Les observateurs de la Ligue arabe ont estimé que toutes les parties avaient fait preuve de coopération lors de leur venue mardi à Homs, où s’est déroulée une grande manifestation de l’opposition syrienne qui aurait réuni au moins 70.000 personnes.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, les forces de sécurité syriennes ont tué au moins 15 personnes mardi dans des affrontements à travers le pays, dont six à Homs.
« Il y a au moins 70.000 participants à la manifestation de Homs. Ils marchent en direction du centre et les forces de sécurité tentent de les en empêcher. Elles tirent des gaz lacrymogènes », a déclaré à Reuters Rami Abdelrahman, de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, basé en Grande-Bretagne.
Le chef des observateurs, le général soudanais Moustafa Dabi, comptait regagner Damas en fin de journée pour des entretiens avant de retourner mercredi à Homs pour retrouver son équipe restée sur place.
« La journée d’aujourd’hui a été très bonne et toutes les parties se sont montrées coopératives », a dit l’officier.
Dans une vidéo diffusée sur YouTube, montrant une discussion dans la rue entre des observateurs et des manifestants, certains opposants réclament une protection internationale.
On entend alors des tirs dans le secteur où est censé avoir été tourné la vidéo, dans le quartier de Baba Amr, qui a été pilonné par les blindés lundi, jour où 34 personnes ont péri sous les bombes et les tirs à Homs.
Peu avant l’arrivée des observateurs à Homs, grande métropole de plus d’un million d’habitants du centre-ouest du pays, certains chars d’assaut s’étaient retirés de Baba Amr, mais d’autres avaient été cachés, de manière à simuler une situation de normalité dans la ville.
« Ma maison se trouve à l’entrée Est de Baba Amr. J’ai vu au moins six chars quitter le quartier vers 08h00 du matin (06h00 GMT) », a déclaré à Reuters un habitant du nom de Mohamed Saleh joint par téléphone.
La chaîne de télévision Al Djazira a montré une foule évaluée à 20.000 manifestants sur une place de Khalidia, l’un des quatre quartiers où le sang a coulé ces derniers jours lors de combats entre des insurgés de l’Armée syrienne libre (ASL) et les forces de sécurité du régime.
« ÉLÉMENT DE SURPRISE »
On voit les manifestants clamant et agitant des drapeaux, diffusant de la musique par haut-parleurs et battant des mains. Un orateur conseille aux femmes de quitter les lieux en raison du risque de bain de sang, mais exhorte les hommes à rester.
« Nous n’avons personne d’autre que Dieu! » et « A bas le régime! », entend-on clamer les manifestants.
Les observateurs, dont une cinquantaine sont arrivés lundi en Syrie et qui seront à terme 150, souhaitent déterminer si le président syrien tient sa promesse de mettre en oeuvre le plan de paix de la Ligue arabe qui l’engage à cesser la répression après neuf mois de manifestations.
Les opposants craignent que les observateurs ne soient utilisés pour redonner un semblant de respectabilité à un régime qui aura à coeur de masquer l’ampleur des violences.
Les équipes d’observateurs vont utiliser au cours de leur mission des moyens de transport mis à leur disposition par le gouvernement syrien, a dit le général Dabi. Cette disposition laisse penser à l’opposition que la tâche des observateurs est entravée et faussée d’entrée de jeu.
A la Ligue arabe, on insiste cependant sur le fait que les observateurs comptent maintenir un « élément de surprise » et seront en mesure d’aller où ils le veulent sans préavis.
Au total, plusieurs centaines de personnes ont été tuées depuis le début de la révolte de Homs, ville de plus d’un million d’habitants du centre-ouest de la Syrie. Selon les Nations unies, au moins 5.000 personnes ont péri dans les violences à travers le pays depuis les premières manifestations, survenues à la mi-mars à Deraa, dans le Sud.
A la frontière avec la Turquie, les forces syriennes ont abattu plusieurs individus appartenant à un « groupe terroriste armé » cherchant à s’introduire en Syrie, a rapporté mardi l’agence de presse officielle syrienne Sana.
L’agence a également affirmé qu’ »un groupe terroriste armé a visé et saboté un gazoduc près de Rastan dans la province de Homs » mardi. Le même gazoduc a déjà fait l’objet de plusieurs attaques ces derniers mois et a été remis en service à chaque reprise après des coupures momentanées.
Par ailleurs, les forces syriennes ont tué mardi trois Libanais, probablement des contrebandiers, près de Boukaya, à la frontière entre les deux pays, a-t-on appris de source proche des services de sécurité libanais.
Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français