Retour aux fondamentaux
L’Algérie s’apprête à fêter le 1er Mai, la Fête du travail, dans un climat morose marqué par l’hospitalisation du président de la République et une série de mouvements de protestation, précisément des grèves, des émeutes et des marches à l’échelle de tout le pays. Les principales revendications restent la hausse des salaires et l’accès à l’emploi ainsi qu’au logement.
Cette multiplication des conflits sociaux traduit des dysfonctionnements dans la gouvernance du pays. En effet, l’Exécutif semble tourner le dos au principe : gérer, c’est prévoir. Il poursuit une politique de court terme qui consiste à acheter la paix sociale à coups de deniers publics. À moyen et long terme, cette démarche semble insoutenable, voire suicidaire. Parce que le budget de l’État ne peut soutenir l’élasticité de la masse salariale de la Fonction publique en cas de retournement du marché pétrolier. Déjà, le mouvement des chômeurs du Sud constitue une bombe à retardement si le gouvernement n’agit pas avec tact.
Les grèves cycliques, essentiellement pour une hausse des salaires, ces derniers mois, manifestent une situation tendue sur le front social qui risque d’empirer si des changements dans la gestion du pays ne sont pas opérés.
Les laissés-pour-compte de notre société devenue très inégalitaire risquent d’embraser le pays. L’Algérie d’en bas parle d’un nouveau 5 octobre si les choses ne bougent pas.
En outre, cette fête du 1er Mai sera célébrée alors que la grande majorité de la population est touchée par l’érosion de son pouvoir d’achat. La hausse des prix n’a pas atteint un tel seuil depuis quinze ans. Du coup, les Algériens pour la plupart mènent une bataille de la survie en raison de la faiblesse de leurs revenus.
Des salaires plus élevés supposent remettre l’Algérie au travail, favoriser une économie productive, fondée sur la performance.
En somme, cette fronde sociale demande à être traitée avec sérénité. Pour pouvoir assurer la paix sociale de façon durable, il convient de retourner aux fondamentaux.
Primo : la hausse des salaires est liée à la productivité, à une performance, à une amélioration de qualité de service dans la Fonction publique.
Secundo : l’emploi ne se décrète pas. Ce n’est pas à l’État de créer les emplois. Ce rôle incombe à l’entreprise, d’où des politiques d’appui aux sociétés de production de biens et services en vue de booster la création d’emplois et de richesses.
Tertio : l’État devra veiller au grain en matière de répartition juste des logements et non pas favoriser le détournement de logements au profit d’indus bénéficiaires.
Par ailleurs, les grandes affaires de corruption compliquent les choses. Elles constituent la nouvelle source de mécontentement des citoyens.
Face à cette situation explosive, nos gouvernants sont de surcroît obligés de mettre fin à l’impunité qui caractérise le traitement de la criminalité économique.