Le grand Tour d’Algérie cycliste qui a jeté l’ancre mercredi à Sétif pour le critérium international prévu dans cette wilaya, va prendre un peu d’altitude, Hauts plateaux obligent, et permettre à la caravane et aux coureurs de découvrir la vitalité d’une wilaya hospitalière, en pleine métamorphose.
Une wilaya où le développement tous azimuts se poursuit sur un rythme aussi effréné que celui imprimé par les coureurs à l’édition 2014 du Tour, au point où il est devenu difficile, aujourd’hui, de coller une vocation particulière à cette région du pays où tous les secteurs, sans exception, connaissent un boom spectaculaire.
Terre de céréales, terre de bâtisseurs
Wilaya agricole, connue pour la qualité exceptionnelle de ses céréales, Sétif est aussi terre d’Histoire pour avoir vécu les atrocités des événements du 8 mai 1945, terre de bâtisseurs pour avoir lancé, en pionnière, dans les années 1980, la promotion immobilière privée en Algérie, terre d’industriels aussi, pour avoir enfanté de grandes unités employant des dizaines de milliers de travailleurs, terre, enfin, de commerçants avisés pour avoir généré, à El Eulma, l’une des plus importantes places commerciales du pays, le fameux quartier de Dubaï.
Il reste néanmoins vrai, si une sorte de hiérarchisation devait être opérée, que la céréaliculture reste l’activité dominante, en tous cas la plus pérenne, les ressources de la terre demeurant inépuisables, éternelles.
C’est pourquoi la wilaya des Hautes plaines sétifiennes s’apprête, avec une fierté non dissimulée, à reconquérir son statut de « Grenier de l’Algérie » à la faveur des grands transferts hydrauliques dont les travaux tirent à leur fin. Les superficies irriguées vouées aux céréales qui ont toujours fait la réputation de Sétif vont être étendues de 40.000 hectares supplémentaires grâce à cet immense projet doté de deux barrages et d’un système complexe de transfert depuis les wilayas de Jijel et de Béjaïa.
Beauté saisissante et contrastée des paysages
Le peloton du Tour, en attendant de pouvoir admirer, en passant à côté de Bazer-Sakra, à proximité d’El Eulma, où les champs céréaliers s’étendent à perte de vue, appréciera lors de la première étape entre Sétif Ain Arnat, Mahdia, Beni Oussine, Bougaâ, Mahouane et Ain Abessa, la profonde mue opérée par cette wilaya et la beauté saisissante et contrastée de ses paysages.
Durant cette première étape, prévue le jour même où l’Algérie fête la Victoire (19 mars), la caravane côtoiera l’aéroport tout neuf d’Ain Arnat, symbole de l’ouverture de la région des Hautes plaines sur le monde extérieur, avant de découvrir les montagnes abruptes et majestueuses qui s’élèvent au nord, derrière la ville de Bougaâ, puis le barrage de Mahouane et, enfin, le célèbre col de Takouka, au pied de l’imposant mont Meghriss qui culmine à près de 1.800 m d’altitude.
Une étape déclinée en boucle de 130 km, avec des parcours plats, mais aussi quelques ascensions qui devraient mettre les organismes à rude épreuve mais qui sera sans doute l’une des plus belles du Tour car il y en aura pour tout le monde : les grimpeurs, les sprinteurs, les rouleurs et les « puncheurs ».
Les Hautes plaines sétifiennes au premier jour du printemps
Après une seconde (et gentillette) étape de 117 km, le lendemain entre Ouled Saber, Ain El Kebira, El Ouricia et Ouled Adouane, le peloton célèbrera la venue du printemps, le 21 mars, en s’élançant vers le sud et le sud-est pour découvrir les célèbres hautes plaines sétifiennes, depuis Mezloug jusqu’à Bazer-Sakra en passant par Guellal et Bir Haddada. Des régions où la bataille du développement n’a valu que des victoires sur l’enclavement, le dénuement et le mal-être.
A Bazer-Sakra, la caravane du Tour longera sur des dizaines de km, mais sans le remarquer, la patrie de « Mohamed-El-Bachir », ce blé dur de haute qualité qui vit, il y a près de deux siècles, des centaines de colons s’abattre, comme des hordes affamées, sur cette région où le sol est si généreux.
Avant de bénéficier d’un repos bien mérité, les cyclistes seront en appel, pour l’ultime étape de ce critérium, à Sétif-ville où ils auront à parcourir, le 23 mars, une étape en circuit fermé. Là, il leur sera difficile de ne pas remarquer la beauté et le pétillement d’une cité propre, aérée et si accueillante.
Difficile de ne pas être saisi par l’impressionnante silhouette du city-mall, le plus grand d’Afrique, en construction au c£ur de la cité de Ain Fouara. Une ville au caractère de plus en plus affirmé, digne vitrine d’une wilaya où, en un peu moins de quinze ans, le développement est allé vite, très vite, avec une régularité de métronome.
Une vitesse dans la régularité que les coureurs du grand Tour d’Algérie cycliste, y compris les plus redoutables parmi les sprinteurs, auraient toutes les peines du monde à égaler même en changeant de braquet.