Grande opération de relogement à Alger, Le bonheur des uns, le malheur des autres

Grande opération de relogement à Alger, Le bonheur des uns, le malheur des autres
grande-operation-de-relogement-a-alger-le-bonheur-des-uns-le-malheur-des-autres.jpg

La plus grande opération de relogement depuis l’indépendance dans la capitale n’a pas fait que des heureux. Cette opération a suscité en effet, un grand mécontentement auprès de plusieurs familles.

Celles-ci pour leur grand malheur n’ont pas bénéficié de leur logement tant attendu. Les raisons de ces exclusions quant à elles restent toutefois inexpliquées. Au lendemain du relogement de 1089 familles, la cité chaïbia commençait déjà à se familiariser avec les nouveaux venus. Il était 10h30 de la matinée et les youyous des femmes jaillissaient toujours des maisons fraîchement habitées. Les aires de jeux au centre de la cité étaient déjà occupés par une vingtaine d’enfants, tous joyeux et contents.



Chose normale puisque ces petits n’avaient pas la chance dans leurs anciens «bidonvilles» de jouer en des lieux réservés rien que pour eux comme tous les enfants de leur âge. À coté, un sexagénaire était assis bien tranquille, approché il nous salua avec un très large sourire en affirmant que c’est le jour le plus beau de sa vie. «J’ai attendu 17 longues années pour qu’aujourd’hui enfin je puisse bénéficier d’un logement decent» a-t-il témoigné. Voulant nous faire visiter sa nouvelle maison, il nous guide jusqu’au deuxième étage de l’immeuble, et là, c’est sa femme qui nous ouvre la porte. Un peu «réticente » quant à la présence de notre photographe, elle finit vite par être rassurée.

Une fois à l’intérieur de l’appartement, nous avons constaté une satisfaction et une joie immense auprès de tous les membres de cette famille, composée de 8 personnes. «Il est vrai que nous n’avons eu droit qu’à un F3, mais si l’on compare à la misère dans laquelle nous avons vécu à Zeralda, nous sommes beaucoup mieux ici !» a signalé avec émotion la mère de famille. Idem pour la famille «d’ammi» Mohamed, un septuagénaire qui a éprouvé également son entière contentement. «J’ai vécu 42 ans à Aïn Benian avec ma femme et mes enfants dans un taudis» at- il avoué, tout en poursuivant «nous avons supporté les dures périodes d’hiver ainsi que les grosses vagues de chaleurs, mais Dieu merci notre patience a porté ses fruits».

«Nous avons désormais un toit qui nous protégera de la dureté des saisons» ajoute pour sa part le fis «d’Ammi» Mohamed. À noter que l’opération de relogement se poursuivra aujourd’hui, et ce, jusqu’au début du mois de ramadhan. La cité chaïbia qui compte 3216 logements sociaux accueillera encore des familles de plusieurs communes de la capitale. Seulement les autorités ont beau faire mais n’arrivent jamais à satisfaire tout le monde. «Entre exclus» et «regroupés dans une seule maison», les contestataires sont toujours présents.

UNE VIEILLE DAME À LA RUE

N’ayant pas été épargnée par son âge avancé, une dame âgée de 75 ans s’est retrouvée dans la rue. En racontant sa mésaventure elle témoigne qu’on lui a fait croire qu’une jolie maison l’attendait à Birtouta, arrivée sur place, elle découvre que son nom n’apparait pas dans la liste. « Ce fut le choc pour moi, je me retrouve ici jetée avec mes affaires sans personne pour m’apporter de l’aide» regrette-telle. Mais le comble de l’histoire poursuit- elle, c’est son fils, qui lui par contre a eu droit à son logement et qui n’a malheureusement pas jugé utile de la prendre avec lui. «Je suis accablée et abattue, je ne sais pas quoi faire et je ne trouve nul part où aller» déplore encore notre source.

De son coté, Houria âgée de 38 ans, signale l’injustice dont sa famille a été victime. «Nous sommes 4 soeurs et 3 frères mariés et ont des enfants, et imaginez quoi ! On nous a attribué un F3». «Nous n’avons même pas d’espace pour ranger nos affaires» confie-t-elle. Elle ajoute dans le même sens qu’il n’y a pas eu de parité dans la répartition de ces nouvelles habitations, puisque selon ses dires, «2 voire 3 appartements ont été attribués pour plusieurs familles nombreuses». Autre problème également signalé par notre interlocutrice, qui est celui du manque de moyens de transports, sachant que la cité chaïbia est située dans un coin très éloigné de la grande ville. «Je vais galérer pour me rendre à mon travail à Ouled Fayet».

«C’est vraiment un grand soucis pour moi» s’est-elle plainte. Karim, 47 ans, qui lui aussi n’a pas été satisfait par l’unique appartement attribué à sa famille, a fait savoir que les recours vont être déposés dés aujourd’hui au niveau des instances concernées. «Nous souhaitons avoir un écho favorable et que les autorités prennent en considération nos demandes» a-t-il espéré. Il est opportun de dire que malgré les grands efforts déployés par l’État pour éradiquer définitivement la crise du logement, il lui reste encore du pain sur la planche. Car le nombre de nécessiteux ne cesse de s’accroitre et la réalisation des projets quant à elle, tarde.

Ania Nait Chala