Un an après GTA 4, Rockstar compte toujours sur sa célèbre licence pour assurer ses revenus. Le studio vient ainsi de sortir The Lost and Damned, extension exclusive sur XBox 360 ; il s’essaie aussi à un marché pour l’heure inexploré avec Chinatown Wars : celui du jeune public de la Nintendo DS. Mais par-delà cette stratégie marketing agressive, proche de celle de EA, Rockstar propose-t-il des titres novateurs et de qualité ?
Doté d’une mise en scène maîtrisée et d’une nouvelle photographie toute en contrastes, The Lost and Damned, sur XBox, est un add-on réussi, qui permet d’incarner Johnny Klebitz , un motard pris dans l’engrenage grégaire des bandes. Avec ce ressort narratif simple, Rockstar brode une nouvelle variation sur les thèmes mafieux et gangsta. Et quand GTA 4 essayait, de manière maladroite, d’introduire une dimension tragique à sa licence, Lost and Damned renoue avec les personnages et les situations burlesques des précédents épisodes.
Chef de la bande de motards au début du jeu, Billy , sorte de vieux Denis Hopper dans Easy Rider – façon Beatnik fantasque – pourrait à lui seul soutenir la comédie ludique. Avocats/loubards, hommes politiques sans pudeur, mules hispanophones… les personnages secondaires jouent également au mieux leur partition.
The Lost and Damned s’inspire aussi volontiers du style de Tarantino, accordant une large place aux dialogues et aux considérations inconséquentes. L’add-on, s’il multiplie les clins d’oeil aux autres épisodes récents, évite aussi de se fourvoyer dans l’auto-référence.
Avec un tempo plus nerveux, l’intrigue est plus ramassée, faisant de ce GTA moins un jeu « bac à sable », qu’un titre voué à l’action. Le jeu, reprend enfin à bon escient les éléments expérimentés dans GTA 4, explorant pleinement l’utilisation des réseaux sociaux du héros.
Chinatown Wars : « casual » GTA
La première expérience sur la portable de Nintendo est beaucoup moins concluante. Sur DS, la licence GTA se voulait, avec Chinatown Wars, l’anti-modèle du « casual gaming » et des titres édulcorés. Mais Rockstar Leeds, qui jusqu’à lors avait la bonne habitude de livrer des jeux dans le noble héritage de sa maison-mère, comme Bully, fait ici fausse route.
Comment Rockstar bride-t-il un jeu qui a révolutionné l’histoire, en un « point and click » sans saveur ? En s’aliénant à la plateforme, et en simplifiant à outrance le gameplay, le réduisant à une posture unique. Pose de bombes, vol de voitures, ajout de tatouages… La richesse des situations est ramenée à de répétitifs coups de stylet. Une simplification que ni les personnages faussement cyniques, comme Huang Lee, le héros, ni un scénario aux ressorts mal exploités, ne permettront d’oublier.
Les limites techniques de la portable de Nintendo n’expliquent pas tout : la présence d’un double écran constitue d’ailleurs une nouveauté pour la géolocalisation, plutôt bien exploitée par les créateurs de Rockstar. Ce qui est également surprenant est que malgré un accueil du public assez glacial, la presse n’en démord pas, reprenant avec la plus grande complaisance les arguments publicitaires des développeurs.