Grande-Bretagne : Le gouvernement durcit les conditions d’octroi de la nationalité

Grande-Bretagne : Le gouvernement durcit les conditions d’octroi de la nationalité

Le Royaume-Uni entend resserrer les conditions d’acquisition de la nationalité.

Le lancement d’une large consultation en vue d’instaurer un système de points nécessaires à l’obtention du passeport aux armes de la reine atteste ce durcissement.



Par ailleurs, en vertu de la proposition annoncée le 3 août, la période d’attente passerait de cinq à dix ans.

« Il s’agit d’une nouvelle conception de citoyenneté exigeant des futurs Britanniques d’accumuler des points en fonction de critères bien précis », a indiqué le ministre de l’intérieur, Alan Johnson.

Les candidats recevront des bons et des mauvais points basés sur la connaissance de l’anglais, la qualification, la participation à la vie associative, le respect de la loi et des institutions de leur future patrie.

Le lieu de résidence entrera également en compte dans l’attribution des points dans la mesure où il s’agit de favoriser les régions, telle l’Ecosse, à la population vieillissante.

En revanche, des points seront déduits si le quémandeur a un casier judiciaire chargé.

Le comportement antisocial, à l’instar du vandalisme, sera pénalisé.

« Ceux qui font preuve d’un profond mépris pour les valeurs britanniques », par exemple en insultant les forces armées, seront aussi punis.

L’histoire ainsi que le système politique et juridique du royaume figureront dans le test de citoyenneté de questions à choix multiple actuellement en vigueur mais qui ne concerne pour l’instant que la vie quotidienne.

Depuis 2005, les candidats doivent se soumettre aussi à un test de langue.

De plus, lors d’une cérémonie de naturalisation, les nouveaux sujets doivent prêter serment à la Couronne et proclamer leur loyauté envers l’Etat avant d’entonner l’hymne national.

En 2008, quelque 125 000 résidents sont devenus Britanniques.

« Gagner le droit de rester » (Earning the Right To Stay) : comme l’indique le titre du document, il s’agit dans l’esprit du gouvernement de souligner que l’obtention du passeport est un choix personnel assorti de droits, de devoirs et d’une volonté d’intégration.

Par ailleurs, ce système permet de mieux tenir compte des besoins de l’économie en immigrants.

Le Royaume-Uni, traditionnellement plus ouvert à l’immigration que beaucoup de pays d’Europe, entend gérer plus étroitement les flux migratoires.

Il s’agit aussi d’éviter les effets néfastes du communautarisme, sur la sellette depuis les attentats du 7 juillet 2005 perpétrés par de jeunes musulmans nés au Royaume-Uni.

De surcroît, l’opinion a été choquée par les manifestations récentes d’extrémistes islamistes lors du défilé de troupes militaires de retour d’Afghanistan.

Enfin, le ministère de l’intérieur est conscient que la récession et la hausse du chômage ont exacerbé la xénophobie.

La montée des agressions racistes, les grèves contre l’emploi de travailleurs étrangers et la percée du parti d’extrême droite, le British National Party (BNP) aux élections européennes de juin en témoignent.

Le Conseil pour le bien-être des immigrés estime que ces propositions « à forte connotation électoraliste » vont rendre l’intégration plus difficile.

De fait, cette proposition, appelée à devenir un projet de loi à l’issue de trois mois de consultation des acteurs sociaux, n’est pas dénuée d’arrière-pensées électorales.

A l’approche des élections législatives, qui se tiendront au plus tard en mai 2010, le gouvernement entend démontrer sa détermination sur le dossier très sensible de l’immigration.

En tête des sondages, l’opposition conservatrice martèle le thème très porteur de l’échec des contrôles et exige le durcissement des procédures de délivrance des permis de séjour.

Le jour de la présentation du futur système à points, un clandestin a d’ailleurs réussi à pénétrer sur le territoire britannique en se cachant sous un bus transportant des… agents de l’immigration.