Grippe saisonnière : Une maladie pas aussi banale qu’on ne le croit

Grippe saisonnière : Une maladie pas aussi banale qu’on ne le croit

Le responsable du laboratoire de référence de l’OMS de la grippe à l’Institut Pasteur d’Algérie, le docteur Derrar Fawzi, a rappelé mardi à Alger que cette affection peut être mortelle comme le montrent les statistiques de l’OMS. 500.000 à 1 million de décès par an dans le monde et le nombre de décès enregistrés durant les épidémies de grippe saisonnière est supérieur à celui enregistré durant les dernières pandémies réunies. En Algérie, les franges de la société ont été touchées par l’infection grippale l’année dernière avec une prédominance pour la tranche d’âge qui varie entre 5 et 15 ans, qui a, ajoute-t-il, «enregistré un taux de 63%». Par ailleurs, les enfants ont constitué 13% des motifs de consultation durant la saison cette année. Selon le Dr Derrar, c’est cette situation qui a amené le comité des experts à recommander pour cette année l’acquisition de doses de vaccins pédiatriques pour assurer la couverture des enfants. «C’est chose faite puisque l’institut Pasteur d’Algérie a importé 60.000 doses de vaccins pédiatriques auprès de Sanofi Pasteur (quantité recommandée par le comité d’experts du ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière). Notons que ces vaccins sont préqualifiés par l’OMS», a-t-il expliqué. Il a indiqué que, 842.207 cas de grippe ont été confirmés au niveau de six wilayas du centre du pays, à savoir Tizi Ouzou, Tipasa, Alger, Blida, Médéa et Boumerdès, durant la période s’étalant du 4 octobre 2010 au 9 avril 2011. L’orateur a signalé que le réseau sentinelle de surveillance de la grippe qui regroupe 100 médecins volontaires des secteurs public et privé répartis à travers les wilayas du Centre est chargé durant la période d’activité grippale, qui s’étale du 1er octobre 2011 au 31 mars 2012, de surveiller les syndromes grippaux et d’identifier les souches circulantes. L’Institut Pasteur d’Algérie ( IPA ) a livré plus d’un million de doses de vaccin anti-grippal (Vaxigrip) aux structures hospitalières et aux grossistes des 48 wilayas du pays. Les responsables de l’IPA affirment que toutes les dispositions ont été prises pour assurer une bonne campagne de vaccination qui a débuté officiellement le 16 octobre dernier. Toujours selon notre source, le coût du vaccin antigrippal s’élève à 566.85 DA. Les 60.000 doses du vaccin antigrippal pédiatrique ont été vendus aux structures sanitaires. De gros efforts ont été déployés par la direction de l’IPA pour rattraper le retard accusé dans les démarches d’acquisition des vaccins contre la grippe saisonnière, ce qui a eu pour effet positif de commencer la campagne dans les délais recommandés. Pour rappel, l’Algérie a commandé cette année 2.060.000 doses, dont 1.5 million monodoses, 500.000 multidoses et 60.000 vaccins pédiatriques. Les deux géants mondiaux de l’industrie pharmaceutique, le français Sanofi Pasteur et le britannique GSK, ont été sélectionnés par l’IPA pour approvisionner le marché du vaccin anti-grippal. 60% du march’ d’un million cinq cent mille monodoses a été attribué à Sanofi Pasteur et 40% à GSK. Les 500.000 multidoses ont été cédées à 50% chacun. Les 60.000 doses pédiatriques ont été attribuées à Sanofi Pasteur, seul fournisseur de cette forme de vaccin.

Wassila Benhamed

le Dr Derrar, responsable du laboratoire de référence de l’OMS pour la grippe à l’IPA :

“Le nombre de cas confirmés en hausse”

Dans cet entretien, le Dr Derrar Fawzi, responsable du laboratoire de référence de l’OMS pour la grippe à l’Institut Pasteur d’Algérie, aborde tous les aspects liés à cette pathologie qui reste sous-estimée chez nous.

Quelle est la situation de la grippe en Algérie ?

Ce qui ressort d’analyse de la saison grippale 2010/2011, c’est que les syndromes grippaux ont représenté 10% des motifs de consultations avec une mention spéciale pour les enfants dont l’âge varie entre 0 et 4 ans avec 13,9% des motifs de consultations par rapport aux autres catégories. Le pic de l’activité ayant été enregistrée fin janvier-début février représentait essentiellement le virus H1N1 qui fut le virus grippal dominant durant la deuxième partie de la saison. Quant à l’activité grippale cette année, elle semble amorcer son démarrage avec l’enregistrement de plus en plus de cas de grippe confirmés.

Quelles sont les mesures prises pour la prise en charge des malades et pour la disponibilité des vaccins ?

Le comité d’experts du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a fixé la liste des personnes à risque chez qui il est recommandé de se faire vacciner contre la grippe saisonnière. Cette vaccination est prise en charge par la CNAS pour ces personnes. L’IPA a mis très tôt cette année le vaccin anti-grippal à la disposition de la population, ce qui a permis de conduire une campagne dans des délais très intéressants.

Il faut souligner que 60.000 doses de vaccin pédiatriques sont disponibles au niveau de l’IPA, ce qui permet de mettre en place une stratégie pour cette frange de la population qui porte le plus lourd fardeau en termes de morbidité.

Qu’en est-il des lots de vaccins non conformes qui ont été reçus et fait l’objet de rejet par l’Institut Pasteur ?

Je ne suis pas au courant de cette non-conformité, mais ce qu’il faut savoir, c’est qu’il est de tradition que l’IPA contrôle ces vaccins à travers son laboratoire de contrôle et qu’il arrive que des vaccins subissent des variations en termes de chaîne de froid objets de validations internes propres à l’IPA. Cela n’est pas un fait rare ; dans tous les cas, l’IPA établit ses rapports dans la transparence la plus totale et en collaboration avec les fabricants de vaccins.

W. B.