L’Algérie continuera à envoyer les personnes âgées au pèlerinage malgré les avertissements lancés par les ministres arabes de la Santé.
«Nous ne sommes pas tenus d’appliquer la décision des ministres arabes qui, de surcroît, n’est pas obligatoire», a précisé récemment le directeur général de l’Office national du Hadj et de la Omra, Cheikh Barbara.
Ces déclarations ne devraient plus avoir cours au vu des dernières précisions du mufti d’Arabie Saoudite, Cheikh Abdelaziz Al Cheikh, qui vient d’affirmer que les personnes qui ont peur d’attraper le virus peuvent reporter le Hadj à l’année prochaine.
Pour rappel, 26 personnes sont mortes en Arabie Saoudite de la grippe A (H1N1) et plus de 700 personnes contaminées par le virus depuis son apparition.
Cet appel du mufti d’Arabie- Saoudite n’est pas partagé par de nombreux religieux qui estiment qu’il n’ y a aucune raison valable pour retarder ou annuler l’accomplissement d’un pilier de la religion.
En Algérie, on demeure encore sceptique et dans l’expectative quant à la décision à prendre. En effet, contrairement à plusieurs pays musulmans, qui ont opté pour la «prudence», à l’image de l’Egypte, la Tunisie et l’Iran, l’Algérie maintient l’envoi des délégations en Arabie Saoudite pour le grand pèlerinage.
L’argument avancé par Cheikh Barbara a trait au «silence de l’Organisation de la conférence islamique qui n’a pas tranché la question».
En attendant la réunion de l’OCI, les autorités algériennes affichent une confiance sans faille quant au déroulement du pèlerinage; une confiance que l’on ne retrouve même pas chez le pays hôte, l’Arabie Saoudite, dont le ministre de la Santé a demandé en juillet aux personnes âgées et celles qui souffrent de maladies respiratoires de reporter leur voyage à La Mecque.
Ainsi, les propos de Cheikh Abdelaziz Al Cheikh se veulent une réponse aux fetwas de certains exégètes qui n’ont pas hésité à affirmer que celui qui meurt de la grippe porcine en allant accomplir un pèlerinage sera compté parmi les martyrs. Or, il n’y a pas pire «péché» que d’envoyer un homme à la mort.
En effet, en permettant aux Algériens de se rendre dans un lieu où seront rassemblés pendant deux semaines des millions de personnes venues de toutes les régions du monde, dont plusieurs sont contaminées, ne fera que les exposer aux risques d’une contamination avérée.
D’autant que d’autres ulémas soutiennent que ceux qui vont à La Mecque en sachant qu’il y a un fléau est plus proche du suicidé que du martyr.
Et sur ce point, l’Islam recommande le principe de précaution et dispose même que la nécessité rend licite ce qui est interdit.
D’ailleurs, le mufti de la République en Egypte, Cheikh Ali Gomaâ, a appelé à un «ijtihad» entre toutes les institutions religieuses reconnues dans le monde islamique pour décider d’un éventuel report de la Omra et du grand pèlerinage cette année.
Maintenir ou annuler ? That’s the question! En attendant, une grande panique a été enregistrée samedi soir au niveau de l’aéroport international d’Alger.
A l’origine, un pèlerin, originaire de la wilaya d’El Tarf, âgé de 71 ans de retour de la Mecque et qui présentait des signes de grippe A(H1N1), a refusé catégoriquement son transfert à l’hôpital El Kettar, spécialisé dans les maladies infectieuses, en dépit de l’intervention de la police.
Ce dernier a fini par avoir gain de cause et a pu rentrer chez lui, dimanche, où il s’est dirigé vers l’hôpital de la ville pour y subir les analyses nécessaires.
A l’heure où nous mettons sous presse, l’on ignore si sa contamination est confirmée ou non.
Ce cas tranche néanmoins avec la position des autorités algériennes qui persistent malgré les risques à envoyer des délégations aux Lieux Saints.
Et pourtant les informations nous parvenant de la Mecque ne sont pas aussi rassurantes.
Cette semaine, une femme égyptienne est morte du virus H1N1 quelques jours après son retour de la Mecque.
Mais, pour les autorités algériennes, le débat est clos. Le Hadj sera maintenu, advienne que pourra !
Achira MAMMERI