C’est de nouveau la galère pour les clients d’Algérie Poste et en particulier les retraités qui attendent, à compter du 20 de chaque mois, de toucher leurs pensions. Les agences postales sont paralysées et l’on se souvient des conséquences et des dégâts occasionnés par le dernier mouvement des postiers. On s’attend à ce que cette grève soit déclarée par la justice illégale. Mais cela changera-t-il quelque chose ?
Regroupés ce dimanche matin devant l’enceinte de la Grande-Poste d’Alger, des grévistes campent sur leurs positions en ce 5e jour de protestation.
Interrogé sur le sujet, un gréviste, nous dit : «Nous n’allons pas faire marche arrière jusqu’à l’obtention de nos droits les plus légitimes que la tutelle nous a pourtant accordés.» «Nous n’allons pas bouger d’ici et nous ne comptons pas reprendre le travail jusqu’à ce que les autorités versent notre dû dans nos comptes.» En fait, ces travailleurs réclament l’application des augmentations de salaire accordées en 2011 avec effet rétroactif depuis 2008. Ils demandent également l’application du nouveau régime indemnitaire signé par la direction d’Algérie Poste et le ministère de tutelle en janvier 2013, avec effet rétroactif depuis cette date. Le premier responsable du secteur a reconnu que nos revendications étaient légales et a promis de prendre en charge nos doléances. Il était prévu l’application des augmentations de salaire depuis le 20 mai dernier. Or, nous sommes au mois d’août, et nous n’avons rien reçu, déplorent à l’unanimité des protestataires. Aujourd’hui, nous sommes rassemblés ici et nous attendons l’arrivée de nos collègues des autres régions du pays qui vont rejoindre le mouvement. Ces grévistes disent avoir entamé ce mouvement de leur propre chef. «Contrairement à ce qui est publié dans la presse, ce mouvement de grève a été enclenché de notre propre initiative.»A l’intérieur de ce bureau de poste règne une pagaille indescriptible. Les bancs sont bondés de clients venus de partout.
Les files se sont formées déjà avant l’ouverture de ce bureau. Les retraits sont plafonnés à 10 000 DA. «Nous n’avons pas le droit de retirer plus de 10 000 DA !», déplorent, certaines personnes interrogées.
Les clients ne sont pas informés, le problème de ticket, le non-respect de l’heure d’ouverture des bureaux, la pression au niveau des guichets sont, entre autres, les principaux tracas que subissent les clients depuis l’entame de la grève, a-t-on constaté sur place. «J’ai fait plusieurs navettes et ce n’est qu’à partir d’aujourd’hui que j’ai pu avoir un ticket, histoire de retirer un peu d’argent, pour circuler» , nous confie un homme d’un âge certain.
«C’est notre argent et on n’arrive pas à le retirer», se lamente une émigrée. «Je suis venue mercredi mais j’ai trouvé portes closes. Ce n’est pas normal ! (…) C’est très mal géré et nous n’avons même pas été instruits auparavant pour prendre nos précautions et éviter cette situation pénible.» Ce mouvement de protestation, apprend-on, a été suivi à 75 % à Alger Centre et à 65 % au niveau national. Le service minimum a été assuré par les hauts fonctionnaires d’Algérie Poste, apprend-on.
Nombre de bureaux de poste sont en grève à Alger tels que à Bir Mourad Raïs, Kouba , Khelifa-Boukhalfa, Hassiba-Ben Bouali. Même scénario à Blida, Boumerdès, Tizi Ouzou, Tlemcen, Annaba, El Oued …
S.L
– Dans un entretien accordé au journal en ligne TSA, le président du Syndicat national autonome des postiers (Snap), Mourad explique les raisons de cette grève et revient sur la plateforme de revendications des postiers. «Ce mouvement de grève est la conséquence du désintéressement de l’administration. Nous attendons depuis plus de sept mois que les promesses avalisées par Moussa Benhamadi, (NDLR) soient appliquées. En vain.» Concernant les revendications, le syndicaliste dira : «Nous demandons que les engagements pris par la tutelle soient respectés, à leur tête, l’application de la nouvelle grille des salaires avec effet rétroactif à partir de janvier 2008, sachant que le ministre a assuré le 9 février dernier qu’il veillerait à la stricte application par Algérie Poste, du contenu de cet accord avant le 20 février dernier.» «Nous revendiquons, en outre, l’attribution de la prime annuelle des travailleurs pour l’année 2011, ainsi que la promotion horizontale et verticale des travailleurs remplissant les conditions requises», a-t-il soutenu. S’agissant de l’augmentation revendiquée, il explique qu’actuellement, le salaire d’un postier est compris entre 30 000 et 32 000 DA, ce qui est insuffisant. «Nous voulons simplement l’application maintenant de la nouvelle grille des salaires qui devait entrer en vigueur en mai dernier. L’administration d’Algérie Poste repousse tout le temps son application. Elle nous a donné comme dernière date le mois de juillet, mais nous sommes pratiquement à la fin du mois d’août et rien n’a été fait», a-t-il conclu.