Grève des commerçants, augmentation du prix du passeport, devises, CAN 2017… Quand la rumeur vole la vedette à Facebook

Grève des commerçants, augmentation du prix du passeport, devises, CAN 2017… Quand la rumeur vole la vedette à Facebook

Dans un pays où les bruits de couloir et de rue se sont, très souvent, avérés vrais, la rumeur est une arme fatale pour asseoir ses ambitions…

Finalement on a découvert qu’il y a plus fort que Facebook: la rumeur! En cette fin d’année, le téléphone arabe est redevenu à la mode. Chaque jour qui se lève apporte son lot de rumeurs et d’informations les unes aussi fantaisistes que les autres. On entend des vertes et des pas mûres! Aucun domaine n’y échappe, de la politique jusqu’au sport, en passant par le commerce et la monnaie étrangère. Certaines d’entre elles font sourire alors que d’autres, plus graves, inquiètent au plus au point.

A l’exemple de la prétendue grève générale des commerçants, le 7 janvier prochain. Cette information, dont l’origine peut vite être identifiée, s’est propagée telle une traînée de poudre à travers tout le pays. Pris de panique, les citoyens sont en train de «dévaliser» les magasins pour constituer des stocks avant cette grève qui est censée protester contre la cherté des prix, à la faveur de la loi de finances 2017 (LF 2017) qui augmente le pourcentage de la TVA de 17 à 19%.

Toutefois, le paradoxe est dans le fait que de nombreux initiateurs de cette grève ont appliqué leurs «taxes»…Les prix de divers produits ont déjà augmenté sans aucune justification. Pis encore, ces mêmes commerçants sont aux anges du fait des bonnes affaires qu’ils font avec la panique des ménages…Du business, mais à quel prix? Celui de la stabilité du pays?

L ‘Association nationale des commerçants et artisans (Anca), a même dû démentir cette rumeur pour tenter de stopper sa dangereuse progression. «Ce ne sont que des rumeurs infondées lancées par les barons de la grève » pour pousser à la hausse des prix», a fait savoir le président de cette association, Hadj Tahar Boulenouar. Des déclarations très fortes qui montrent la gravité de la situation…Une autre rumeur a pris des proportions aussi alarmantes, il s’agit de l’augmentation du prix du timbre fiscal du passeport bio métrique qui passe de 6000 dinars à 25.000 dinars. Une information qui a poussé les citoyens à prendre d’assaut les services de délivrance du passeport afin d’obtenir le précieux document avant le début de l’année prochaine. Les autorités ont vite démenti, expliquant que ce n’était qu’une erreur d’interprétation de la part des médias.

Les dangers du «téléphone arabe»

Les nouvelles taxes sont uniquement applicables pour le service premium de délivrance du passeport. C’est-à-dire, le paiement d’un timbre de 25.000 DA pour un livret d’urgence de 28 pages et de 60.000 DA pour celui de 48 pages. C’était néanmoins, trop tard! Le coup était déjà parti! La ruée vers les tribunaux et les mairies continue! Dans certains endroits, il faut se lever aux aurores pour espérer obtenir les fameux sésames! C’est le parcours du combattant qui finit souvent en rixe, du fait de la nervosité qui «éclot» des longues heures d’attente. La police a même été dépêchée pour encadrer les choses tel un match de foot.

Une ambiance des plus explosives est née de ces deux rumeurs qui ont mis le pays sur une poudrière. Pour ne pas arranger les choses, le choix des sites pour les souscripteurs Aadl 2 a été lancé en cette période où le téléphone arabe fait des siennes. Ce qui s’est bien sûr traduit par de fausses informations qui circulent ici et là. Quand on connaît l’importance du logement dans le pays et toutes les émeutes qui suivent chaque opération de distribution, on a de quoi être inquiet! Surtout que même l’opium du peuple qui est le football n’a lui aussi pas échappé à la désinformation. La coupe d’Afrique des nations (CAN 2017) débute le 14 janvier prochain.

Les Algériens qui attendent avec impatience cet événement dont leur «team» part favori, s’inquiètent du moyen avec lequel ils pourront suivre cette compétition dont les droits sont détenus par la chaîne qatarie beIN Sports. Sur les réseaux sociaux et dans les cafés, ont ne parle que du fait que la Télévision nationale n’a pas réussi à acquérir ces droits. Or, en vérité, sur les 32 matchs de la compétition, l’«Unique» a acquis une dizaine de matchs, dont tous ceux de l’EN quel que soit son parcours. Dans un registre plus loufoque, la devise étrangère n’a pas échappé à cette nouvelle «tendance» en cette fin d’année où elle est très demandée par les vacanciers.

La star des intox

Alors que dans la «bourse officielle» du square Port Saïd sa valeur ne cesse d’augmenter, des malins ont propagé l’information d’un «crash» économique qui devrait se poursuivre jusqu’en 2017 où sa valeur se stabilisera aux environs de 150 dinars pour un euro contre 187 actuellement. Les citoyens sont bien évidemment tombés dans le panneau, au même tire que certains journaux. Cela aura tout de même eu le mérite de freiner son ascension fulgurante.

On termine cet appel téléphonique au combiné arabe avec la star des rumeurs de l’année qui n’est autre que le remaniement ministériel. Depuis le 1er janvier jusqu’à aujourd’hui, dans les salons feutrés de la capitale on ne parle que de cela. On a bien eu un «lifting» de l’Exécutif au début de l’été, le 11 juin, mais déjà au lendemain de ce changement on parlait d’un autre. La rumeur a enflé à la rentrée sociale pour devenir une «information» sûre en ce mois de décembre. Chaque jour, on dit que c’est le bon! Les noms des partants et des nouveaux venus ont même été annoncés. En vain! Le président Bouteflika présidera demain le dernier Conseil des ministres de l’année. Il sera entouré du gouvernement Sellal 5, et on imagine mal un changement d’Exécutif avant la fin de l’année. Cela même si des «experts» et «analystes» viendront «décrypter» cette réunion gouvernementale en expliquant que ce sera la dernière pour beaucoup de ministres. En tout cas, une chose est sûre, la rumeur continuera de sévir en 2017. Les contextes politique et surtout social s’y prêtent. Les trois mois qui nous séparent des prochaines élections législatives, antichambre de la présidentielle de 2019, sont le moment où l’on s’échauffe, où l’on construit et où l’on scénarise. Le mois d’avril, date du déroulement de ces législatives est le repère fatidique, le spasme final pour les hommes politiques. C’est sur cet échiquier que doit se jouer dans les tout prochains mois l’avenir du pays pour au moins une décennie. Dans un pays où les bruits de couloir et de rue se sont, très souvent, avérés vrais, la rumeur sera une arme fatale…