La grève d’une journée des transporteurs privés (bus et taxis) et des commerçants de la gare routière du Caroubier a été suivie à hauteur de 90%, selon des représentants de l’Union nationale des transporteurs (UNAT).
Le mouvement a été fragilisé par l’arrivée des bus de l’entreprise publique TVC (ex-SNTV), de l’entreprise publique de la ville de Boudouaou et des transporteurs privés d’autres wilayas qui ont été contactés par la direction des transports de la wilaya d’Alger pour assurer le transport des voyageurs.
Selon Mohamed Maloufi, directeur de l’exploitation de la Société de gestion de la gare routière d’Alger (Sogral), plus de 250 départs ont été effectués par les transporteurs dès 8h. « Pour une fois on a prouvé qu’il y a un service public qui fait face aux voraces », souligne sans ambages le responsable qui indique avoir rencontré dimanche les représentants de l’UNAT pour trouver un consensus. «Les transporteurs ont campé sur leur position en refusant tout dialogue », affirme-t-il. Sur l’ensemble des wilayas desservies à partir de la station du Caroubier, c’est Tizi Ouzou qui a souffert le plus du manque de transport puisque un seul bus y a assuré la navette. « Les autres transporteurs ont fait grève par crainte des représailles des grevistes », affirme Mohamed Maloufi.
BAISSER DE RIDEAUX GÉNÉRAL
Hier, à la gare de Caroubier, les voyageurs ne semblaient pas être au courant de la journée de protestation. Il fallait se fier aux rideaux baissés de presque tous les commerces pour s’en rendre compte. Et là aussi la direction de la Sogral a trouvé son mot à dire. « Le gérant de ce salon du thé n’a pas payé le loyer depuis des années », peut-on lire sur un écriteau apposé sur un rideau fermé. Dans la gare, l’activité commerciale est quasiment paralysée. Cafétérias, gargotes et multiservices ont fermé boutique pour se joindre au mouvement de protestation. Mais en cette journée de mardi où le flux de voyageurs est relativement faible par apport au week-end, Sogral, qui dispose de son propre commerce, a offert du café et des gâteaux aux voyageurs.
De leur côté, les trois syndicats des transporteurs de bus et de taxis et celui des commerçants (UGCAA) étaient en conclave pour suivre de près l’évolution du mouvement. « C’est une journée de protestation pacifique qui a pour objectif d’attirer l’attention des pouvoirs publics afin qu’ils prennent en charge nos revendications», a déclaré Mohamed Benkahla, vice-président de l’UNAT. Cette dernière revendique l’application de la loi de 2004 relative à la signature de contrat entre deux opérateurs, l’annulation des augmentations qu’ils estiment arbitraires appliquées aux opérateurs de transport pour l’exploitation des quais d’embarquement, l’annulation de la taxe de 7% relative à la réservation et l’annulation des pénalités sur le stationnement, la baisse de la taxe concernant le droit de stationnement estimée actuellement à 40 DA. Devant l’impasse du dialogue, les deux syndicats demandent l’intervention de la direction du transport de la wilaya d’Alger, du ministère des Transports et du ministère du Commerce.
«Pourquoi payons-nous 17% de TVA alors que le transport de chemin de fer et l’Etusa ne payent que 7% », s’interrogent les représentants des transporteurs. « Pourtant on offre un tarif de transport moins cher qu’eux. Nous ne recevons aucune aide de l’Etat. Pour pouvoir accéder à des crédits bancaires, on a dû hypothéquer nos biens », précisent-ils et d’affirmer que Sogral est devenue leur associé du fait qu’elle empoche 2 243 DA pour chaque bus prenant le départ de la gare du Caroubier. Pour sa part, le responsable de Sogral menace de présenter à la direction des impôts le chiffre d’affaires qu’il réalise avec les transporteurs.