La réunion de dimanche dernier entre les représentants des médecins résidents et le ministre de la Santé, sur laquelle comptaient les nombreux résidents, ne semble pas avoir été à la hauteur de leurs attentes puisque, encore une fois, les conclusions se sont avérées être de simples promesses.
En effet Ould Abbès a effectué une énième tentative d’apaiser les esprits et gagner ainsi du temps. Ould Abbès et son homologue de l’Enseignement supérieur, Rachid Harraoubia ont appellé les membres du Collectif autonome des médecins résidents algériens, représentant de l’ensemble des résidents à travers le pays à patienter et à faire confiance à leurs départements afin de trouver des solutions satisfaisantes à leurs multiples problèmes. Et c’est dans ce but que le groupe de réflexion de sages a été installé par le ministre.
Il devrait débuter ses travaux, selon les deux ministres et les représentants du Collectif, à partir de demain. Cette « commission de sages » est composée de représentants des secteurs de l’Enseignement supérieur et de la Santé, des députés des deux chambres du Parlement ainsi que de professeurs chevronnés en médecine. La commission aura pour mission de coordonner entre le projet élaboré par la tutelle et celui proposé par les médecins résidents. Mais les résidents se demandent si ce comité est chargé de prendre en charge la question de l’après-service civil au cas où le ministère de la Santé déciderait l’abrogation de ladite loi pour aller vers une « modification du service civil ». En effet selon le docteur Sahnoun, porte-parole du Camra, « le premier responsable du secteur de la santé, n’a pas été clair et n’a pas donné de réponses à leurs questions sur ce sujet ». le ministre a en fait affirmé que cette mesure sera révisée à partir de l’année prochaine sans donner plus de détails estimant que « le médecin a le droit de refuser d’aller travailler dans les régions enclavées ou dans les Hauts-Plateaux sans qu’il dispose de logement ou de moyens techniques ».
Toutefois, cette réunion a apporté certains gains au bénéfice de l’ensemble des résidents algériens, dont le statut particulier, selon les promesses d’Ould Abbès, sera celui de médecins spécialistes en stage et non pas celui d’étudiants, une mesure qualifiée par les résidents « d’excellente », nous dira Dr Sahnoun abordé hier à l’hôpital de Bab El- Oued, lors du sit-in régional des résidents organisé sur les lieux. Les médecins résidents bénéficieront, selon toujours Ould Abbès, d’un nouveau régime indemnitaire qui sera appliqué au même titre que pour les médecins spécialistes ajoutant que les médecins résidents bénéficieront également des mêmes primes et auront le même statut que les spécialistes. Cette décision devrait entrer en vigueur avant le 20 juin prochain. Concernant les poursuites judiciaires contre les médecins grévistes, le ministre a indiqué que son département a « annulé toutes les poursuites judiciaires » ajoutant qu’en dépit du caractère illégal de la grève, « le ministère n’a envisagé aucune retenue sur salaire ».
Prise en charge des problèmes pédagogiques
Sur le plan des problèmes pédagogiques, le secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mohamed Gharras a donné lecture de l’instruction adressée par le ministre, Rachid Harraoubia aux doyens des facultés de médecine dans laquelle il a affirmé sa disposition à donner suite aux recommandations issues de la Conférence nationale des doyens des facultés de médecine organisée au mois d’avril dernier.
Harraoubia a donné instruction pour qu’il soit tenu compte, lors des examens de fin d’année, du retard enregistré « afin que les médecins résidents ne soient pas pénalisés ». Concernant les médecins résidents de première année, les plus affectés par ce retard, le doyen de la faculté de médecine d’Alger, le professeur Moussa Arrada, a évoqué la possibilité d’ajourner les examens de juin à la prochaine rentrée universitaire, une proposition que les participants ont favorablement accueillie. Le professeur Arrada a exprimé la disposition du secteur de l’enseignement supérieur à aller plus loin.
« S’il est demandé de reconsidérer les procédés pédagogiques dans leur ensemble alors pourquoi pas ? », a-t-il soutenu. Mais les résidents réclament aujourd’hui une déclaration officielle de la part de Harraoubia « disant que les examens intercalaires ne seront plus sanctionnant ni validant ». « Nous acceptons d’être évalués par ces examens mais pas sanctionnés, vu la difficulté du cursus des études en médecine », ajoute le docteur Sahnoun.
Un autre sit-in national pour demain
Les résidents vont maintenir leur pression jusqu’à satisfaction totale et effective de toutes leurs revendication. D’ailleurs, malgré la tenue de la réunion dimanche dernier, des centaines de résidents ont répondu favorablement à un appel au sit-in régional, organisé hier au CHU de Bab E- Oued à Alger. Ils seront selon le Collectif autonome des médecins résidents algériens encore plus nombreux à participer au sit-in national prévu ce mercredi au CHU Mustapha-Bacha, toujours à Alger et ce en attendant la concrétisation et l’officialisation des décisions prises par les deux tutelles, à savoir la Santé et l’Enseignement supérieur. « nous ne suspendrons notre mouvement de grève et de sit-in qu’en, et uniquement, qu’en voyant des décisions écrites et publiées au Journal officielle », nous dira Dr Sahnoun, porte-parole du Collectif et représentant des médecins résidents, interrogé hier lors du sit-in tenu au CHU de Bab El-Oued. « Tous les médecins résidents, affiliés au Camra, ont décidé de poursuivre leur grève et leurs sit-in jusqu’à ce que les promesses données seront concrétisées », ajoute le porte-parole du Collectif. À rappeler que les médecins résidents sont en grève illimitée depuis le 28 mars dernier.
Par : CHAFIKA KAHLAL