Etat d’urgence sanitaire aux Etats-Unis, alerte déclenchée en Asie, vigilance en Europe, des mesures restrictives commencent à être mises en place par les Etats dans les aéroports selon les recommandations de l’OMS pour faire face à la grippe porcine. Des précautions et des informations à destination des voyageurs revenant des pays où l’épidémie existe sont annoncées.
Les autorités sanitaires américaines ont indiqué hier que 40 cas de grippe porcine ont été confirmés dans cinq Etats, insistant sur le fait que cette augmentation n’est pas due à une propagation de la maladie, mais à une meilleure détection. Les cinq Etats concernés sont New York (nord-est), l’Ohio (est), le Kansas (centre), le Texas (sud) et la Californie (ouest), a précisé lors d’une conférence de presse le directeur des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), Richard Besser.
Les 20 nouveaux cas confirmés hier proviennent tous de la même école de New York et sont la conséquence d’un dépistage effectué dans cet établissement, pas d’une propagation du virus, a-t-il souligné. « Sur les 40 cas, nous ne sommes au courant que d’une seule hospitalisation et toutes les personnes qui ont été contaminées sont à présent guéries », a ajouté M. Besser, précisant que les malades étaient âgés de 7 à 54 ans. Deux personnes, hospitalisées dimanche soir en Ecosse après avoir présenté des symptômes de la grippe à leur retour du Mexique, sont les premiers cas confirmés de grippe porcine en Grande-Bretagne, a annoncé hier la ministre écossaise de la Santé. Les Etats-Unis vont distribuer 11 millions de traitements antiviraux contre la grippe porcine issus des stocks fédéraux pour aider les Etats américains touchés, a-t-il annoncé. Washington a déclaré l’état d’urgence sanitaire dimanche et un dépistage des personnes présentant des symptômes grippaux a été instauré aux frontières. Qu’en est-il en Algérie ? Sera-t-elle épargnée par cette grippe porcine comme cela a été le cas pour la grippe aviaire.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) juge possible que le virus mutant de la grippe porcine devienne « beaucoup plus dangereux ». La menace de l’épidémie plane sur la planète, l’heure est à la prévention. Aucun traitement n’est encore disponible pour prévenir ce virus. Au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, une cellule de crise a été créée et suit de près les événements liés à cette maladie. Une réunion du comité des experts de la grippe saisonnière, aviaire est prévue aujourd’hui au ministère de la Santé pour mettre en place les mesures nécessaires bien que l’Algérie n’ait aucune relation aérienne avec le pays ou le foyer du virus s’est déclenché.
Mais cela n’empêche pas que des personnes en provenance d’autres pays puissent être porteurs de la maladie. C’est pourquoi il est important que des mesures de précaution soient mises en place. Le Pr Nafti, pneumologue et membre du comité national de lutte contre la grippe, avoue que la situation est très préoccupante. Il y a lieu de signaler, souligne le Pr Nafti, que l’alerte est mondiale, donc il faut s’adapter à la réalité actuelle pour éviter au maximum la possibilité d’introduction de la grippe porcine dans notre pays, d’autant que le dispositif de prévention existe suite à la menace de la grippe aviaire, donc il suffit de le mobiliser. A la question de savoir si ce type de virus a déjà été identifié, le Pr Nafti affirme que c’est pour la première fois que l’on voit une souche pareille. « Habituellement, le virus du porc se transmet à l’homme qui constitue une impasse biologique, c’est-à-dire qu’il ne se transmet pas d’homme à homme. Cette nouvelle souche de type A/H1N1, qui serait probablement l’accouplement du virus du porc avec celui de la grippe humaine (saisonnière), a fait qu’elle se transmet d’homme à homme. Et c’est très dangereux et le seul espoir pour nous, c’est la découverte d’un vaccin puisque pour le moment, aucun traitement n’est disponible. »
Pour ce faire, l’OMS a déjà pris contact avec les grandes firmes pharmaceutiques mondiales pour le développement d’un vaccin dont le laboratoire suisse Novartis. « Nous sommes en contact avec l’OMS pour le développement d’un vaccin contre le virus de grippe porcine de type A/H1N1 », a précisé le porte-parole de Novartis, selon l’AFP, ajoutant toutefois qu’aucune décision n’avait pour l’heure été prise pour lancer le développement ou la production d’un tel médicament. « Nous n’avons pas encore reçu de souche du virus pour débuter la phase de recherche », a-t-il souligné. Une période de trois à six mois avait été établie pour développer un vaccin contre la grippe aviaire, selon ce dernier. Par ailleurs, le producteur de vaccins Sanofi Pasteur, division de Sanofi-Aventis, a indiqué hier que la fabrication d’un premier vaccin contre la forme humaine de la grippe porcine prendrait quatre mois. Sanofi Pasteur, qui a déclaré ne pas avoir encore reçu de demande de fabrication d’un vaccin, a affirmé qu’il se tenait prêt à faire le point sur ses possibilités de soutien aux mesures de santé publique si l’OMS ou d’autres autorités sanitaires devaient le solliciter en la matière.
En attendant, l’OMS tire la sonnette d’alarme devant le potentiel pandémique de la maladie qui a fait à ce jour 103 morts au Mexique, foyer de l’épidémie, et qui arrive en Europe avec un cas confirmé en Espagne, après les Etats-Unis et le Canada. A noter qu’une pandémie de grippe porcine inquiète les scientifiques depuis 1976. La pandémie de grippe la plus mortelle de l’histoire moderne a tué environ 40 millions de personnes dans le monde en 1918 et 1919. Deux autres, moins importantes, ont été enregistrées en 1957 et 1968.