Gouvernement/Peuple: Le Divorce ?

Gouvernement/Peuple: Le Divorce ?

Ali-Belhadj-souille-la-sépulture-de-feu-Hocine-Aït-Ahmed.jpgParmi les images que l’on retiendra des obsèques de Hocine Ait Ahmed, il y en a deux qui nous ont particulièrement intrigué, deux images intimement liées, donnant un aperçu très limpide de « l’impopularité » de notre gouvernement auprès des citoyens: La première, le renvoi du Premier ministre Abdelmalek Sellal et de sa délégation, et la deuxième, la présence de l’ex-leader du FIS, Ali Belhadj, l’un des instigateur de la terrible décennie noire que notre pays a subit, sans qu’il ne soit nullement inquiété, ou quelque peu dérangé.

Alors, deux questions se pose : Comment peut-on tolérer la présence d’une personne dont les paroles ont poussé tout un peuple dans les abîmes d’une guerre fratricide, laissant derrière elle des centaines de milliers de morts? A quel moment le gouvernement algérien a-t-il divorcé définitivement avec son peuple?

Certains diront que la présence d’Ali Belhadj témoigne de la tolérance du village natale d’Ait Ahmed, d’autres parle « d’incompréhension et d’indignation de la part des citoyens Kabyles, qui bien qu’attachés à l’une de leurs valeurs sacrées, l’hospitalité, jugent que cette dernière a des limites qu’il ne faut point dépasser. « , allant même dire que la visite de Belhadj a « souillé » la sépulture du défunt.

Quant au renvoi du convoi du Premier ministre, il y a un élément de réponse: La mort de cette figure de proue de l’opposition a contribué à creuser encore plus le fossé qui sépare les gouvernants des gouvernés. Pire, elle a ravivé toutes les rancœurs cumulées depuis des années contre un régime à bout de souffle, mais qui refuse de se réformer, quitte à risquer de mener l’Algérie vers le chaos.

En voulant se rendre à Aït Yahia pour l’enterrement, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a d’ailleurs pu vérifier à ses dépens toute l’étendue du fossé qui a continué à se creuser entre le régime en place et la population, cet acte est révélateur d’un divorce sur le point d’être consommé entre le peuple et les gouvernants, si ce n’est déjà fait. Le pouvoir aura, en tout cas, tenté de montrer patte blanche, en exprimant la volonté de rendre au moudjahid l’hommage officiel qu’il aurait mérité, mais sa tentative s’est heurtée aux dernières recommandations du défunt et à la position de la population. La mort de cet homme aura visiblement contribué à catalyser un peu plus le rejet du pouvoir et de tout ce qu’il représente.