Grande-Bretagne : Le bilan des 200 soldats tués en Afghanistan relance la controverse

Grande-Bretagne : Le bilan des 200 soldats tués en Afghanistan relance la controverse
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Le franchissement ce week-end de la barre symbolique des 200 soldats britanniques tués en Afghanistan relance le débat au Royaume-Uni sur un engagement de plus en plus controversé, à quelques jours des élections afghanes.

Le ministère britannique de la Défense (MoD) a annoncé samedi soir la mort du 200e soldat de Sa Majesté, des suites de blessures infligées lors d’une explosion survenue dans la province méridionale du Helmand, bastion des talibans où sont stationnés la plupart des Britanniques.

Quelques heures plus tard, dimanche matin, le MoD annonçait un autre décès, portant à 201 le bilan des pertes britanniques subies depuis le lancement des opérations en 2001.

Dix soldats ont été tués depuis le début août et 22 pour le seul mois de juillet, le pire bilan mensuel depuis l’engagement britannique en Afghanistan.

Cet été particulièrement meurtrier est imputé à l’offensive « Griffe de panthère », lancée fin juin dans le Helmand et qui a pour but de sécuriser des zones instables en vue des élections présidentielle et provinciales de jeudi.

Cette offensive a poussé Londres à renforcer son contingent sur place, déjà le second en importance derrière les Etats-Unis, pour le porter à plus de 9.000 soldats.

Les pertes encourues depuis le début 2009 en Afghanistan font déjà de cette année la plus meurtrière depuis la guerre des Malouines en 1982.

L’annonce du franchissement de la barre des 200 morts a poussé le Premier ministre Gordon Brown à sortir de sa réserve estivale.

« Nous ne devons jamais oublier pourquoi nous sommes en Afghanistan… Les trois quarts des complots terroristes qui touchent la Grande-Bretagne puisent leur origine dans les régions montagneuses du Pakistan et d’Afghanistan et c’est pour la sécurité de la Grande-Bretagne et du reste du monde que nous devons nous assurer d’honorer notre engagement en vue de stabiliser l’Afghanistan », a déclaré M. Brown depuis l’Ecosse, où il passe ses vacances.

« C’est un été très difficile… mais nous avons montré que, avec l’opération Griffe de panthère, nous pouvons réaliser des progrès en créant un espace où les élections pourront avoir lieu », a-t-il ajouté.

« Nous réalisons de bons progrès », a renchéri le ministre de la Défense, Bob Ainsworth, assurant que près de 80.000 Afghans avaient été placés hors de portée de la « tyrannie des talibans » grâce à l’opération « Griffe de panthère ».

Les commentaires officiels n’ont cependant pas empêché que ressurgissent les critiques sur l’engagement en Afghanistan, de plus en plus controversé.

Faisant référence aux trente ans de violences qui ont secoué l’Irlande du Nord, Graham Knight, dont le fils a été tué en Afghanistan, a estimé qu’il « suffisait de revenir aux expériences vécues en Irlande du Nord pour réaliser qu’il est temps de mettre un terme à l’action militaire » en Afghanistan.

Anthony Philippson, qui a également perdu un fils dans le conflit, a quant à lui estimé « amoral » d’envoyer des soldats au front avec un équipement « inadéquate ».

Le gouvernement est régulièrement accusé de ne pas fournir du matériel de qualité, et en quantité suffisante.

« Nous devrions marquer cette (200e) mort avec un engagement ferme à mettre un terme à cette guerre », a estimé Lindsey German, de la coalition « Stop the War » (« Arrêtez la guerre »). « Nous soutenons un gouvernement corrompu (en Afghanistan) et nous faisons de la Grande-Bretagne un endroit encore plus dangereux », a-t-elle jugé.

Selon un récent sondage réalisé fin juillet, une majorité (58%) des Britanniques considèrent que la guerre en Afghanistan est vouée à l’échec et que les soldats doivent être rapatriés rapidement.