Pour les plus de 65 ans, pas d’hésitation: tous ont intérêt à se faire vacciner chaque automne contre la grippe saisonnière. Que plus de la moitié de la population n’en soit pas convaincue ne change rien aux données scientifiques.
Mais qu’en est-il lorsque l’on a moins de 65 ans? Sous l’angle médical bien sûr, mais aussi d’un point de vue économique? Pour répondre à cette question, il faut d’emblée distinguer deux groupes: celui des personnes à la santé fragile, pour une raison ou une autre, et celui des individus de moins de 65 ans en bonne santé générale.
Dans le premier cas, le calendrier vaccinal recommande la vaccination sans hésiter. On trouve, donc, à côté des femmes enceintes (quel que soit le trimestre de grossesse) et des obèses (indice de masse corporelle d’au moins 40 kg/m2), de nombreux malades. Maladies cardiaques ou respiratoires, déficits immunitaires, maladies hépatiques, neurologiques ou néphrologiques (des reins), la liste est longue puisqu’elle regroupe environ 2 millions de personnes.
En pratique, les personnes concernées ont déjà reçu un courrier personnalisé de l’Assurance-maladie, accompagné de l’imprimé de prise en charge à 100%, les invitant à participer à la nouvelle campagne (comme c’est le cas pour les 8 millions de personnes de plus de 65 ans).
«Un vaccin altruiste»
L’intérêt de la vaccination est net dans cette population à risque. Il y a dix ans, une étude de l’université d’Utrecht (Pays-Bas) montrait que la vaccination permettait de réduire de 26% le recours au médecin, de 87% les hospitalisations et de 78% le risque de décéder de la grippe, pour la tranche des 18-64 ans.
Lors de la présentation de la campagne 2015 à l’Institut Pasteur de Lille, le Dr Emmanuel Dutoit insistait sur le bénéfice général de la vaccination: «C’est un vaccin altruiste, quand on a une personne vulnérable dans son entourage, se vacciner soi est une façon indirecte de la protéger.»
Reste donc le cas des moins de 65 ans qui n’ont pas de pathologie fragilisante et ne sont pas en contact avec des personnes fragiles (malades, nourrissons, etc.). Cette fois, c’est surtout en termes économiques que l’impact d’une épidémie de grippe se fait sentir. Chaque année en France, entre 2 et 12 millions de journées de travail sont perdues, selon l’intensité de l’épidémie.
Une étude allemande publiée en juin dernier dans Biomed Central, estimait le coût moyen d’un épisode de grippe pour la société à environ 105 euros pour un enfant et à 514 euros pour un adulte, dont 82% en raison des arrêts de travail.
L’étude, basée sur plus de 21.000 grippes survenues lors des hivers 2010 et 2011, montrait que la majorité des épisodes étaient survenus chez des adultes sans facteurs de risque, qui échappaient donc à la cible principale de la vaccination.