L’État devrait s’impliquer dans cette logique pour arrêter le massacre. Les Algériens, de plus en plus conscients des dangers de l’informel, gagneront en plus de leur bourse, leur santé. Surtout en se détournant des produits périmés qui sont souvent cause d’intoxications, voire de maladies
àchaque chose malheur est bon, la canicule qui a sévi durant la première quinzaine du Ramadhan a poussé les consommateurs à se méfier davantage des produits exposés sur la voie publique, loin de toutes les normes d’hygiène. À en croire nos sources, les autorités sanitaires ont enregistré en 15 jours, plus de 15 000 interventions liées aux indigestions, aux intoxications alimentaires et aux aliments dont la date limite de consommation (DLC) est arrivée à terme. À eux seuls, les services de la Gendarmerie et de la Sûreté nationale ont intercepté sur les routes des tonnes d’aliments dans le cadre des contrôles et de la coordination des transports. Pas de bons de commande, pas de factures, encore moins de certificats d’hygiène et de qualité, les transporteurs indélicats se sont vus signifier la saisie immédiate des marchandises et la mise en fourrière du moyen de transport.
D’autres trafiquants ont été simplement traduits devant la justice pour fausses déclarations, non-conformité et absence de factures et défaut d’hygiène. Sinon, qui aurait toléré que des camions frigorifiques se transforment durant le Ramadhan, en marchand ambulant de fruits et légumes, de sodas, de fromages et d’épices ? Entre viandes, pains, semoules, farines, huiles, thon, poissons, produits laitiers et sodas, notre source a révélé que la valeur marchande des produits saisis dépasserait les 150 milliards de centimes.
Les 48 Directions de la concurrence et des prix (DCP) ont effectué des visites inopinées à travers toutes les agglomérations, cités et quartiers où pas moins de 14 000 commerces non conformes à la réglementation ont été fermés, notamment, ceux qui se sont convertis durant le Ramadhan en vendeurs de sucreries (zlabia, baqlawa et qelbelouz). Une conversion interdite depuis des années en vertu d’un décret du ministère du Commerce.
De moins en moins de pain et de produits laitiers exposés au soleil, car les consommateurs boudent pratiquement tous les aliments exposés sur la voie publique. Est-ce un signe de prise de conscience ? C’est que tous les produits étalés sur les routes se vendent au même prix que ceux proposés dans les supérettes et les grandes surfaces. Un coup dur pour le marché informel qui continue à “sauver sa peau” en se rabattant sur les fruits et légumes. Et encore ! Car, ce n’est qu’un début du fait de la prise de conscience des consommateurs en ce mois sacré. Reste certains marchés basés dans les quartiers dits “populaires” qui échappent à tout contrôle. Tant mieux pour les uns (consommateurs) et tant pis pour les autres (trafiquants), surtout pour les autres, le développement des grandes surfaces en Algérie se veut une première étape d’une bataille (pas encore gagnée) contre le commerce informel qui a trop duré et dont les résistances se font sentir à chaque fois que la loi sévit.
Autrement dit, la bataille n’est pas encore menée sur tous les fronts pour stopper ces commerces de “proximité” et sans registre de commerce.
À l’heure actuelle, l’Algérie compte environ 2 500 supérettes, (petites et moyennes surfaces) alors que les grandes surfaces arrivent en force et commencent à se généraliser, notamment au centre du pays (Alger, Blida, Bouira… etc.) Ce qui vaudrait dire que ces espaces devront jouer le jeu pour canaliser une clientèle en mal d’information, de prix raisonnables et de prestations de qualité pour développer les produits de large consommation et instaurer la culture du “supermarket” chez un consommateur qui ignore ses droits. Une chose est sûre, et hormis ces camionnettes qui proposent légumes et fruits, mais régulées par la loi, l’heure des grandes surfaces a sonné et il était temps, les Algériens auront l’embarras du choix pour conserver, en plus de leurs bourses, leur santé.