Le soleil de plomb qui tapait depuis les premières lueurs du jour n’a pas dissuadé des milliers de personnes de venir massivement prendre part à la marche à laquelle ont appelé le comité de village d’Ath Djennad et la famille de la victime afin d’exiger la libération de l’entrepreneur Lounès I.
, âgé de 33 ans, du village Azrou, commune de Fréha, 30 km à l’est de Tizi Ouzou, enlevé le 4 juillet près du village Tala Tegana par un groupe armé.
Le chef-lieu de Fréha était une ville morte durant toute la journée d’hier. Le mot d’ordre de grève a été largement suivi. Hier, vers 9h, la procession s’est dirigée silencieusement du stade communal jusqu’au siège de la mairie, en empruntant l’artère principale de la ville. Ils étaient des milliers de personnes, venues de plusieurs localités de la wilaya pour réclamer la libération de la victime.
Les marcheurs avaient déployé plusieurs banderoles sur lesquelles ont pouvait lire différents slogans : «Halte aux kidnappings», «Libérez Lounès», entre autres.
Il y avait de la compassion sur tous les visages. Sans exception aucune, tous ceux que nous avons questionnés ont tenu à dénoncer cet acte qualifié de lâche commis contre un paisible citoyen. Tous également ont réitéré le même mot d’ordre : ne pas céder face au diktat des kidnappeurs qui veulent terroriser toute la Kabylie. A la tête de la marche, l’imam du village Azrou.
Muni d’un mégaphone, il n’a pas cessé d’appeler à la libération de l’otage en rappelant que la victime est gravement malade et qu’elle souffre de deux maladies chroniques. La marche était pacifique et silencieuse. Des élus locaux et des P/APC, ceux d’Aghribs, de Timizart et de Fréha ont pris part à la manifestation. Arrivé devant le siège de la mairie, l’imam a déclaré :
«Il n’y a aucune raison de faire un tel acte envers un simple citoyen comme Lounès. C’est contraire aux principes de notre religion d’essence pacifique et fraternelle ». Puis c’était au tour du maire de Fréha de prendre la parole, devant une foule nombreuse, pour affirmer : «Je connais très bien la victime. Je vous assure que sa famille ne peut pas payer une quelconque rançon. D’ailleurs la victime en personne a un crédit bancaire à rembourser. C’est une famille modeste.» A la fin, la foule s’est dispersée dans le calme.
La famille de la victime, par le biais des membres de la cellule de crise mise en place au lendemain de l’enlèvement, a appelé la population à rester mobilisée jusqu’à la libération de son enfant. Toutefois, la famille de la victime nie que les terroristes aient exigé une rançon de trois milliards de centimes contre la libération de l’entrepreneur, sans préciser si les ravisseurs avaient contacté la famille ou non.
Pas de commentaires sur les actions à entreprendre à l’avenir si la victime n’est pas libérée. Pour rappel, depuis l’enlèvement de Lounès, enlèvement qui a défrayé la chronique au niveau local, le 4 jullet dernier, l’ensemble des villageois de l’arch d’Ath Djenad sont restés sur le qui-vive. Ils ont multiplié les actions de protestation : grèves et rassemblements.
Ils ne désespèrent pas de revoir la victime libérée saine et sauve. A signaler que c’est la 51e personne kidnappée à Tizi Ouzou depuis l’avènement de ce phénomène en 2005.
A. I.