Grève des cheminots dans la banlieue d’Alger,Ruée vers les bus et les taxis

Grève des cheminots dans la banlieue d’Alger,Ruée vers les bus et les taxis
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La grève illimitée déclenchée par les cheminots, dimanche dernier, a procuré bien des désagréments aux populations empruntant quotidiennement le rail dans les deux sens.

Les transporteurs, qui ont subi une véritable ruée, en tirent aisément profit.



La grève a lourdement pénalisé les commerçants jouxtant les gares et plus précisément ceux situés à proximité de l’université de Boumerdès. Au deuxième jour de grève, la tension commence à se faire sentir à Thenia, Boumerdès, Boudouaou et Réghaïa.

Il est 06h30, et alors que les premières lueurs de soleil pointent à l’horizon, les arrêts de bus sont déjà pris d’assaut par les citoyens résidant dans les villes de la banlieue d’Alger. Une bousculade indescriptible survient au moment où un bus s’immobilise.

LG Algérie

Conscient de l’opportunité que leur offre la grève des cheminots, tous les bus étaient au rendez-vous. Les gares ferroviaires implantées au sein des villes étant vides, tous les passagers et habitués à emprunter le train, se sont rabattus sur les bus. La saturation des arrêts a généré une tension indescriptible.

Les prises de becs et les bagarres se sont multipliées. «On est obligé de se lever très tôt pour obtenir une place dans le bus car les milliers de passagers qui se rendaient vers Alger en train n’ont plus le choix que d’emprunter le bus», témoigne un citoyen, qui ajoute que «le trajet que nous traversions en une demi-heure est couvert en trois heures par les bus contraints de subir les longues files de véhicules et de camions».

Le spectacle de bousculades est constaté dans toues les stations de bus de ces villes dont une bonne partie de leurs habitants travaille au sein des entreprises situées à Alger et sa périphérie. Les taxis ne sont pas en reste puisque, même eux, réalisent des chiffres d’affaires considérables. Certains n’hésitent pas à exploiter la situation en doublant les tarifs prétextant le préjudice de la circulation et la perte de temps qui en découle. Les services de police et de gendarmerie sont sur le qui-vive.

«Les pickpockets et les agresseurs profitent de la grève sachant que les citoyens sont obligés de se rendre en masse vers les stations de bus», témoigne en catimini un policier en civil et en faction à Réghaïa. Aux alentours des arrêts de bus, les patrouilles de la BMPJ procèdent à des interpellations des citoyens douteux en vue de procéder à un examen de situation.

Sur les routes, les gendarmes de même que les policiers sont également vigilants et des patrouilles de motards se sont multipliées.

Les étudiants solidaires avec les cheminots

«Nous subissons les préjudiciables conséquences de cette grève et autant vous dire, certains de nos copains ont raté des examens», ont déclaré des étudiants de l’université des sciences d’ingénierie de Boumerdès.

Toutefois, et bien que victimes de cette grève, ils n’hésitent pas «à reconnaître la légitimité du mouvement de grève des cheminots» estimant que «c’est le seul moyen de faire entendre leurs doléances aux responsables». Les témoignages des étudiants sont multiples et tous évoquent les désagréments causés par la grève mais soutiennent unanimement les cheminots.

Dans les gares ferroviaires qui restent toutefois ouvertes, les quelques employés affichent un sourire beat. Bien qu’ouvertes au public, les guichets sont fermés. Sur ce volet, les étudiants de même que des citoyens estiment que «les cheminots devraient assurer un service minimum pour ne pas se départir de leur mission de service public».

Par contre, les commerçants (pizzeria, restaurants, cafeterias et autres commerçants ambulants) situés à proximité des gares sont mécontents. «Notre chiffre d’affaires baisse d’au moins 50% car c’est avec les passagers que nous travaillons le plus», rechignent-ils résolument.

«La grève illimitée ne fait que commencer et les désagréments et préjudices risquent de prendre des proportions dans les jours à venir», déclarent des citoyens contraints de penser à des solutions de rechanges pour échapper au stress auquel ils sont sujets durant les heures de pointes. Au su des témoignages et au vu du constat réalisé durant le deuxième jour de grève, la tension risque de prendre de l’ampleur durant les jours à venir.

Il sied de relever que les mêmes scènes de bousculades sont constatées à la fin de la journée dans la gare routière d’Alger qui subit le même phénomène de prises d’assauts.

D. M.