres pays sur la manière de concilier les valeurs démocratiques et la sécurité. Avec quatre pages de la Constitution de 1787 en arrière-plan, le président Barack Obama a présenté, jeudi 21 mai aux Archives nationales à Washington, sa réflexion pour un cadre juridique rénové, susceptible de prendre en compte la spécificité de la lutte contre des belligérants non étatiques tout en préservant des droits aux individus capturés.

Le président américain se serait sans doute passé d’avoir à prononcer un tel discours alors que les trois cellules interministérielles qu’il a formées pour étudier la fermeture de Guantanamo et le système de détentions en général n’ont pas fini leurs travaux. Mais la Maison Blanche a dû intervenir d’urgence, le débat lui ayant échappé au profit des républicains, emmenés par l’ancien vice-président Dick Cheney. « Jusqu’ici, le sujet était la fermeture de Guantanamo, explique le sondeur démocrate Stuart Rothenberg. Les républicains l’ont redéfini en : pas de terroristes dans nos rues. »

Au point que le Sénat à majorité démocrate a voté mercredi à la quasi-unanimité contre l’attribution de fonds pour fermer Guantanamo. Le président avait réclamé 80 millions de dollars. Il devra attendre septembre. Saisis par leur traditionnelle « nervosité », selon l’expression de la politologue Amy Cook, dès qu’il s’agit de sécurité nationale, les démocrates ont repris le slogan républicain et lui réclament un « plan ».

Barack Obama n’a pas présenté de plan mais un cadre. Il a rassuré ceux qui doutaient de sa détermination à fermer la prison mais confirmé les craintes de ceux qui savent depuis la campagne qu’il n’a jamais fermé la porte aux détentions préventives. Il a souligné qu’il n’était pour rien dans ce qu’il a qualifié de mess (« pagaille ») et que son administration était forcée de prendre des décisions du fait que des juges statuaient tous les jours sur les recours des détenus. « Le problème n’est pas créé par ma décision de fermer Guantanamo. Le problème existe en premier lieu à cause de la décision d’ouvrir la prison. »

LG Algérie

Pour la première fois, il a détaillé les catégories de détenus. Certains, qui ont commis des infractions contre les intérêts américains, seront poursuivis devant la justice fédérale, en dépit de l’hostilité du Congrès. « Personne ne s’est jamais échappé d’une prison de haute sécurité de type SuperMax », a-t-il insisté. « L’idée que les Etats-Unis ne peuvent pas héberger 250 détenus en sûreté est irrationnelle », a-t-il ajouté, citant le républicain Lindsey Graham.