Gravures rupestres en Tifinagh-zénète: empreintes d’une civilisation amazighe séculaire dans le Gourara

Gravures rupestres en Tifinagh-zénète: empreintes d’une civilisation amazighe séculaire dans le Gourara

L’existence de gravures en Tifinagh-zénète à travers divers vestiges disséminés dans la wilaya déléguée de Timimoune (220 km Nord d’Adrar), témoignent du passage de civilisations amazighes dans ces vastes étendues du Gourara, selon des chercheurs et archéologues.

Les caractères de la variante Tifinagh-zénète, gravés sur des ruines de citadelles et de vestiges archéologiques, établissent l’hypothèse d’existence d’une langue ancestrale de communication entre les populations de la région, a affirmé Maâmar M’hamdi, archéologue intéressé par le patrimoine amazigh zénète.

Pour cet archéologue, « le Gourara constitue un musée à ciel ouvert pour une panoplie de composantes du patrimoine amazigh zénète, dans ses aspects matériel et immatériel (oral), à travers les graphèmes sculptés sur les murailles et parois d’anciens monuments et bâtisses ».

Le déchiffrement de certains caractères et signes de Tifinagh-zénète révèlent parfois des messages et informations, tous sujets et domaines confondus, entre individus d’une même société s’exprimant en cette variante amazighe, a-t-il ajouté.

Il cite, à titre d’illustration, ceux gravés au vieux Ksar de « Tamana » (Sud de Timimoune), renvoyant, dit-il,  à un dialogue entre deux interlocuteurs ayant trait à un rendez-vous pour rendre visite à un parent (oncle maternel), en plus d’autres signes existant au vieux Ksar de « Samouta » (Nord de Timimoune).

L’enseignant et poète en variante amazighe-zénète, cheikh El-Berka Ghantioui, a, de son coté, estimé que « le patrimoine amazigh zénète constitue un fichier monographique de la région du Gourara, à ajouter au legs national, riche en sites et vestiges archéologiques témoignant encore de l’histoire ancienne de la civilisation amazighe zénète dans le Gourara.

Le chercheur a sollicité la tutelle afin d’agir rapidement et de prendre des « mesures concrètes » pour sauvegarder ces sites des aléas naturels et de l’intervention humaine, car constituant un écrin pour les recherches scientifiques et académiques en matière de promotion de l’identité nationale amazighe.

Mohamed Salem Benzayed, chercheur en patrimoine amazighe zénète, a indiqué, pour sa part, que la région du Gourara « Tigourarine », dont Timimoune « Ti-In Mimoun », sont des patronymes amazighes désignant des us et traditions séculaires.

L’intervenant déplore, toutefois, que nombreux sont ceux dans la région qui méconnaissent l’existence de caractères zénètes, car en désuétude, avant d’appeler, pour revivifier cette variante, à la conception de travaux scientifiques avec le concours des chercheurs et des académiciens.

Benzayed a fait part, en outre, de la mise au point des dernières retouches d’élaboration de trois dictionnaires, dont deux bilingues Zénète -Arabe et Zénète-Français, en plus d’un recueil explicatif de certaines notions syntaxiques et grammaticales de la variante zénète.

L’intervenant a émis le souhait de voir ses efforts et ceux d’autres soutenus par la tutelle en vue de se mettre au diapason de la démarche de la promotion de la langue amazighe, à l’ère des acquis réalisés par l’amazighité à la faveur de la décision historique du Président de la République Abdelaziz Bouteflika portant officialisation de la langue amazighe et consécration du 12 janvier fête nationale.

L’anthropologue Abdelkader Ferdjouli, intéressé par le patrimoine du Gourara, a affirmé que la communauté zénète, et en dépit des contacts étroits avec les nombreuses civilisations qui se  succédées dans la région, a su bel et bien sauvegarder son identité zénète amazighe, preuve en est les nombreux témoins matériels et immatériels en Tifinagh et zénète dans la région.

Ce chercheur a, par la même occasion, plaidé pour la valorisation du patrimoine amazigh de la région du Gourara et de son répertoire linguistique, qui n’ont pas encore livré tous leurs secrets, dont les gravures de caractères, en vue de contribuer à l’enrichissement de la culture et l’identité amazighe nationale.

Il s’est aussi félicité des recommandations adoptées à l’issue du colloque sur l’apport du défunt chercheur Mouloud Mammeri, tenu dernièrement à Timimoune dans le cadre du festival d’Ahellil, appelant à l’ouverture de classes d’enseignement de la langue amazighe.

Ferdjouli a souligné que ces classes constitueront un élément contribuant à la valorisation et la sauvegarde du patrimoine zénète, à même de renforcer les efforts fournis en matière de promotion de la langue amazighe en Algérie.