Il ne se passe désormais plus un seul jour sans que l’on n’assiste à une ou plusieurs manifestations de chômeurs, tandis que de plus en plus de nouvelles wilayas sont touchées par ce phénomène. Cela est dû au traitement régionaliste et particulièrement dangereux pour la cohésion du pays qui avait été réservé depuis le début à cette question.
La situation n’en finit plus de se dégrader dans plusieurs localités du Grand Sud algérien. Il y a carrément péril en la demeure.
Nous apprenons en effet, qu’un jeune manifestant ayant pris part aux émeutes du logement, en fin de semaine à Ouargla, est décédé dans la nuit de vendredi à samedi. Celui-ci aurait été incommodé par les gaz lacrymogènes utilisés par les forces antiémeute. La victime était asthmatique, selon Tahar Belabbas, un des meneurs du mouvement des jeunes chômeurs du Sud. Ouargla, après plusieurs marches et sit-in vécus durant les semaines passées à cause du chômage, et de certains recrutements abusifs et sélectifs opérés par les entreprises pétrolières basées à Hassi Messaoud, a carrément vécu l’enfer à la fin de la semaineécoulée, à l’occasion de la distribution de 600 logements sociaux. De très violents affrontements ont opposé des milliers de citoyens aux forces de l’ordre. Plusieurs édifices publics ont été saccagés, alors que des documents et du matériel informatique ont été détruits. Dans le même temps, nous apprenons que de jeunes chômeurs, venus de plusieurs wilayas du sud du pays, ont tenu ce samedi un grand rassemblement au centre-ville de la wilaya de Ghardaïa. Il semble que la protesta dans le Grand Sud algérien ait en grande partie été «encouragée» de manière indirecte par le traitement qu’avait réservé le gouvernement d’entrée de jeu aux premières manifestations des jeunes chômeurs de Ouargla. Le fait de convoquer un conseil interministériel, et de prendre des décisions spécifiques au profit des régions du Sud a contribué à «régionaliser» cette partie du pays.
La grande importance accordée par le gouvernement à ce mouvement semble avoir poussé les indécis à le rejoindre, tout en enclenchant des actions similaires au niveau des autres wilayas du pays. Il est dès lors regrettable de constater que la situation n’en finit plus de dégénérer alors que le chômage n’est quand même pas spécifique aux seules wilayas du sud du pays.
Wassim Benrabah
