Quelque 200.000 fidèles, dont 25 % de femmes, ont choisi, entre le 1er et le 10 août, la grande mosquée du 1er-Novembre de Batna pour accomplir la prière des tarawih.
Dès la rupture du jeûne, des groupes compacts de fidèles déferlent de tous les quartiers de la capitale des Aurès vers cette immense mosquée, la plus grande d’Algérie et la deuxième en Afrique avec une capacité de 22.000 places. Le parking attenant à la mosquée rapidement rempli, obligeant les véhicules à s’entasser le long des artères mitoyennes. Pour les habitants des cités périphériques, comme «La route de Tazoult», Bouzourane, Parc-à-fourrages, Kechida et «1.020 Logements», des dessertes spéciales tarawih sont gracieusement proposées depuis le début de Ramadhan par des transporteurs privés.
«L’affluence de tant de milliers de fidèles est chaque soir remarquable», souligne le directeur des Affaires religieuses, Zoheir Boudraâ, signalant que deux véhicules de la Protection civile sont quotidiennement mobilisés jusqu’à la fin de chaque prière pour parer aux éventuels problèmes de santé susceptibles de survenir lors de regroupements aussi massifs. Une agréable fraîcheur règne à l’intérieur de la mosquée en cette période de canicule, à la faveur d’une climatisation centrale «installée pour la bagatelle de 93 millions de dinars», selon Yacine Bouzidi, chargé de l’administration et des finances au sein de l’association religieuse de cette mosquée. Il assure que le renouvellement permanent de l’air réduit les risques liés aux difficultés de respiration des plus âgés et permet d’éviter des malaises. «Je viens chaque soir en compagnie de mes voisines pour ces prières surérogatoires propres au mois sacré», affirme Mme Saliha N., quinquagénaire habitant la cité Zmala, distante de quelques encablures de la mosquée. «On ne ressent pas la grande foule tant la salle de prière est spacieuse, l’air y est frais et même l’eau qu’on nous propose est une eau minérale offerte par une entreprise publique locale», ajoute une autre dame parmi les quelque 5.000 femmes se rendant au début de chaque soir à ce Djamaâ. Pour Salah H., fonctionnaire quadragénaire, «la prière dans cette mosquée, sous l’un des deux imposants dômes de près de 25 m de diamètre et à côté des majestueuses colonnes inspire encore plus d’humilité et de dévotion (khouchou’e), que dans d’autres mosquées».
Cette mosquée, ajoute ce fidèle visiblement très documenté, figure incontestablement, de par sa capacité d’accueil et ses dimensions, parmi les 20 plus grandes mosquées du monde et rivalise même avec les mosquées Id Kah (20.000 places) de Xinjiang (Chine) et Negara (15.000 places) de Kuala Lumpur (Malaisie) ou encore avec la grande mosquée (20.000 places) du sultan Qabus à Mascate (Oman).
La mosquée du 1er-Novembre, bâtie sur 7.757 m2, est un élément d’un vaste complexe islamique s’étendant sur un terrain de 27.580 m2 qui fut, lors de la période d’occupation française, un aéroport militaire. «Transformer ce site d’extermination du peuple algérien en site d’affirmation de l’identité nationale a été l’idée directrice de ce projet parrainé par le défunt commandant de la Wilaya 1 historique, le colonel Hadj-Lakhdar», rappelle un des responsables de l’association religieuse de cette mosquée, Yacine Bouzidi.
Le bâtiment principal réservé à la salle de prière est rectangulaire avec 110 fenêtres et 8 grandes portes qui y donnent accès de quatre côtés. Il repose sur 153 colonnes rondes et, est surplombé de deux grands dômes de 24,66 mètres de diamètre soutenus chacun par 8 grandes colonnes. Deux minarets monumentaux de 56 mètres de hauteur, visibles de loin, dominent l’édifice. Deux autres attendent d’être construits. Leur coût avoisine les 220 millions de dinars, affirme la même source. L’intérieur est décoré sobrement d’ornements géométriques et de belles calligraphies.
La construction de cette mosquée, mise en chantier en 1982, aura pris 21 années avant d’être inaugurée, en 2003, par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. La première prière effectuée dans ce lieu de culte avait réuni, la même année, plus de 30.000 fidèles.
Ce fut une date mémorable, se souviennent les membres de l’association religieuse qui estiment le coût de réalisation de cette mosquée «entre 500 et 600 millions de dinars» provenant, pour l’essentiel, de dons privés collectés sur deux décennies.
Actuellement, une école coranique-pilote, de cinq niveaux, attenante à cette mosquée est en voie de réalisation. Le projet mobilise 150 millions de dinars au titre du programme quinquennal 2010-2014, selon le directeur des Affaires religieuses. Le complexe islamique du 1er-Novembre qui gère un nombre important de locaux commerciaux dont les revenus contribuent aux coûts «faramineux» de sa gestion «poursuit toujours sa croissance», affirment les responsables de l’association religieuse éponyme qui indiquent avoir lancé, récemment, un concours d’idées pour la conception d’un projet permettant une exploitation «rentable» d’une partie libre du terrain.