Le Grand Moyen-Orient (Gmo) est une initiative américaine qui s’est construit une vision du monde arabe. Cet espace géographique va du Maroc à l’Ouest au Pakistan à l’Est.
Ce projet consiste essentiellement à proposer des réformes politiques, économiques et sociales pour la région. Condoleezza Rice disait à l’époque que pour combattre le terrorisme, il fallait créer ce projet pour la région pour sortir de l’autoritarisme. Selon elle, c’est l’autoritarisme qui crée le terrorisme. Les Etats-Unis voulaient faire de la Turquie un modèle pour les pays arabes. Pour ces derniers, le projet est externe et imposé par l’étranger.
C’est pourquoi la Ligue arabe a proposé un projet de modernisation qui soit interne et non pas externe», certifie le Dr Mustapha Saïdj, politologue et enseignant en sciences politiques et relations internationales à l’Université d’Alger. Pour le Dr Mhand Berkouk, enseignant en sciences politiques et relations internationales au sein de la même université, ce projet est une tentative de recomposition de «la région Mena plus le Proche-Orient au sens américain». «Ce Grand Moyen-Orient est composé de 22 pays arabes, d’ Israël, de la Turquie, de l’Iran, du Pakistan, de l’Afghanistan, du Bangladesh… Ce sont des Etats qui ont des cultures, des économies et des systèmes politiques différents. Mais c’est une initiative qui tente de diluer sur le plan identitaire toute une région pour trouver une place à Israël», détaille Dr Berkouk. L’idée principale de ce projet du Grand Moyen-Orient est, selon le Dr Saïdj, d’amener une certaine paix et stabilité dans la région en y instaurant des régimes démocratiques. Ainsi, on ne parlera plus de terrorisme et Israël ne sera plus un ennemi pour les pays arabes.
«On veut procéder à un rapprochement avec Israël», souligne-t-il. Ce projet a été proposé par l’Administration Bush pour sortir le monde arabe de l’autoritarisme et éliminer le terrorisme et ce, à travers la stratégie du «chaos constructeur». «C’est-à-dire, on installe le chaos dans la région pour ensuite instaurer la démocratie, selon la stratégie et les intérêts des Occidentaux», précise le Dr Saïdj. En 2004, l’approche était de faire appel à l’apport du G8 dans le projet.
D’ailleurs, au sommet de 2008 en Géorgie, il y avait cette volonté d’élargir le Moyen-Orient avec une illusion de réformes politiques au sens de démocratisation, plus de choix, de pluralisme d’idées, d’outils, mais surtout avec une volonté de stabilité.
Et sur le plan économique, davantage d’ouverture des marchés aux investissements mais aussi aux produits. «Mais on a vu que dès le ‘’déluge’’ des débats concernant la réforme de l’article 76 en Egypte, qui stipule que chaque Etat a le droit d’initier les réformes politiques et économiques qu’il juge nécessaires et pertinentes, Bush s’est rétracté», fait remarquer le Dr Berkouk.