lors que les négociations entre la direction d’Air Algérie et le collectif du personnel navigant commercial (PNC) semblent toujours se heurter à l’épineuse question des salaires, la compagnie nationale vient d’annoncer par la voix de son PDG qu’elle envisageait de dédommager les passagers bloqués par la grève.
Le PNC réclame un «alignement » sur celui du personnel navigant technique (PNT), mais la direction d’Air Algérie, au nom de la préservation de «l’équilibre financier» de la compagnie, campe sur les 20% d’augmentation de salaire qu’elle avait concédé au personnel navigant commercial qui avait observé la grève durant quatre jours.
Après la réunion de jeudi passé entre les représentants du PNC et les responsables de la compagnie aérienne nationale, la date du 31 juillet a été fixée par les deux parties pour la conclusion des négociations en ce qui concerne la question des salaires.
«Les deux parties ont convenu que la durée des négociations ne doit pas dépasser le 31 juillet», a déclaré à l’APS, Yacine Hamamouche qui précise toutefois que si ce délai venait à être prolongé, une nouvelle date serait fixée d’un commun accord entre les négociateurs.
Le représentant du collectif du PNC soulignera en outre que les autres points contenus dans la plate- forme de revendication du syndicat, à savoir «les conditions de travail, le statut et la direction à laquelle le PNC doit être rattaché», ne seront évoqués qu’une fois la question des salaires réglée. Hamamouche précisera en outre que le procès-verbal de la réunion avec l’ancien PDG de la compagnie, Wahid Bouabdellah, constitue «la feuille de route» du syndicat dans ces négociations.
Il ajoutera que les deux parties ont réitéré leur disponibilité à rester ouvertes au dialogue lors de la réunion jeudi passé au centre de simulation de Kouba (Alger) et au cours de laquelle un expert de la compagnie nationale a présenté un exposé sur la situation d’Air Algérie. A noter que la prochaine réunion entre les représentants du PNC et la direction d’Air Algérie est prévue pour demain dimanche 24 juillet.
Les deux parties ont décidé de tenir trois réunions hebdomadaires pour trouver rapidement des solutions à un conflit qui avait, faut-il le rappeler, laissé sur le carreau des milliers de voyageurs dans les aéroports algériens et étrangers du 11 au 14 juillet écoulés. Par ailleurs, le représentant du collectif du personnel navigant commercial, Yacine Hamamouche, s’est dit «choqué» par la déclaration de Mohamed Salah Boultif, le nouveau PDG d’Air Algérie.
Ce dernier, interviewé par l’APS, avait déclaré la veille de la réunion de jeudi qu’il était contre une augmentation de salaire au profit d’une catégorie au détriment d’une autre. «Nous avons été choqués par l’interview mais les négociateurs n’avaient aucune idée de son contenu», a déclaré à l’AFP, Yacine Hamamouche.
Yacine Hamamouche que nous avons réussi à joindre hier au téléphone s’est interrogé par ailleurs sur les déclarations de Boultif. «Nous, nous ne faisons pas de la politique et nous attendons l’évolution des négociations», nous a déclaré le représentant du PNC qui souligne qu’en tout état de cause il appartenait à l’assemblée générale, qui devrait se tenir après le Ramadhan, de décider des suites à donner au conflit.
Dans un entretien publié vendredi par le quotidien El-Watan, le PDG de la compagnie nationale a déclaré qu’Air Algérie envisage un dédommagement des 23.000 passagers bloqués par la grève du personnel navigant. « On est en train d’élaborer les modalités pratiques pour un dédommagement », a déclaré le nouveau patron du pavillon national.
Au sujet des négociations avec le Syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC), M. Boultif a évoqué un « compromis ». « Dans toute discussion il y a des compromis qui se font de part et d’autre pour arriver à un accord. On ne peut pas tout avoir d’un seul coup, d’autant que cela risque de remettre en cause l’intégrité de la compagnie », a-t-il souligné.
Le PDG d’Air Algérie a également indiqué qu’il était « absolument » favorable à un statut de personnel navigant commercial que réclament les stewards et les hôtesses de l’air. « Il y avait déjà une commission qui travaillait sur cette question avant ma nomination », il y a un mois. « La révision est en train de se faire », a-t-il ajouté. La compagnie nationale à l’heure actuelle, a aussi souligné M. Boultif, ne peut « donner plus que ses finances ne le permettent ».
Répondre à une demande de revalorisation salariale d’une corporation aurait « un effet boule de neige » sur les autres. M. Boultif qui a précisé que sa démarche s’était faite en concertation avec les pouvoirs publics, s’est « appuyé sur deux éléments-clés » durant ce conflit: « la situation financière de la compagnie et le refus d’accorder une augmentation à une corporation et d’occulter les autres ».
Z. Mehdaoui