Déjà élevés, les prix des fruits et légumes ont connu une augmentation vertigineuse depuis quelques jours, au grand dam de la ménagère. La grève illimitée déclenchée depuis une semaine par les marchands de gros de Bougara ne serait pas étrangère à cette flambée.
Sachant qu’en guise de solidarité les commerçants de fruits et légumes de Boufarik menacent à leur tour de débrayer, on imagine aisément la complexité de la situation qui se profile.
La grève de ces commerçants coïncide avec une énième flambée des prix sur les étals des marchés de proximité de fruits et légumes où la pomme de terre, à titre d’exemple, a atteint la barre des 100 voire 130 dinars le kilo. Une flambée qui s’expliquerait par un manque en produits constaté ces derniers jours auprès des commerçants détaillants qui s’approvisionnent dans ce marché.
Une situation qui a induit immanquablement une hausse des prix suivant la vieille règle de l’offre et de la demande dont les commerçants n’hésitent pas à profiter. Soulignons également que les commerçants du marché des fruits et légumes de Boufarik ont fait état d’un préavis de grève en guise de solidarité avec leurs homologues de Bougara. Une telle perspective ne manquera pas d’ouvrir largement la porte devant les spéculateurs et ceux qui profitent de tous les dysfonctionnements émaillant l’organisation de ce secteur.
En effet, l’anarchie qui règne dans ces espaces commerciaux plonge l’activité dans une spirale échappant à tout contrôle. Toutes les mesures prises jusque-là par les pouvoirs publics n’ont pas donné les résultats escomptés.
La dernière en date, annoncée récemment par le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, concerne la «mise en place d’un réseau de la grande distribution», qu’il a considéré comme étant l’un «des moyens les plus efficaces pour réguler les prix et les marchés». Selon lui, son département s’apprête à mettre en place un programme national permettant la création de structures commerciales pour répondre aux aspirations des citoyens et de garantir un meilleur encadrement et une régulation efficace des activités commerciales. Pour sa part, le directeur général de la régulation des activités et de la réglementation au ministère du Commerce, Abdelaziz Ait Abderrahmane, a annoncé la mise en application d’une nouvelle réglementation afin de remédier à «la situation critique qui caractérise la gestion, l’organisation et le fonctionnement dans lesquels sont exercées les activités dans les marchés» estimés à 1 597 au niveau national dont 43 sont des marchés de gros de fruits et légumes. En attendant de voir un jour les répercussions concrètes de ces lois et des multiples mesures prises pour juguler l’anarchie dans ce secteur, le consommateur algérien continuera de subir la flambée des prix.
– A signaler que les grévistes de Bougara réclament le transfert de la gestion de cet important espace commercial, actuellement géré par une entreprise privée, à une entreprise publique. Pour le secrétaire de wilaya de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Boukri Boualem, la revendication des grévistes s’explique par les «dépassements, l’anarchie, l’absence d’hygiène et l’insécurité caractérisant actuellement ce marché» qui a fait, récemment, l’objet d’une opération d’extension et d’aménagement.
Boukri déplore d’autre part l’augmentation de la location des carreaux aux commerçants, laquelle est passée de 2 500 à 15 000 dinars, soit une augmentation de 500 %. Il faut préciser également que ce marché joue un rôle important aussi bien dans la régulation que dans l’approvisionnement en fruits et légumes d’autres marchés et commerçants détaillants au niveau national. La quantité de marchandises qui transitent chaque mois au marché de Bougara, où exercent 411 commerçants de gros, est estimée à pas moins de 6 000 tonnes.
M.D.