Elle est là, la première voiture « made in Algeria ». Elle fait actuellement son show à la grande poste d’Alger. D’un tout autre style, la voiture algérienne commence son opération de « charme ». Objectif : conquérir le cœur mais aussi « les poches » des passionnés des quatre roues. Pour les citoyens, c’est une occasion de l’approcher et de la caresser du regard.
Le rêve est désormais accessible. Ses anges gardiens (représentants du constructeur Renault) ne la quittent pas des yeux. Ils veillent à ce que les choses se déroulent sans la moindre anicroche. Les représentants du constructeur ont ainsi répondu à beaucoup d’interrogations. Ils ne manquent pas d’arguments pour convaincre les éventuels clients. Pour eux, il s’agit d’une belle occasion pour mettre en lumière les atouts de cette voiture pas comme les autres. Les visiteurs sont partagés : ceux qui apprécient le design et les finitions estimant que le modèle est solide et parfaitement confectionné et travaillé et ceux qui sont restés sur leurs gardes mettant en avant le manque de confort, une finition pas parfaite avec des doutes sur la puissance réelle de la motorisation. Témoignage. « C’est une voiture algérienne. On doit être fiers de notre pays qui a franchi un véritable pas dans l’industrie mécanique. Enfin nous avons pu produire quelque chose de tangible », souligne un citoyen.
Un autre ajoute que la voiture n’a rien à envier à celles importées d’Europe. « C’est une voiture toutes options équipée de toutes les commodités pour une conduite agréable et paisible. Elle est même dotée d’un GPS qui est une première chez-nous. Je crois que cette voiture fera parler d’elle très prochainement. Les Algériens doivent se montrer patients en lui donnant le temps qu’il faut pour qu’elle puisse montrer de quoi elle est capable ». Un représentant de la marque Renault a fait savoir qu’en plus du GPS, la nouvelle Symbol dispose d’une suspension renforcée. « Les Algériens ont qualifié l’ancien modèle importé de voiture de la mort. Cette critique n’a pas échappé au constructeur qui a décidé de procéder à certaines retouches en renforçant la suspension de ce modèle », affirme-t-il.
Livraison en 15 jours
Le représentant de Renault rassure quant à la livraison immédiate et à la disponibilité de la marque. Ainsi, il suffit de faire une demande et la voiture vous sera remise dans un délai ne dépassant pas les 15 jours. « La commercialisation de la voiture a débuté. Vous faites une demande et vous allez voir que la voiture vous sera remise dans les 15 jours qui suivent votre demande. Voici ma carte de visite. Appelez-moi et je vais vous orienter vers le point de vente le plus proche », promet-il. Des points de vente sont ouverts entre autres à Ouled Fayet, Semar et Dély Ibrahim pour ne parler que de la capitale. Pour les prix, le modèle 1.6 est proposé à 128 millions de centimes alors que le 1.2 est cédé à 122 millions. Si pour les représentants de la marque le prix est bien abordable au vu du confort dont elle dispose, il n’en est pas de même pour les citoyens qui estiment que le prix est trop élevé et loin de répondre aux attentes.
« C’est trop cher pour une voiture fabriquée dans notre pays. Son prix ne devrait aller dépaser 90 millions de centimes », souligne Hakim, un cadre dans une entreprise étatique. Son épouse abonde dans le même sens soutenant qu’« on s’attendait à ce que le prix soit accessible mais finalement, il ne diffère pas du prix des autres voitures ramenées d’Europe », fera-t-elle remarquer. Amine, 25 ans, est venu d’Hussein Dey pour voir la première voiture algérienne. Mais grande a été sa surprise quant il a découvert que le prix dépasse la barre de 100 millions de centimes. « Avec cette somme, je peux acquérir une meilleure voiture. Je peux acheter une Clio 4. Celle-ci est moins chère, alors qu’en matière de confort et de design, y a pas photo entre les deux modèles », tranche-t-il. Pour lui, le GPS n’est pas forcément un atout déterminent : « Je ne suis pas un chauffeur de taxi ni une société de location de voitures pour m’équiper d’un GPS. Ce qui m’intéresse ce sont le prix, le confort et la puissance du moteur », ajoute-t-il.
Précision : seules 17 wilayas (grandes villes) sont connectés à ce système de localisation mondial (GPS). La voiture sera-t-elle concernée par le retour du crédit à la consommation ? Un représentant de Renault a indiqué que cette question n’est pas une affaire du constructeur mais de l’Etat algérien et des banques. Il faut savoir que lors de son intervention à la conférence nationale sur le développement économique et social, le PDG de Renault Algérie a émis le vœu de voir la voiture bénéficier de cette opportunité.
« Où est le made in Algeria ? »
La nouvelle Symbol doit-elle porter le sigle « made in Algeria » ? Pour certains citoyens, le label a une importance capitale. Selon eux, il est le meilleur indicateur d’une voiture bel et bien algérienne. Un quinquagénaire n’a pas raté l’occasion d’interpeler le représentant du groupe sur l’absence du « made in Algérie » sur la voiture. « Vous devez le faire. Telle que la voiture est présenté au public ; rien n’indique qu’elle est produite en Algérie », a-t-il observé. Réponse du représentant : « il y a le drapeau national sur le matricule du véhicule, cela suffit pour reconnaitre qu’il s’agit d’un produit algérien ». Mais pour certains citoyens, la Symbol est une voiture algéro-française. Ces derniers, pour justifier leurs propos, ont souligné que l’Algérie n’a assuré que le montage et que tout a été importé de l’étranger.
Ahmed, universitaire, se souvient de la première voiture algérienne façonnée par un Algérien dans les années 70 avant que le projet ne tombe à l’eau pour des considérations jusque-là inconnues, selon lui. D’autres badauds ne veulent pas entrer dans cette polémique qu’ils qualifient de stérile mettant en avant que « la nouvelle Symbol est la bienvenue et que le peuple algérien doit être fier de cet exploit », lance un quadragénaire. Un jeune lui emboîte le pas en soulignant : « c’est mieux que rien ».
Amokrane H.