Les avocats du barreau d’Alger ont observé, hier, une journée de grève suivi d’un sit-in devant la Cour d’Alger en signe de protestation contre le projet de loi portant organisation de la profession d’avocat actuellement au niveau du Parlement.
Les tribunaux d’Alger, en l’occurrence ceux de Bir Mourad Raïs, de Abane Ramdane, El Harrach, Bab El Oued, Husseïn Dey et la Cour d’Alger ont reporté toutes les audiences programmées pour hier. Et pour cause : les avocats, à l’appel du conseil du barreau d’Alger, ont observé une journée de grève pour protester contre le projet de loi portant organisation de leur profession.
Tenant un sit-in devant les portes de la Cour d’Alger durant la matinée, une cinquantaine d’avocats ont tenu à exprimer leur indignation et appeler au gèle de ce projet de loi, qui à leurs dires, menace aussi bien l’indépendance du droit de la défense que pour les droits des justiciables.
Dans un communiqué rendu public, les avocats du Barreau d’Alger ont « marqué leur opposition à un projet de statut de la profession d’avocat liberticide et en total retrait sur les droits de la défense, tels qu’ils ont été consacrés par notre pays ». Ils estiment, par ailleurs, qu’ « une bureaucratie irresponsable entend nous engager dans une régression aux effets ravageurs à l’égard de toute velléité d’ambition pour la construction d’un réel État de droit ».
Les rédacteurs du communiqué ont tenu à signaler que ce projet « scélérat » de statut constitue « un désaveu incompréhensible » pour la politique des réformes initiées par le président de la République. « C’est précisément dans le cadre de ces réformes que les avocats du Barreau d’Alger entendent inscrire leur juste action », précise le même document.
À ce titre, les robes noires interpellent le premier magistrat du pays et lancent un appel à l’opinion publique afin de soutenir leurs légitimes revendications. Dans une conférence de presse, tenue juste après le sit-in, le président du Conseil de l’ordre des avocats d’Alger, Abdelmadjid Selini a passé en revue les différents articles qu’il estime en déphasage avec les principes fondamentaux de l’indépendance de la justice de manière générale et de l’indépendance des avocats dans l’exercice de leur profession en particulier.
Pour lui, ce projet de loi est en entière objection avec les conventions internationales, les droits de l’homme et avec les intentions du président de la République d’engager un véritable processus démocratique en Algérie.
Aux dires de Abdelmadjid Selini, « ce projet de loi dont l’élaboration a été faite sans qu’il soit examiné par l’assemblée générale, rend l’avocat coupable jusqu’il prouve son innocence, puisque il permet la poursuite pénale de l’avocat. Il assoie de manière définitive sous tutelle le pouvoir juridique et contraint les barreaux à rendre compte exclusivement au ministre». D’ailleurs, souligne-t-il, « le nom du ministre est omniprésent dans la large majorité des articles.
Il a été mentionné 42 fois dans le texte ». S’agissant du taux de suivi du mouvement de grève, le président du Conseil a indiqué que « la quasi-majorité des avocats ont suivi ce boycott, et ce, pour la simple raison qu’il s’agit des statuts des avocats, des droits de la défense et des principes fondamentaux de la profession », soulignant que nous sommes décidés d’aller jusqu’au bout de notre détermination de geler ou de retirer le projet de loi.
Appelé à commenter la position du SG de l’Union nationale des avocats, Lenouar Mustapha, qui ne cautionne pas le débrayage des avocats d’Alger, Abdelmadjid Selini n’a pas voulu entrer dans une quelconque polémique, mais tient à inviter le SG à lire les contours du projet et à soumettre le texte à l’Assemblée générale.
Hamid Mohandi