Grogne des gestionnaires du filet social de l’ADS : Meslem gèle l’attribution des aides et programmes sociaux

Grogne des gestionnaires du filet social de l’ADS : Meslem gèle l’attribution des aides et programmes sociaux

33_actualite2-76322.jpgTemps difficile pour la solidarité nationale dans le sillage des mesures dites de rationalisation des ressources et des biens. Bien que la ministre de la Solidarité nationale se défend d’appliquer les mesures d’austérité sur les aides et programmes sociaux, elle ne produit pas moins d’anachronismes dans l’application des nouvelles mesures de « rationalisation des ressources ».

C’est le cas de ces correspondances adressées par les responsables de la Direction générale de l’Agence de développement social (ADS), sous couvert de la ministre, qui annoncent le temps des vaches maigres pour le secteur. Les mesures de «rationalisation» prises ces derniers temps, touchant notamment les principaux programmes sociaux, risquent de produire l’effet inverse.

C’est, en tout cas, le sentiment général qui se dégage des dernières instructions des responsables de l’ADS. Trois notes ont été adressées par les responsables de la Direction générale de l’ADS, intimant l’ordre aux gestionnaires locaux des programmes de « geler tous les programmes sociaux, dont le développement communautaire Dév Com, Blanche Algérie, le TupHimo, etc., qui n’ont pas été notifiés, ou qui n’ont pas été lancés à cette date », notent nos interlocuteurs. Cela, sans compter « la baisse drastique dans le nombre des postes annuellement attribués aux wilayas », notamment pour ce qui est du dispositif d’aide à l’insertion sociale (DAIS).
« Nous avons enregistré une baisse de plus de 40% dans l’attribution des postes de DAIS, où nous connaissons des retraits de postes vacants chaque année », nous confie une jeune technicienne. Dans ce cadre, la note que vient d’adresser la ministre de la Solidarité nationale, Mounia Meslem, aux responsables de l’ADS, au sujet du gel d’affectation des postes de l’allocation forfaitaire de solidarité (AFS), vient rajouter au climat de suspicion et de tension qui prévaut dans le secteur.
L’instruction MSNFCF/SM/645, instruisant les gestionnaires du fi let social de l’ADS de « ne plus introduire de nouveaux dossiers des bénéficiaires de ce type de dispositif », a donné lieu à de nouvelles polémiques, tant au sein des gestionnaires de ce dispositif, qu’à celui des Directions de l’action sociale de solidarité (DASS).
En effet, l’instruction a donné lieu à une tension perceptible au sein des techniciens supérieurs, qui ont à charge ce dispositif. Les gestionnaires du fi let social, qui disent ne pas compter sur leur direction générale ou leurs responsables de manière générale, viennent d’adresser une lettre ouverte à la ministre de la Solidarité nationale. Les auteurs de la lettre ouverte s’insurgent contre l’institution de nouvelles «entraves bureaucratiques à l’encontre des petites gens et les couches vulnérables pour lesquelles le dispositif a été créé», notent-il. Avant de renchérir : «Comment peut-on demander à un cancéreux d’effecteur un déplacement à Alger pour déposer son dossier ou d’attendre que son dossier passe par l’APC, la DASS, la wilaya, ensuite le ministère, pour valider sa demande ? L’austérité ne devrait pas toucher ces catégories sociales vulnérables et en proie à la précarité sociale ! » Les gestionnaires qui connaissent mieux que quiconque la situation de ces catégories sociales, du fait d’un contact permanent avec les populations, craignent qu’une telle disposition ne concoure à l’exclusion des bénéficiaires réels. «
En dehors des techniciens supérieurs et des cellules de proximité CDP, personne ne peut authentifier ou attester de la pauvreté de telle ou telle personne. Nous connaissons parfaitement nos communes et leurs habitants », note un technicien supérieur de l’ADS. Cette dernière, qui dispose de plus de 1 500 techniciens supérieurs qui ont à charge la gestion de ce dispositif, risque de perdre à travers cette nouvelle instruction « absurde » un maillon indispensable dans la chaîne de solidarité nationale. Le dispositif de l’allocation forfaitaire de solidarité de l’ADS accuse un défi – cit de plus de 300 000 postes.
Actuellement, plus de 850 000 bénéficiaires émargent dans ce dispositif, qui permet à son bénéficiaire de percevoir une prime mensuelle de 3 000 DA et, plus important, une couverture sociale, moyennant l’octroi de la carte Chiffa. Mais là encore, des problèmes inextricables subsistent, étant donné que plus de 65% des bénéficiaires meurent avant de recevoir leur carte Chiffa. « La moyenne d’attente de la carte est de trois années et davantage même », note un TS. Pour rappel, l’ancien DG de l’ADS, qui avait accompli un travail remarquable dans la révision de la gestion des dispositifs et programmes de l’agence, à travers un diagnostic fonctionnel et organisationnel de l’agence, a réussi à engager un processus d’assainissement des dispositifs de l’ADS qui a permis de dégager des milliers de postes et d’expurger les indus-bénéficiaires, nous diton. Aujourd’hui, le secteur peut regretter le départ hâtif de ce commis de l’Etat rompu aux grands actes d’une gestion rigoureuse.