GRÈVE DES PRATICIENS GÉNÉRALISTES AFFILIÉS AU SNPSP, Le taux de suivi avoisine les 82%, selon le syndicat

GRÈVE DES PRATICIENS GÉNÉRALISTES AFFILIÉS AU SNPSP, Le taux de suivi avoisine les 82%, selon le syndicat

Le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) a appelé hier à une journée de débrayage au sein des établissements publics  de santé de proximité (EPSP), et non pas les CHU et ce,  afin de maintenir la pression sur la tutelle qui, malgré sa disponibilité au dialogue, n’a toujours pas appliqué les dispositions statutaires contenues dans leur  plateforme de revendications.

M. Lyès Merabet, président du syndicat, nous a indiqué hier que le taux de suivi moyen à l’échelle nationale  avoisinait les 82%. «Pour la wilaya d’Alger, nous estimons que le taux de participation s’élève à environ 70%. Il est de plus de 90% dans les wilayas de Blida,  Skikda, Tizi Ouzou, Relizane tandis que les wilayas de l’intérieur et de l’extrême Sud enregistrent des taux de participation de 60 à 65%», nous a-t-il indiqué, ajoutant que son syndicat possède des bureaux dans 37 wilayas et que malheureusement, les wilayas du Sud sont  peu pourvus en structures médicales.



Aussi, selon lui, les adhérents sont répartis dans des espaces immenses, rendant difficile la comptabilisation du taux de participation. Il a souligné également que 80% des praticiens se trouvaient, à l’instar de la carte démographique, dans le nord du pays. «Nous avons 12 000 adhérents. Cette journée de grève a été un franc succès et je suis entièrement satisfait que les taux de suivi soient importants, d’autant que les praticiens généralistes nous ont réitéré leur confiance. Ils estiment que nous avons à cœur de défendre leurs revendications.

Cette marque de confiance est un gage que nos luttes ne sont pas vaines», nous a-t-il dit. Il a tenu à préciser qu’au-delà de cette journée symbolique, son syndicat est ouvert à toutes négociations. Le conseil national du SNPSP sera convoqué début janvier et il aura vocation d’évaluer les retombées de la journée de protestation, les actions à prévoir. «Nous espérons que cette journée aura eu l’impact escompté et que la tutelle appliquera une bonne fois pour toutes les dispositions de notre plateforme de revendications. Nous souhaitons également éviter une autre journée de débrayage qui pourrait pénaliser nos patients, mais cela dépend du ministère.

Nous devons peut-être nous rencontrer au cours de la semaine prochaine ; nous serons attentifs à toutes les communications venant  du ministère d’autant que nous avons beaucoup de sujets à débattre», a-t-il affirmé, ajoutant que cela concerne l’insécurité, la disponibilité des  médicaments et des vaccins ainsi que l’inscription à l’Ordre des médecins qui est devenue un sujet problématique.

Un service minimum assuré uniquement aux urgences

Dans les différentes structures hospitalières de proximité que nous avons visitées hier, nous avons  remarqué que la plupart des patients présents n’avaient pas été mis au courant de cette journée de grève, d’autant qu’aucun panneau d’information n’avait été érigé pour la circonstance.

Certains ont appris par les journaux qu’une journée de débrayage allait se tenir mais pour en être certains, ils se sont déplacés. Une patiente rencontrée à l’EPSP de Kouba nous a indiqué avoir été reçue car elle  avait fait le déplacement pour une urgence  : «Comme je n’avais pas les moyens de me déplacer au CHU, je suis venue ici. J’ai été bien reçue et surprise d’apprendre que la grève avait été maintenue», nous a-t-elle dit. Malgré les menaces de l’agent de sécurité, nous avons pu interroger un médecin qui nous a indiqué que le service minimum en conformité avec la loi concernait uniquement les urgences.

«Ce matin, de nombreuses personnes sont venues pour une consultation et sont reparties après que nous leur ayons expliqué que nous étions en grève», nous a-t-il indiqué. Interrogé, un patient nous a dit comprendre les enjeux de la grève bien qu’il n’approuve pas la méthode.

Aux alentours de 11h30, à l’EPSP de Badjarrah, la salle d’attente était vide. Seules quelques femmes venues pour des urgences attendaient patiemment.

L’une d’elles nous a affirmé ne pas avoir été au courant de la journée de protestation. Deux jeunes hommes venus pour obtenir le cachet du médecin pour  un certificat de bonne santé se sont énervés quand le médecin de garde leur a expliqué qu’il ne pouvait pas le faire aujourd’hui car il était en grève.

«Comment ça, vous ne pouvez pas m’apposer un simple cachet ! Grève ou pas grève, je ne demande pas la lune», s’est -il exclamé avant d’asséner : «Vous êtes toujours en grève. Ici c’est un service de proximité. Les gens n’ont ni les moyens ni le temps de se déplacer. Je ne comprends pas pourquoi vous pénalisez les gens», a-t-il dit avant de déchirer la feuille qu’il voulait faire signer.

Le médecin en question nous a indiqué suivre les consignes de son syndicat. «3 médecins étaient présents dans la matinée et 3 le seront cet après-midi. J’estime que cette journée a un but certain. Je ne souhaite pas passer par un concours afin d’évoluer dans ma carrière, d’autant que les modalités ne sont pas établies. Je préfère passer un résidanat», a-t-il déclaré, ajoutant que la sécurité est aussi l’un des problèmes récurrents auquel il doit faire face. «J’espère que le ministre va se pencher sur nos revendications car je ne souhaite pas débrayer de nouveau», nous a-t-il  fait savoir.

Sabrina Benaoudia