Grève générale pour dénoncer les rapts et exiger la libération d’un jeune otage : Tizi ville morte

Grève générale pour dénoncer les rapts et exiger la libération d’un jeune otage : Tizi ville morte

L’appel à une grève générale pour la libération de l’otage, Bilek Mourad, 18 ans, enlevé depuis 11 jours, a été, en ce dimanche 22 mai, massivement suivi à Tizi Ouzou. Presque tous les commerces situés de l’avenue Abane-Ramdane, principale artère de la ville, sont fermés. Idem pour les rues adjacentes de la ville. Opération rideaux sont baissés. Un autre otage, Hammour Ali, est également entre les mains de ses ravisseurs depuis plusieurs jours.

Dans le quartier de la Nouvelle-Ville, les magasins sont fermés alors que l’université Mouloud-Mammeri est paralysée par le mouvement de grève. Les étudiants se sont montrés solidaires avec la famille des deux otages et plusieurs étudiants ont relayé l’appel sur leurs profils Facebook.

Yacine, 25 ans est en fin de cycle à la faculté. Il a pris sur lui de sensibiliser ses camarades pour rallier le débrayage qui vise à dénoncer les auteurs des rapts et exiger la libération inconditionnelle de Mourad Bikek mais aussi de Hammour Ali, un marbrier âgé de 71 ans, originaire de Mechtras, au sud-est de Tizi Ouzou.

Yacine raconte l’appréhension de la population face à la multiplication des enlèvements, particulièrement dans la wilaya de Tizi Ouzou. « Pourquoi c’est Tizi Ouzou qui est uniquement ciblée par ces rapts ? Que fait l’Etat ? », s’interroge notre interlocuteur.

L’interrogation du jeune étudiant soulève la problématique de l’insécurité devenue chronique depuis une dizaine d’années.

Depuis 2005, pas moins de 64 enlèvements ont été enregistrés dans plusieurs localités de la région. Faits de groupes terroristes ou de bandes maffieuses, ces kidnappings à répétition terrifient de nombreux hommes d’affaires dont certains ont décidé de s’installer dans d’autres régions d’Algérie.

Omar, un jeune entrepreneur, vit la peur au ventre depuis qu’il a appris que sa corporation est ciblée par les groupes armés. « On se cache pour mourir », philosophe-t-il. Son agenda, ses déplacements sont désormais soumis à une grande rigueur et dont le détail échappe même à sa famille et ses proches.

Dans les transports publics, dans les cafés, au marché, le débat est pour le moins vif. C’est peu dire que la population est exaspérée devant la persistance de ce phénomène de rapt qui touche les hommes d’affaires, les proches de familles émigrées en France et les enfants de riches.

Exerçant le métier de cafetier, Amar il a décidé de faire grève ce dimanche 22 mai. Il est originaire de Beni-Douala, région natale de Mourad Bilek dont on est sans nouvelle depuis le 11 mai, jour de son enlèvement.

« Afficher sa solidarité avec la famille du kidnappé, c’est la moindre des choses », estime Amar, avouant que la situation est devenue intenable. « Il y a un climat de terreur qui est instauré chez nous. Les gens se sentent obligés de rentrer très tôt », explique-t-il.

Madjid, un jeune du même village qu’Amar, abonde dans le même sens. En plus de la mobilisation citoyenne qu’il faut afficher devant les groupes armés responsables de ces enlèvements, Madjid tient les autorités pour responsables de ce climat d’insécurité.

Pour Madjid, s’il est certains que ces kidnappings sont le fait de groupes terroristes affiliés à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dont les maquis de Kabylie constitue un des plus importants fiefs, les bandits trempent aussi dans ce business très lucratif.