Le Centre commercial & de loisirs de Bab Ezzouar, inauguré au mois d’août, reflète le succès du nouveau modèle de distribution introduit en Algérie.
Ainsi, et selon les chiffres publiés cette semaine par l’hebdomadaire Jeune Afrique la fréquentation du nouveau centre se situerait dans une moyenne variant entre 25 000 et 30 000 visiteurs par jour. Il faut dire, aussi, que le marché algérien bénéficie d’un très gros potentiel avec plus de 35 millions de consommateurs. Un potentiel qui ne semble pourtant pas pousser les enseignes internationales à investir en masse dans ce créneau.
Alors que le marché évolue et que l’économie se redresse, les individus prêtent progressivement de plus en plus attention aux marques. Bien que le secteur de la vente au détail soit un domaine nouveau en Algérie, la population est exposée aux normes de vente étrangères, par le biais d’Internet, de la Télévision et d’autres médias et s’attend, par conséquent, à des normes élevées. Au beau milieu des années 2000 les enseignes d’hypermarché comme Champion ou encore Metro affichaient leur intention de s’installer en Algérie à travers des franchises.
Les grands détaillants internationaux ont souvent pour principe d’aborder un nouveau marché avec des partenaires franchisés locaux. Néanmoins, le flop de l’expérience Carrefour a vite fait de refroidir leurs ambitions. Beaucoup mettent à l’index la concurrence déloyale de l’informel, concurrence qui aurait dissuadé nombre d’opérateurs nationaux à investir dans la grande distribution.
Néanmoins, le secteur de la vente au détail est toujours dominé par des magasins de plus petite taille, En outre, la part du marché informel représente près de 40% de l’ensemble des échanges, un taux qui croît considérablement en dehors d’Alger. Aujourd’hui, le marché ne semble pas être assez important pour soutenir de nombreux environnements de prestige à température contrôlée, compte tenu des coûts élevés. Néanmoins, les problèmes de la grande distribution sont plus profonds.
Le cas de Carrefour a été des plus édifiants. La question du respect du cahier des charges du franchisé en termes de qualité de services s’est posé avec acuité. Il faut rappeler, dans ce sens, qu’un hypermarché est une surface approvisionnée en flux tendus et qui doit comprendre un portfolio de pas moins de 300 produits. Or, la déstructuration des circuits et l’absence de centrales logistiques pose du problème d’approvisionnement.
Dans ce sens, le groupe Cevital qui entend développer son enseigne d’Hypermarchés Uno, a lancé un programme d’investissement dans la réalisation de centrales logistiques et de chambres froides de stockage en Algérie et ce, afin d’aider à réguler le marché. Un programme d’investissement de plus de 10 milliards de dinars pour la réalisation de trois grandes centrales logistiques dont une au centre du pays, une autre à Constantine et la troisième à Sig.
D’autres centrales de moindre importance seront également installées à Aïn Defla, Biskra, El-Oued, Tlemcen et Annaba. Il faut dire, aussi, que les peines des investisseurs dans le créneau de la grande distribution ne s’arrêtent pas là. Pour eux, et malgré « l’énorme potentiel que représente le marché dans le Grand Alger, avec ses plus de 3,5 millions d’habitants, il est toujours difficile d’obtenir des terrains susceptibles d’accueillir de nouveaux supermarchés, hypermarchés ou centres commerciaux ».
D’où le nombre insuffisant de ce type de commerce »grand-public », estime un cadre du ministère du Commerce. De son côté, Alain Roland, président de la Société des centres commerciaux d’Algérie (SCCA), gestionnaire du centre commercial et de loisirs de Bab Ezzouar (Est d’Alger), indique que « l’activité de la grande distribution à Alger dispose d’un important potentiel.
