Grine : « Je ne suis pas le ministre de la pub »

Grine : « Je ne suis pas le ministre de la pub »

Le ministre de la Communication, Hamid Grine, s’est dit loin de toute ingérence dans la distribution de la publicité, étatique ou privée. A ses yeux, c’est un segment qui relève du combat de l’éditeur. La publicité étatique demeure un sujet qui suscite autant les interrogations que les inquiétudes.

Elle est pour beaucoup une épée de Damoclès servant à mater, sinon à étouffer, les « brebis galeuses » de la presse algérienne, ce qui rend sa distribution une affaire au-delà des pouvoirs du ministre de la Communication.

« La presse algérienne est saine à 97%. 360 titres bénéficient d’une liberté totale. » « La presse privée rafle la part du lion de la manne publicitaire étatique. » Plus de 360 titres, dont à peine une demi-douzaine appartient à l’Etat, se partagent la publicité gérée par l’Anep. C’est en ces termes que le ministre de la Communication a décrit substantiellement, hier à Constantine, le paysage médiatique algérien.

L’avant-projet de loi sur la publicité a été finalisé et est fin prêt. La balle est désormais dans le camp du législateur, a également déclaré Hamid Grine au cours d’une conférence de presse en marge d’une conférence tenue à l’Université Emir-Abdelkader à l’occasion des festivités commémorant la journée internationale de la liberté de la presse.

Le ministre, vraisemblablement las d’avoir à s’expliquer à chacune de ses sorties sur le devenir de l’avant-projet a lâché : « Je ne suis pas le ministre de la pub » à une question d’une consœur qui voulait en savoir davantage sur le sujet.

Plus de 2 600 journalistes éliront cet automne leurs pairs au sein de l’autorité de régulation de la presse. Le ministre a par ailleurs précisé que l’autorité de régulation de la presse écrite sera installée après les vacances d’été.

Autrement dit, les quelque 2 600 journalistes professionnels reconnus et qui ont à ce jour obtenu la carte « passe partout » seront appelés en septembre ou octobre de l’année en cours à élire leurs pairs (sept membres sur quatorze) qui feront partie de l’instance qui sera chargée de veiller à l’éthique de la profession.

Le ministre n’a pas manqué par ailleurs d’exprimer son souhait de voir encore le nombre des demandeurs de carte de journaliste professionnel aller crescendo, un nombre que son département estime à quelque 3 500 professionnels. Précisant au passage que la carte devrait permettre à son détenteur de jouir d’au moins trois avantages : celui de pouvoir prendre part aux élections de l’autorité, de circuler librement, et de pouvoir accéder facilement aux sources.

L’institution sera chargée d’empêcher les dérapages dont le conférencier s’est dit avoir été victime lui-même. « J’ai été insulté, outragé et diffamé, mais je n’ai jamais franchi le pas de saisir la justice », a tout simplement répondu le ministre à une question sur la liberté de la presse. Une liberté enviée par nombre de pays musulmans, a ajouté Grine.

Il a par ailleurs rappelé qu’il a institué, lors d’une rencontre récente avec une trentaine de chargés de la communication de ministère de permettre l’accès à l’information aux journalistes afin d’éviter, a-t-il dit, que ces derniers ne partent dans des directions fausses, quelque fois à la limite de la diffamation.

M. Hamid Grine, refusant toutefois de commenter une marche organisée à Bouira par des journalistes à l’occasion de la journée dédiée à la profession pour exiger des droits socioprofessionnels plus équitables, n’a pas caché son incapacité à gérer des problèmes auxquels font face les journalistes, notamment les correspondants, dont le sort est désormais entre les mains des éditeurs. Se contentant toutefois de préciser que le journaliste n’a qu’à changer d’air.