Une lettre d’interpellation officielle du premier magistrat du pays sera déposée demain au siège de la Présidence.
L’Association nationale des parents d’élèves monte au créneau. Après avoir tenté de jouer les médiateurs entre le ministère de l’Éducation nationale et le Cnapest-élargi en vue de mettre fin à la protestation qui paralyse les établissements scolaires, l’ANPE a décidé de passer à l’acte. Une lettre d’interpellation officielle du premier magistrat du pays sera déposée demain au siège de la Présidence, avons-nous appris auprès du président de l’association. “Nous n’allons pas attendre longtemps. Si la grève continue d’ici mercredi, nous allons interpeller le président de la République afin qu’il intervienne pour faire respecter les clauses de la Constitution”, nous dit Khaled Ahmed. Et d’expliquer que même si l’article 57 de la première loi du pays reconnaît aux syndicats le droit de recourir à la grève, l’article 53 de la même Constitution garantit la scolarité à tous les enfants du pays. Et pour l’ANPE, “entre le droit à la grève et le droit à la scolarité, c’est évidemment l’obligation de l’enseignement et l’intérêt de l’élève qui priment”. Un intérêt que l’association place en pole position et que nul ne doit toucher, quels qu’en soient les motifs. “Nous sommes contre le recours à la grève, quelles que soient les raisons et sa durée. Les parties en conflit doivent trouver d’autres formules telles que le dialogue et la concertation pour ne pas pénaliser les élèves.” Pour l’ANPE, même le timing de la protestation n’est pas bien choisi. “Au début de la rentrée scolaire, alors que même les nouveaux enseignants n’ont pas rejoint leur poste, le problème des exclus persiste, de la surcharge des classes… Faire grève, c’est rajouter de l’huile sur le feu”, souligne Khaled Ahmed. Et de s’interroger : “Pourquoi le syndicat ne se tourne pas vers la justice ? D’autres syndicats l’ont fait et ont eu gain de cause.”
Cnapest : la grève est un cas de conscience pour les enseignants !
Décidé, de son côté, d’aller jusqu’au bout, le Cnapest-élargi, qui soutient que “la grève n’a jamais été le but ou l’objectif principal du syndicat”, est convaincu que “la position de la tutelle est entachée de mauvaise foi. Il y a une volonté délibérée de pousser les syndicats vers la grève et de maintenir la situation de crise, sinon comment expliquer son silence pendant toute la période du préavis”, note le chargé de communication du syndicat. M. Boudiba fera remarquer que “même les revendications soulevées ne sont pas impossibles à réaliser. Nous avons demandé des délais pour la concrétisation des engagements pris et la réintégration d’un enseignant radié abusivement”. Il ajoutera, en réaction à la colère des élèves et leurs parents, que “ce n’est pas de gaieté de cœur que le Cnapest-élargi fait grève. C’est son ultime recours face aux tergiversations de la tutelle. C’est un véritable cas de conscience pour l’enseignant qui n’aurait pas aimé en arriver là”.
M. Boudiba en veut pour preuve le fait qu’à la fin du conflit, “les enseignants se donnent à fond pour rattraper le retard accumulé sans aucun bourrage de crânes”. Le Cnapest-élargi accuse certaines parties du MEN de “tout faire, y compris créer des problèmes et des situations conflictuelles en vue de cacher les véritables maux du secteur”. Des maux que la paralysie ne fera qu’accentuer.
M B