Le Grand Alger peut accueillir des grandes surfaces d’une capacité totale de plusieurs centaines de milliers de m2 ». Selon lui, « toutes les conditions de nature à encourager les investisseurs dans la grande distribution en Algérie sont réunies, dont les avantages accordés par l’Agence nationale du développement de l’investissement (ANDI) ». Cela, at- il fait remarquer, n’est pas suffisant puisque « d’une façon générale, en Algérie il y a une faible présence d’enseignes internationales, principalement en raison du manque d’espaces adéquats pour qu’elles puissent développer leurs activités ».
« Il y a une demande importante dans le marché de la grande distribution à Alger, mais l’offre n’est pas suffisante », souligne M. Roland. Mais, les consommateurs algérois, dont la majorité demeure adepte des marchés et commerces de proximité, ont tendance à critiquer les prix des produits commercialisés par les supermarchés existants pour la plupart dans la périphérie d’Alger.
En effet, des Algérois s’interrogent sur »l’utilité de faire ses courses hebdomadaires dans un supermarché, qui pratique les mêmes prix que ceux affichés dans l’épicerie ou la supérette du coin. » Le centre commercial & de loisirs de Bab Ezzouar s’étend sur une surface de 45 000 m2 GLA (Gross leasable area), auquel s’ajoutent deux tours totalisant 20 000 m2 de surface de bureaux ainsi que d’un parking de 1700 places (intérieur et extérieur).
Ouvert 7/7 jours, 365 jours/an, Bab Ezzouar propose une mixité de 94 magasins, restaurants et autre activité de loisirs. Le centre se situe autour d’un splendide puits de lumière central, sur trois étages dont deux consacrés aux commerces et le troisième aux loisirs et à la restauration. Aux premières semaines d’ouverture, à l’occasion du Ramadhan, le nouveau temple de la consommation a connu une fréquentation de 60 000 visiteurs par jour, avec des pointes à 80 000 et 90000.
Ces résultats, pour le moins satisfaisants, laissent entrevoir des perspectives très intéressantes pour les promoteurs du projet. Ainsi, la Société des centres commerciaux d’Algérie (SCCA), détenue par trois groupes suisses, à savoir Valartis International (20 %), Jelmoli, l’un des leaders helvètes de la grande distribution (45 %), et la société d’investissement Darsi Investment (35%), projette d’ouvrir un deuxième centre commercial à Oran, fin 2012.
Le terrain de 5 hectares est acquis, le montage financier est en cours pour un investissement de 40 millions d’euros. Un mall dans le centre d’Alger est aussi en projet. Et les villes de Tlemcen et de Sétif ont fait part de leur intérêt pour avoir, elles aussi, leur centre commercial. Pour mémoire, le Centre commercial & de loisirs de Bab Ezzouar représente un investissement de l’ordre de 7 milliards de dinars.
La SCCA n’est pas la seule en course, le créneau semble intéresser surtout les investisseurs nationaux, à l’image du groupe Cevital qui ambitionne de développer, à travers sa filiale Numidis, 12 à 15 hypermarchés à travers le pays durant les cinq prochaines années, et du groupe Dahli qui, s’étant remis de l’échec de l’expérience en franchise avec Carrefour, relance son projet de réalisation de 18 hypermarchés à travers le pays sous l’enseigne Ardis. Il faut dire que la culture du « shopping » laisse entrevoir de bonnes possibilités pour le secteur de la vente au détail de qualité à Alger.
Alors que le marché évolue et que l’économie se redresse, les individus prêtent progressivement de plus en plus attention aux marques. Bien que le secteur de la vente au détail soit un domaine nouveau en Algérie, la population est exposée aux normes de vente étrangères, par le biais d’Internet, de la télévision et d’autres médias et s’attend, par conséquent, à des normes élevées.
Une sensibilisation croissante aux marques incitera les investisseurs à s’intéresser davantage à la création de nouveaux centres commerciaux. En outre, cette tendance visera à relier le secteur de la vente au détail aux infrastructures de divertissement et de loisirs. Aussi, l’accroissement du revenu personnel disponible et des niveaux des dépenses commencent à peser.