Grand Maghreb Construction, enjeux économiques et géostratégiques

Grand Maghreb Construction, enjeux économiques et géostratégiques
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Pour ma part lors d’un déplacement aux USA lors d’une rencontre avec un grand responsable au département du trésor US à Washington, j’avais émis cette hypothèse naïvement que le Maghreb devait tirer profit des divergences entre la France et les États unis d’Amérique.

Il m’avait répondu clairement ; «il n’y a parfois que des divergences tactiques de court terme, mais aucune divergence stratégique entre les États-Unis d’Amérique et la France et plus globalement avec l’Europe». J’en ai tiré la leçon afin de comprendre les enjeux géostratégiques et j’ai été étonné que certains veuillent encore opposer les USA à la France sur le dossier du Sahel et notamment du Mali 

se croyant encore aux années 1960-1970 de la confrontation des blocs. Cela aurait été une erreur de croire qu’au conseil de sécurité, il y aurait une opposition de la Russie et de la Chine qui ont avalisé d’ailleurs l’intervention militaire française, n’ayant pas d’intérêts stratégiques dans la région, et également pour des raisons internes ne voulant pas être confrontées à des mouvements extrémistes islamistes en Tchétchénie en Russie et des centaines de milliers de musulmans en Chine.

Pour le cas du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie qui ont qui a signé l’Accord de libre-échange avec l’Europe, en matière de défense et de sécurité, des consultations relatives a la mise en place d’un dialogue entre le Maghreb et l’Union européenne ont lieu sous forme de consultation informelle et de réunions formelles. Mais il serait souhaitable des clarifications portant sur deux questions jugées fondamentales : la valeur ajoutée de cette offre de dialogue par rapport au dialogue méditerranéen de l’OTAN et la coopération de lutte contre le terrorisme avec l’UE dans le cadre de la PESD. D’une manière générale, et au vu de ce qui se passe au Sahel, il y a urgence pour le Maghreb, par rapport aux nouvelles réalités mondiales, une stratégie d’adaptation. Pour ma part lors d’un déplacement aux USA lors d’une rencontre avec un grand responsable au département du trésor US à Washington, j’avais émis cette hypothèse naïvement que le Maghreb devait tirer profit des divergences entre la France et les États unis d’Amérique. Il m’avait répondu clairement ; «il n’y a parfois que des divergences tactiques de court terme, mais aucune divergence stratégique entre les États-Unis d’Amérique et la France et plus globalement avec l’Europe». J’en ai tiré la leçon afin de comprendre les enjeux géostratégiques et j’ai été étonné que certains veuillent encore opposer les USA à la France sur le dossier du Sahel et notamment du Mali se croyant encore aux années 1960-1970 de la confrontation des blocs. Cela aurait été une erreur de croire qu’au conseil de sécurité, il y aurait une opposition de la Russie et de la Chine qui ont avalisé d’ailleurs l’intervention militaire française, n’ayant pas d’intérêts stratégiques dans la région, et également pour des raisons internes ne voulant pas être confrontées à des mouvements extrémistes islamistes en Tchétchénie en Russie et des centaines de milliers de musulmans enChine. Il est entendu qu’à la fin de toute guerre ce sera la diplomatie qui prendra la relève. D’autant plus que ce qui se passe au Sahel, aux portes du Maghreb peut avoir des répercussions sur la tant sur toute la région Europe/Afrique via le Maghreb, sans compter que bon nombre de familles notamment Touaregs du Sud ont des liens étroits souvent familiaux avec les familles au niveau du Sahel et notamment au Mali. La situation actuelle au Sahel pose la problématique de la sécurité de l’urgence de l’intégration du Maghreb, la non-intégration faisant perdre plusieurs points de croissance condition de lutte contre le chômage, le terrorisme se nourrissant de la misère en se livrant au trafic de tous genres, rançons, drogue, armes, etc.. Pour cela, des stratégies d’adaptation au nouveau monde pour le Maghreb sont nécessaires, étant multiples, nationales, régionales ou globales mettant en compétition/confrontation des acteurs de dimensions et de puissances différentes et inégales. Face aux menaces communes et aux défis lancés à la société des nations et à celles des hommes, les stratégies de riposte doivent être collectives. Cependant, dès lors qu’elles émanent d’acteurs majeurs et de premier plan, elles s’inscrivent dans une perspective globale et cachent mal des velléités, car évoluant dans un environnement géopolitique régional que des acteurs majeurs façonnent aujourd’hui à partir de leurs intérêts et des préoccupations stratégiques qui leurs sont propres. Cette région est l’objet de toutes les convoitises (notamment USA via Europe/ Chine), car incluse dans une sous-région qui n’en finit pas de vouloir se construire, au sein du continent Afrique qui est un enjeu géostratégique majeur au XXIe siècle avec plus de 25% de la population mondiale avec d’importantes ressources non exploitées, sous réserve d’une meilleure gouvernance et d’intégration sous-régionales à l’horizon 2030 l’axe de la dynamisation de la croissance de l’économie mondiale devant se déplacer de l’Asie vers l’Afrique. Le Maghreb, sous segment de ce continent, est appelé à se déterminer par rapport à des questions cruciales et à relever des défis dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils dépassent en importance et en ampleur les défis qu’il a eu à relever jusqu’à présent.

En conclusion, il y a urgence de l’instauration d’un État de droit tenant compte de son anthropologie culturelle pour l’ensemble des pays du Maghreb, supposant le développement des libertés politiques, sociales et économiques dont la participation de la femme à la gestion de la cité signe de la vitalité de toute société. Devant laisser de côté les problèmes politiques pour l’instant, l’on peut faire avancer cette intégration par des synergies cultuelles et économiques comme cela s’est passé entre l’Allemagne et la France grâce au programme Schuman du charbon et de l’acier. Par exemple, et les exemples sont nombreux entre tous les pays du Maghreb, la combinaison du gaz algérien et du phosphate marocain au moyen de co-partenariats internationaux bien ciblés permettrait de créer une des plus grandes entreprises d’envergure mondiale d’engrais. A l’avenir, il y a lieu de penser à dynamiser la banque maghrébine d’investissement, la création d’une monnaie maghrébine condi-tionnée par la résolution de la distorsion des taux de change et la création de banque centrale maghrébine et également penser à la création d’une bourse maghrébine qui devrait s’insérer à l’horizon 2020 au sein du projet de création de la Bourse euro-méditerranéenne.

Le Maghreb contribuera ainsi à la valeur ajoutée mondiale, devant éviter tant cette concentration injuste du revenu mondial (l’Europe et les États-Unis pour moins d’un milliard d’habitants sur les sept qui peuplent la planète concentrent plus de 40% de la richesse mondiale) que le chauvinisme étroit qui sous-tend la protection d’intérêts rentiers occultes. La stabilité de l’ensemble de la région, notamment au Sahel, suppose une entente régionale et une coopération active avec l’ensemble de la communauté internationale, car le terrorisme est une menace planétaire. L’objectif stratégique pour les Maghrébins est de rassembler et non de diviser, de réaliser ce vieux rêve d’intégration du Maghreb, afin d’éviter la marginalisation de cet espace stratégique au sein de l’économie mondiale. Certes, c’est encore un rêve, mais il est possible de le réaliser, tous ensemble, en dépassant les divergences conjoncturelles. Les défis sont nombreux et les obstacles ne sont pas à négliger, mais la société civile, les entrepreneurs ont un rôle stratégique à jouer pour dépassionner les relations.

Suite et fin

Dr Abderrahmane Mebtoul, expert international