On doit passer à une sensibilisation extrême », «la vigilance doit être placée à son degré maximal», c’est en ces termes d’alerte qu’a été entamée, hier, la journée de formation et d’information sur le dispositif de prévention sanitaire et de lutte contre la grippe A (H1N1), tenue au niveau de la salle de conférence du nouveau siège de la wilaya en présence du wali, du directeur de la Santé, et d’une foule nombreuse, constituée essentiellement de personnels de la santé.
Autant dire que l’événement marque un brusque réveil des autorités locales, reflété par ces positions offensives sur le plan de la sensibilisation sociale, et surtout à travers cette volonté manifeste qui vise une sérieuse prise en main de l’organisation du travail pour une meilleure efficacité dans la lutte contre la pandémie, qui frappe de plein fouet la wilaya de Constantine (classée deuxième sur un plan national avec 5 décès, 2.000 cas de dépistage et 41 cas confirmés de grippe porcine).
«C’est un défi à gagner», relèvera dans ce sens le professeur Aberkane Abdelhamid, responsable des soins (SAMU), et installé en tant que coordinateur de tout ce dispositif de prévention.
Ce dernier préconisera d’emblée «qu’il faut penser globalement et agir localement », insistant particulièrement sur «la nécessité d’avoir la bonne information, pour avoir un bon tableau de bord, et agir avec efficacité en fonction de données justes et précises».
Dans ce sillage, il recommandera aux professionnels du secteur de la santé de travailler sur la base «de chiffres que nous maîtrisons», avant de faire un quelconque pas vers l’organisation de la prévention, ou de la prise en charge de cas sévères.
Est-ce qu’on connaît réellement le nombre de cas atteints, ou de décès entraînés par la grippe A ? s’interroge le professeur Aberkane. «Ce n’est pas évident, reconnaîtra-t-il, car la qualité de l’information n’est pas probante.» A constantine, souligne- t-il encore, «nous avons eu ces deux derniers jours deux décès de cas suspects, admis depuis quelque temps au service de réanimation, alors qu’on n’a pas encore reçu les résultats du laboratoire de référence de l’Institut Pasteur d’Alger !».
A ce propos, le professeur Aberkane avouera que «c’est une honte que le diagnostic virologique soit rendu uniquement à Alger.
«Les méthodes se sont développées, et l’on aurait dû songer à avoir des centres régionaux pour effectuer ce genre d’analyses», dirat- il, non sans reconnaître que la formation de spécialistes dans la filière virologie n’est pas facile. «La Faculté de médecine de Strasbourg a accepté de former des spécialistes dans tous les domaines… sauf en virologie !», soulignera-t-il.
«Ce sont là des leçons qui doivent nous donner matière à prendre des décisions adéquates, afin de corriger ce genre d’imperfections», estimera le professeur Aberkane. Retard dans la distribution, ou la mise à disposition de la population du vaccin contre la grippe porcine ? Le conférencier soulignera que «tout le monde a été pris de court dans cette affaire d’acquisition du vaccin».
Car, signale-t-il, les grandes industries pharmaceutiques étaient «en phase de lancement du vaccin contre la grippe saisonnière lorsque plusieurs pays ont introduit, presque en même temps, leur demande de vaccin contre la grippe A, et il leur a fallu (les groupes pharmaceutiques, ndlr) se tourner vers une production d’urgence pour satisfaire cette impressionnante demande».
En tout cas, confiera le professeur Aberkane, «l’Algérie a dégagé 1.200 milliards de centimes sur le fonds d’urgence pour l’achat de vaccins contre la grippe porcine ».
Et en attendant que ces vaccins soient disponibles, il faut se consacrer entièrement à la prévention, surtout chez les personnes qui accusent une faible immunité, à l’exemple des femmes enceintes qui, une fois atteintes du virus A (H1N1), peuvent mourir en trois jours, ou les enfants, qui constituent un vecteur extraordinaire de transmission du virus de la grippe porcine dans le milieu familial.
Sur ce dernier point, le professeur Aberkane appelle à une implication de la médecine scolaire dans le dépistage de la maladie au sein des élèves, tout en déplorant l’absence d’organisation médicale, de syndicats professionnels du secteur de la santé, et des médecins du secteur privé, lors de la rencontre organisée hier, et qui a pour but de mobiliser aussi large que possible pour créer une veille sanitaire face à la pandémie de la grippe porcine, qui peut connaître «des pics virulents en hiver», soulignera-t-il.
A. Zerzouri