En grève depuis plus de deux mois : Un rassemblement des étudiants de l’ENS avorté à Alger

En grève depuis plus de deux mois : Un rassemblement des étudiants de l’ENS avorté à Alger

Les étudiants des Écoles supérieures de l’Enseignement ont tenté d’organiser hier un rassemblement devant l’annexe du ministère de l’Éducation nationale à Ruisseau. Cette action a toutefois été empêchée par les forces de l’ordre ayant quadrillé, très tôt dans la matinée, les lieux et les alentours.

Entrés en grève illimitée à travers le territoire national depuis le mois d’octobre 2017, les étudiants des ENS ont voulu passer à la vitesse supérieure. En effet, depuis dimanche dernier plusieurs manifestations sont organisées dans les différentes wilayas du pays comme à Oran, Mostaganem et Constantine.

Voulant emboîter le pas à leurs camarades, les étudiants de la wilaya d’Alger ont tenté de faire de même devant l’annexe du ministère de l’Éducation à Ruisseau. Une tentative qui s’est soldée par l’échec, puisque la police mobilisée sur les lieux, a empêché l’action de se tenir. Les étudiants qui s’étaient déplacés ont été très vite embarqués dans des bus alors que le reste des contestataires ont été dispersés, a-t-on constaté lors d’une virée effectuée sur les lieux. Devant l’annexe du ministère, à la station des Fusillés et même devant le tribunal de Ruisseau, les agents de l’ordre ne permettaient à aucun groupe de se former. À 10h, aucun contestataire n’était présent sur place. La circulation du tramway et du métro, quant à elle, n’a pas été perturbée.

Devant l’École supérieure de l’enseignement de Kouba, quelques étudiantes grévistes n’ayant pas participé au rassemblement ont expliqué que la grève sera maintenue tant que les deux ministères (Éducation et Enseignement supérieur) n’auront pas répondu à leur revendication principale. Amina a fait savoir que les étudiants exigent leur recrutement dans les wilayas où ils habitent. « en tant que femme, je ne veux pas changer de lieu de résidence pour aller enseigner loin de chez moi », a-t-elle déclaré.

Il convient de souligner que les assurances de la ministre de l’Éducation nationale, Nouria Benghabrit, n’ont pas dissuadé les futurs enseignants à mettre fin à leur mot d’ordre de grève. Benghabrit a, en effet, déclaré que la priorité sera accordée aux diplômés des ENS dans le recrutement tant au niveau local que national.

Précisant que les postes d’emploi pour cette catégorie sont «garantis » dans le secteur de l’éducation, la ministre a indiqué que leur nombre était insuffisant pour combler le déficit enregistré. « Je réaffirme encore une fois que la priorité dans le recrutement au niveau local est accordée à ces diplômés, et ce en fonction des postes et spécialités demandés dans leurs régions», a-t-elle-insisté, ajoutant qu’en cas de manque au niveau national, la priorité leur revient aussi.

Appelant les étudiants à ne pas céder aux rumeurs colportées par certains milieux quant à leur non recrutement à l’avenir, Benghabrit a déploré la durée de cette grève, affirmant qu’il n’est pas logique qua la priorité ne soit pas accordée aux étudiants formés pour l’Éducation nationale.

Pour sa part le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, avait indiqué, début janvier, à ce propos, que son secteur prendra en charge toutes les demandes des diplômés de l’ENS. Le ministre avait toutefois souligné que leur revendication de travailler dans leurs wilayas de résidence constitue une doléance «utopique». Selon lui l’opération de recrutement obéit aux besoins du secteur de l’Éducation et que certaines spécialités sont ouvertes dans certaines wilayas et pas dans d’autres.

Ania Nait Chalal