Grogne en sourdine, menaces de démission et contestations: Ces listes électorales qui minent les partis

Grogne en sourdine, menaces de démission et contestations:  Ces listes électorales qui minent les partis
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“Jamais depuis l’indépendance, un scrutin législatif n’a l’allure d’une véritable tombola comme celui qui se prépare pour le mois de mai prochain. Dix-huit années de culture renforcée de la rente ont fini par dépouiller les élections de toute dimension politique pour ne leur laisser qu’un seul objectif, celui de changer les effectifs et de conférer au Parlement la fonction alimentaire à laquelle il semble être définitivement dédié. Cette fois-ci, ce ne sera donc pas un appel aux électeurs pour rejoindre les urnes mais plutôt un appel aux généreux donateurs”.

Ces propos ne sont ni d’un analyse politique ni d’un opposant dont le parti a décidé de boycotter le prochain scrutin, mais d’un citoyen ordinaire qui commente les élections législatives du mois de mai prochain. À voir le spectacle qui nous est offert ces jours-ci par nombre de partis politiques, à travers la confection de leurs listes électorales, il est pour le moins difficile de tabler un dinar dévalué sur un fort engouement des électeurs. Car tout se passe comme si la compétition est réduite à la course aux candidatures.



Sinon comment expliquer que de nombreux partis soient traversés par des turbulences liées, non pas pour des questions de divergence d’approches programmatiques ou idéologiques, mais pour la confection des listes électorales. Dernier en date, le MPA d’Amara Benyounes dont la liste d’Alger vient de provoquer des remous avec la démission fracassante de l’un de ses cadres les plus en vue, en l’occurrence Abdelhakim Bettache, P/APC d’Alger-Centre. De son côté, le RND est confronté à une crise latente à Béjaïa. Mardi dernier, en effet, des contestataires ont tenu un sit-in devant le siège du parti. Objet de leur courroux : la liste qui ne serait pas à leur goût. Ils menacent même la direction nationale d’une démission collective si d’aventure la liste confectionnée venait à être validée. Il y a un peu plus d’un mois, cent trente-six militants du même parti à Batna, à leur tête, Mustapha Yahi, ancienne figure du parti avant qu’il n’entre en dissidence, avaient dénoncé, dans un communiqué rendu public, “la politique de marginalisation des cadres et d’exclusion des compétences du parti suivie par l’actuelle direction”.

Selon eux, la direction actuelle “cherche à attirer des hommes d’affaires et les placer à la tête des listes électorales au détriment des militants et cadres loyaux aux principes fondateurs du parti”. Même s’il crie sur tous les toits que la confection se fera sur la base de critères stricts et dans la transparence la plus totale, en témoigne d’ailleurs l’organisation d’une visite des journalistes au siège de la commission électorale à l’hôtel Moncada, le secrétaire général du FLN doit s’attendre à une tempête dans les prochains jours. Des comptes rendus de presse font état, en effet, de grogne et de tiraillements au niveau de la base dans certaines wilayas, comme à Boumerdes où à Tizi Ouzou.

LG Algérie

Ould Abbes semble tellement redouter la prochaine épreuve, celle de la divulgation des listes, qu’il a dû rencontrer des sénateurs pour solliciter leur avis sur certaines candidatures dans leurs wilayas respectives. Le FFS et le RCD ne sont pas en reste puisque certaines listes rendues publiques ne semblent pas avoir fait que des heureux. Dès lors, l’on se demande comment tous ces partis auront à gérer les mécontentements de ceux qui ne seraient pas retenus sur les listes. Vont-ils faire la sourde oreille ou chercheraient-ils des compromis en contrepartie de quelques promesses ? En tout état de cause, ces élections auront fini par dévoiler qu’une certaine culture de l’opportunisme, de la course à la rente s’est subrepticement installée dans l’exercice politique au détriment de la compétition autour des idées, des solutions à préconiser à la crise multidimensionnelle que traverse le pays et des programmes politiques.