Le retard occasionné par la grève dans le secteur de l’éducation est « préjudiciable » pour le moral des élèves et aura un « impact négatif » sur la qualité de l’enseignement après la reprise des cours, a estimé mardi le pédagogue Ahmed Tessa.
« Tout retard dans la scolarité est préjudiciable pour l’élève, même s’il ne s’agit que d’une seule journée. Des études scientifiques menées par des spécialistes en chronobiologie ont démontré qu’au bout d’un certain nombre d’absences, les connaissances mémorisées par l’élève commencent à diminuer », a indiqué à l’APS, le pédagogue.
M.Tessa a ajouté qu’à un certain moment, l’élève peut atteindre le « seuil zéro » de l’accumulation des connaissances si l’absence dépasse quelques semaines, voire quelques mois, ce qui ne l’éloigne pas du seuil de « l’analphabétisation », a-t-il expliqué, en se référant toujours à la même étude.
« Au bout de la troisième semaine, la sonnette d’alarme doit être tirée », a précisé le pédagogue, tout en notant que cela est valable y compris pour les les élèves les « plus brillants » et que « plus l’absentéisme des élèves tarde, plus il sera difficile de rattraper » le retard accumulé.
Il a insisté, à ce propos, sur la dimension psychologique laquelle doit être grandement prise en considération au moment des rattrapages, en raison de « l’impact psychologique » sur les élèves, conséquemment à cette grève.
« Les élèves se sentent frustrés par ces absences et plus grave encore, ils en sont traumatisés. Certains finissent par décrocher complètement lorsqu’ils ne sont pas encadrés chez eux par leurs parents. Même s’il y a une bonne volonté de bien faire en décidant des cours de rattrapage, le fait est là », a -t-il encore observé.
L’intervenant a estimé, à ce propos, que même lorsque l’enseignant reprend un cours programmé, celui-ci « n’a pas le même impact » sur l’élève que s’il l’avait reçu à temps, dans le mesure où ce dernier est « déstabilisé » par la grève et sa longue durée.
Il a, par ailleurs, mis en garde sur l’importance de procéder aux rattrapages selon des « techniques pédagogiques précises », de sorte à ce que l’élève soit « soutenu, suivi et sécurisé » et qu’il puisse être remis « en confiance » et à nouveau « motivé », d’où l’intérêt de « l’accompagnement psychologique », a-t-il dit.
« Il s’agit d’une remise à niveau des programmes mais aussi d’une mobilisation des élèves sur le plan psychologique », a souligné le pédagogue, tout en observant que si le retard peut se rattraper « mécaniquement » et « administrativement », il reste que la qualité de l’enseignement sera « tributaire de l’état d’esprit » des élèves, compte tenu des « dégâts » occasionnés sur son moral.
Trois syndicats d’enseignement primaire, moyen et secondaire ont entamé depuis près de trois semaines une grève, différemment suivie par les établissements scolaires, à travers le territoire national et ce, pour exiger de la tutelle la prise en charge d’un nombre de revendications socioprofessionnelles.