Grève dans les résidences universitaires,Le désarroi des étudiants

Grève dans les résidences universitaires,Le désarroi des étudiants

La grève de trois jours des travailleurs des résidences universitaires, entamée dimanche dernier, a été largement suivie.

Selon le syndicat représentant cette catégorie de travailleurs, le débrayage a touché plus de 300 résidences universitaires. Cette grève, qui coïncide avec la période des examens de fin d’année, a suscité le mécontentement des étudiants. En effet, au niveau des cités universitaires c’est le désarroi total des étudiants. «Le restaurant de la cité est fermé depuis dimanche. Les quelques travailleurs qui assuraient un service minimum nous ont proposé un repas froid. C’est pareil pour la bibliothèque qui n’a pas encore rouvert ses portes», a indiqué un étudiant rencontré hier au niveau de la Fac centrale, à Alger. Ainsi, depuis le déclenchement de cette grève il n’y a plus de ramassage des ordures. «Les travailleurs n’ont pas assuré le ramassage des ordures depuis dimanche. Conséquence : des odeurs nauséabondes se dégagent de partout. Impossible de dormir la nuit en raison des moustiques qui prolifèrent dans les amas d’ordures», poursuit notre interlocuteur. Cette situation va, sans doute, se répercuter négativement sur la préparation des étudiants aux examens de fin d’année. De son côté, le directeur de l’Office national des œuvres universitaire (ONOU), Mohamed El Hadi Mibarki, a tenté hier d’amorcer le dialogue avec les travailleurs grévistes. Ne l’entendant pas de cette oreille, les syndicalistes menacent de durcir le mouvement par un appel à un débrayage illimité à partir du 20 mai au cas où le ministère de l’Enseignement supérieur ne répondrait pas favorablement à la plate-forme de revendications. Cette grève a été entamée, pour rappel, à l’appel du syndicat qui proteste contre la dégradation de la situation socioprofessionnelle des travailleurs. C’est à l’issue d’une réunion de concertation qui a regroupé les différentes sections syndicales affiliées à l’UGTA que la nécessité, voire l’urgence, d’une démonstration de force a été retenue. Un préavis de grève a été déposé, mais la direction des œuvres universitaires et la tutelle n’ont pas jugé opportun de faire baisser la pression et d’éviter le débrayage. Leur mutisme a contraint les travailleurs à passer à l’action dimanche. Les grévistes demandent une solution aux travailleurs logés temporairement dans les cités universitaires, car venus d’autres wilayas et n’ont pas de logement. Ils revendiquent également le droit aux promotions, l’intégration des travailleurs contractuels ayant des diplômes et surtout l’augmentation de salaires qui varie actuellement entre 14 000 et 18 000. Les travailleurs des cités universitaires, affiliés à l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), réclament également un rappel de 25% d’augmentation avec un effet rétroactif à 2008. Cette grève a fait réagir également l’Union nationale des étudiants algériens (Unea), qui appelle les grévistes «à assurer un service minimum», et met en garde con-tre «tout dépassement» qui pourrait déstabiliser les campus. Les étudiants sont privés des prestations les plus basiques, notamment la restauration, depuis le déclenchement du mouvement de débrayage, le 13 du mois en cours, pour réclamer une revalorisation salariale et la suppression de l’article 87-bis du code du travail, entre autres points. Dans un communiqué rendu public hier, l’Unea souligne qu’elle «suit avec une grande attention la grève à laquelle ont appelé les travailleurs des résidences universitaires, qui sont dans leur strict droit de défendre leurs intérêts matériels et moraux». Cependant, précise l’Unea, ce combat, aussi légitime soit-il, «ne doit en aucune manière se faire au détriment des étudiants».

Par Mehdi Aït Mouloud