Brawn GP s’est offert un nouveau doublé en Espagne avec la victoire de Jenson Button devant Rubens Barrichello. Mark Webber complète un podium une nouvelle fois déserté par Ferrari.
Le film de la course :
Ce n’est pas un hasard si un géant du cinéma avait choisi Brawn GP pour faire la promotion ponctuelle du prochain film Terminator Renaissance sur les monoplaces de l’équipe britannique. Comme l’indestructible cyborg, la monoplace blanche balaye presque tout sur son terrain depuis le début de la saison. Et à bord de l’impressionnante machine, Jenson Button a un peu plus écœuré la concurrence en décrochant une quatrième victoire dans le championnat 2009. Le coup de poker de Rubens Barrichello, engagé dans une stratégie très offensive, n’a pas été récompensé.
Pourtant, le Brésilien avait réussi l’entame de course parfaite. Une fois le crash du deuxième virage passé (voir zoom sur le départ) et le retrait de la voiture de sécurité, il s’est installé confortablement aux avant-postes avec une grosse seconde d’avance sur le futur vainqueur après 16 tours couverts. Les Brawn GP faisaient d’ailleurs rapidement le trou sur les premiers poursuivants (dans l’ordre Massa, Vettel, Webber puis Alonso) avant les premiers arrêts aux stands. Une valse de ravitaillements qui profitait au leader qui gagnait encore une petite poignée de secondes sur son dauphin.
Plus loin dans le trafic, Lewis Hamilton (14e sur la grille) rentrait dans le Top 10 en retardant au maximum son premier arrêt. Mais dans une course à la hiérarchie figée et sur un circuit où il est difficile de doubler, le champion du monde peinait à tirer son épingle du jeu. Il s’en sortait tout de même mieux que Robert Kubica (11e à l’arrivée) ou Kimi Räikkönen, contraint à l’abandon au 18e tour après une panne subite de la Ferrari. Loin de ses préoccupations, Rubens Barrichello maintenait son rythme d’enfer devant. Le Pauliste adoptait une stratégie différente de celle de son coéquipier avec trois arrêts. Une erreur puisque Button, parti sur deux arrêts, s’emparait de la tête pour ne plus la quitter. L’Anglais était suivi de près par Felipe Massa et Sebastian Vettel. Le pilote Ferrari, sous la pression d’une Red Bull plus rapide, devait une fière chandelle à son KERS qui l’aidait à préserver son podium. Un temps du moins puisque Mark Webber profitait de la relative lenteur de la F60 et de Vettel coincé derrière pour revenir petit à petit sur le duo. Le champ ouvert, l’Australien fondait comme un boulet sur les deux hommes avec un rythme d’enfer et s’emparait finalement de la troisième place après la deuxième salve des ravitaillements.
Et le pire était à venir pour Massa qui apprenait via sa radio qu’il devrait lever le pied en raison d’une quantité d’essence un peu trop juste ! Le Brésilien finissait par obéir aux ordres à quatre tours de l’arrivée et s’effaçait devant Vettel. A l’agonie et obligé de se traîner pour ne pas tomber en panne sèche, le pilote Ferrari se faisait même déposer par Fernando Alonso à quelques centaines de mètres de l’arrivée. Devant, Rubens Barrichello ne parvenait pas à tirer profit de sa stratégie risquée en fin de course. Le Brésilien laissait Jenson Button filer tranquillement vers un nouveau triomphe et Brawn GP signer son deuxième doublé de la saison.
Zoom sur le départ :
En tête au premier virage, Rubens Barrichello déposait Jenson Button devant Felipe Massa. Obligé de mordre sur la pelouse car légèrement tassé par la Red Bull de Vettel, le Brésilien finissait par prendre le dessus sur le prodige allemand. Mais derrière, c’est le carambolage. Après avoir fait un tour par les gravillons dans le deuxième virage, Jarno Trulli revenait sur la piste en travers. La meute derrière lui ne pouvait l’éviter : un spectaculaire accrochage impliquait sa Toyota, les deux Toro Rosso de Sebastian Buemi et Sebastien Bourdais mais aussi la Force India d’Adrian Suril. Les quatre voitures dans le décor et une pluie de débris sur la piste obligeaient la voiture de sécurité à rentrer en piste durant dix bonnes minutes.
Zoom sur la manœuvre :
Deux dépassements de main de maîtres dans la ligne droite des stands. Le premier de Felipe Massa au départ sur Sebastian Vettel. D’entrée sous la pression du Brésilien avantagé par le KERS, l’Allemand n’a pas hésité à se décaler sur la droite pour tasser la Ferrari qui mordait sur le gazon. Les nerfs du vice-champion du monde tenaient et la F60 finissait par s’emparer de la troisième place avant le virage. La passe d’arme entre Webber et Alonso n’était pas moins spectaculaire. En milieu de ligne droite, la Renault prenait l’aspiration sur la Red Bull. L’Australien se décalait pour empêcher l’Espagnol de passer. Ce dernier était obligé de manger sur la voie de lancement à la sortie des stands pour s’emparer de la 5e place. Un temps seulement puisque le pilote des Antipodes reprenait avec autorité sa place avec un superbe freinage.
Le flop :
Mais que se passe-t-il au sein de la Scuderia ? Durant les qualifications, samedi, elle avait adopté une stratégie catastrophique avec Kimi Raïkkönen qui pensait avoir signé un chrono assez performant pour passer en Q2. Grossière erreur puisque le Finlandais et ses dirigeants comprenaient trop tard que la F60 allait passer à la trappe dès la première phase. Et dimanche, l’écurie italienne a prévenu Felipe Massa en fin de course qu’il lui fallait lever le pied pour ne pas être victime d’une panne d’essence. Comment ne pas avoir calculé et anticipé ce problème lors du ravitaillement ? Le Brésilien a dû laisser filer sa 4e place pour terminer 6e. C’est d’autant plus regrettable que la F60 semble avoir largement progressé depuis la dernière sortie.
Le chiffre : 3
Comme le nombre de points que compte Felipe Massa après cinq courses. En Espagne, le vice-champion du monde a enfin ouvert son compteur. Le Brésilien se retrouve 12e du championnat.
Classement du Grand Prix d’Espagne:
1. Button (GB, Brawn GP) 1h37’19 »202
2. Barrichello (Bré, Brawn GP) + 13 »056
3. Webber (Aus, Red Bull) +13 »924
4. Vettel (All, Red Bull) +18 »941
5. Alonso (Esp, Renault) +43 »166
6. Massa (Bré, Ferrari) +50 »827
7. Heidfeld (All, BMW) +53 »307
8. Rosberg (All, Williams) +1’05 »211
9. Hamilton (Ang, McLaren) + 1 tour
10. Glock (All, Toyota) +1 tour0
11. Kubica (Pol, BMW) +1 tour
12. Piquet Jr (Bré, Renault) +1 tour
13. Nakajima (Jap, Williams) +1 tour
14. Fisichella (Ita, Force India) + 1 tour
Räikkönen (Fin, Ferrari) ab
Kovalainen (Fin, McLaren) ab
Bourdais (Fra, Toro Roso) ab
Buemi (Sui, Toro Rosso) ab
Sutil (All, Force India) ab
Trulli (Ita, Toyota) ab