L’ébullition dans certains instituts et écoles supérieures du pays. A l’origine de la colère estudiantine, un décret présidentiel du 15 décembre 2011 sur l’équivalence des diplômes universitaires, initié par le ministère de l’Enseignement supérieur. Aussitôt rendu public, le décret est fortement contesté par les étudiants. Un rassemblement est prévu pour demain mercredi 09 février devant le siège du ministère de l’Enseignement supérieur, à Alger
Un mouvement de grève illimitée est déclenché lundi 6 février par les étudiants de l’Ecole Supérieure d’Informatique ESI, l’ex INI, à Alger. La grogne s’est propagée à l’Institut national d’agronomie, à l’Ecole polytechnique, d’architecture et d’urbanisme, à l’école nationale des travaux publics.
A Boumerdes, à l’est de la capitale, les étudiants de la Faculté des sciences de l’ingénieur (FSI) de l’université M’hamed-Bougara ont boycotté les examens, reportés dans la journée du lundi 07 février.
Les étudiants protestataires protestent, dans ce document officiel, que le diplôme d’ingénieur n’ait pas été revalorisé dans la grille indiciaire (groupe A catégorie 13). Désormais, le diplôme d’ingénieur (bac +5) est aligné sur la licence LMD (licence-master- doctorat) + post-graduation spécialisée (BAC+ 4). Celui de master LMD (licence LMD+ 2 ans), classé, selon l’ancien décret présidentiel n° 07/304 du 29 septembre 2007, au même titre que les deux diplômes précédemment cités, a été reclassé à la catégorie 14, groupe A.
Colère.
Ils rêvaient d’un diplôme dans l’une des « grandes écoles », maintenant, ils se disent bernés. Alors ils crient leur colère. « Le décret considère que le statut d’ingénieur d’Etat équivaut à celui d’une licence LMD. Pour accéder à l’INI, on nous a exigé une moyenne de 17/20. Alors que pour le LMD, il fallait une moyenne de 10 pour accéder à l’université. C’est injuste de nous mettre au même niveau et dévaloriser ainsi notre statut », dénonce, Mahfoud, étudiant à l’Ecole Supérieure d’Informatique.
Mahmoud se sent trahi par le ministère de tutelle. « On nous a fait miroiter les grandes écoles. Maintenant, on se retrouve moins que rien », lâche –t-il.
Sihem, sa collègue, est tout autant ulcérée. « Le décret est foncièrement injuste. On veut casser le système classique. A l’INI, on trime jour et nuit. Tandis que le système LMD est moins pénible. Et là, on se trouve, avec ce nouveau décret, au même échelon », confie-t-elle. C’est une volonté de disculper le système LMD d’ailleurs en pleine faillite, depuis son entrée en vigueur en 2007, accuse-t-elle.
Même sentiment d’injustice chez Karima, étudiante dans la même école. « Sur la grille des salaires, nous sommes classés au 13 alors que ceux de Master 2 sont au 14. Nous sommes défavorisés », se plaint-t-elle. Mardi 7 février, les ingénieurs de l’ex-INI maintiennent la pression. Un seul mot dans la bouche : mobiliser davantage afin d’arracher leurs droits.
Riposte.
Au chapitre des revendications, les étudiants contestataires réclament une équivalence entre un ingénieur d’Etat (BAC +5) et un master 2 (BAC+5), disposer des mêmes droits que ceux de Master 2, dont l’accès au concours de bourses à l’étranger, l’inscription à l’école doctorale et un statut spécial (15) sur la grille des salaires.
Décidés à ce faire entendre, les étudiants de plusieurs universités du pays, Tizi Ouzou, Boumerdes, Bab Ezzouar et Blida préparent la riposte. Un mouvement de refus de cette loi de « la honte » se cristallise. Une pétition circule.
Les étudiants prévoient d’organiser mercredi 9 février un rassemblement de protestation devant le siège du ministère de l’enseignement supérieur, sis à Ben Aknoun, sur les hauteurs d’Alger.