Le Comité national de suivi des engagements du Pacte National Economique et Social de Croissance vient de finaliser son 2ème rapport d’étape pour le faire approuver par la 18ème tripartite dont la réunion se tient aujourd’hui à Biskra.
Après avoir élaboré son premier rapport d’étape en juin 2014 et actualisé en septembre de la même année pour le présenter à la 17ème réunion tripartite, le comité tripartite (Gouvernement-UGTA-Patronat) a retenu dans son 2è rapport d’étape 8 principales thématiques qu’il affirme avoir «passées en revue en termes de degré de mise en œuvre». Il s’agit pour ne pas changer des tripartites précédentes de «l’amélioration du climat des affaires, la promotion de l’investissement, l’appui aux entreprises, le développement de l’agro-industrie, la promotion des exportations, la promotion de la production nationale, le développement des instruments d’appui et de mesure d’évaluation, l’amélioration des conditions de travail, promotion du dialogue et de la concertation professionnelle». Les rédacteurs de ce rapport font savoir aussi que «des propositions d’actions ont été formulées par les différentes parties (Gouvernement, UGTA, Patronat) pour une prise en charge aussi large qu’efficace des engagements pris».
Délocalisée à Biskra, la 18ème réunion tripartite l’a été pour des considérations de «promotion de l’expansion économique de cette wilaya notamment dans l’agroalimentaire», nous dit le SG de l’UGTA qui n’oublie pas de préciser que «Biskra est aussi la porte du Sahara, frontalière avec des zones en feu».
LES BLOCAGES DE L’INITIATIVE ENTREPRENEURIALE
Les partenaires sociaux ont ainsi retenu dans leur rapport «la nécessité de mettre en œuvre des mesures spécifiques en direction du secteur de l’agroalimentaire compte tenu de son importance pour la sécurité alimentaire ainsi qu’en faveur du développement du secteur des exportations hors hydrocarbures».
Ils veulent aussi réussir «la défense et l’élargissement de la production nationale, l’appui au développement des capacités compétitives des entreprises pour soutenir la concurrence par les prix qu’imposent l’ouverture économique et la concurrence des importations, l’appui à la qualité de la production pour soutenir la montée en gamme des produits nationaux et leur permettre de faire face à la concurrence par la qualité et la valorisation des compétences». Ils rappellent à cet effet que «la défense et l’élargissement de la production nationale a bénéficié d’une batterie de mesures à l’exemple du crédit à la consommation, la protection d’une manière soutenue des industries naissantes, l’activation, lorsque nécessaire, de clauses de sauvegarde de la production nationale et autres, la réservation autant que possible de la commande publique aux entreprises nationales». Mais, estiment-ils, «ces mesures ne peuvent produire leur plein effet sans une politique résolue de promotion de l’offre permettant aux entreprises de faire face à la concurrence des importations». Importations dont le taux, est-il noté dans le rapport, a augmenté de 14% durant la période 2000-2013. «C’est, reconnaissent les partenaires sociaux, «un rythme d’augmentation qui dépasse significativement celui du PIB indiquant ainsi une hausse continue de la propension à importer de l’économie nationale».
En plus des décisions prises, autres que celles relatives à la réduction de la pression fiscale inscrites dans la loi de finances, les partenaires sociaux se sont entendus pour noter dans leur rapport que «les obstacles à l’accès aux facteurs de production, que ce soit par une offre insuffisante ou une régulation déficiente des marchés, est une source de blocage de l’initiative entrepreneuriale décourageant l’investissement et restreignant le développement du tissu économique national».
DU GRE A GRE AUX EXONERATIONS DE TAXES
Il est reconnu que parmi les mesures retenues pour corriger ces insuffisances, «le gouvernement a exonéré des droits de douane les intrants utilisés dans la fabrication de produits sidérurgiques et les bruts de fonderie et d’autres produits importés notamment par les industries de l’automobile». Il faut croire que c’est l’installation du hangar de montage de Renault à Oued Tlelat (Oran) qui a réussi à faire lever de telles contraintes. L’on rappelle que toutes les pièces nécessaires au montage de la Symbol ramenés des ateliers du constructeur français ouverts dans des pays de l’Europe de l’Est, sont exonérées des droits de douane.
L’autre raison des exonérations, est-il écrit dans le rapport des signataires du pacte économique et social de croissance, «le risque que les intrants des entreprises soient alourdis à cause de l’ajustement à la baisse du dinar afin de retrouver sa parité d’équilibre compatible avec les fondamentaux de l’économie». L’on lit par ailleurs que le gouvernement a renoué avec le gré à gré en donnant son accord pour le lancement par ce mode de conclusion des marchés, de l’étude, du contrôle et du suivi de la réalisation de 31 parcs industriels sur les 49 programmés. Les partenaires sociaux veulent qu’en plus des mesures de soutien inscrites dans la LF, que «certaines activités industrielles ouvrent droit au bénéficie de l’exonération temporaire pour une durée de 5 ans de l’IBS, celle de la TAP sans condition de création d’emplois et d’une bonification de 3% du taux d’intérêt applicable aux prêts bancaires».
Le patronat promet de créer «prochainement un label Origine Algérie garantie dans le but de s’assurer de la qualité des produits nationaux». Il est d’ailleurs question de mettre en place «un système national de la qualité».
LE PRIVE, DELEGATAIRE DU SERVICE PUBLIC ?
La délégation de service public est tout aussi nouvelle ou plutôt officielle. «L’autorité délégante agissant pour le compte de l’institution ou l’administration publique concernée, peut confier au délégataire (privé) la réalisation d’ouvrages ou l’acquisition de biens nécessaires au fonctionnement du service public». Les privés en tireront certainement de grands profits.
Les partenaires sociaux n’ont pas manqué de rapporter dans leur rapport «les données du Doïng Business publiées en octobre 2014 par la Banque Mondiale (qui) indiquent que l’engagement de notre pays dans l’amélioration du climat des affaires n’est pas encore en ligne avec ce vaste mouvement de réforme et d’instauration des meilleures pratiques que l’on observe à travers le monde».Le Doïng Business, rappellent-ils, classe l’Algérie à la 154ème position sur un ensemble de 189 pays. «En termes de distance à la frontière de l’efficacité, le meilleur résultat enregistré concerne la création d’entreprises alors que le pays apparaît largement désavantagé dans l’octroi du crédit comparativement au reste du monde», disent-ils
A propos de la chute du prix du pétrole, ils avouent que «ce que nous considérons aujourd’hui comme une conjoncture risque de s’avérer une transition structurelle à l’échelle mondiale, une marche vers un nouveau modèle énergétique risquant de frapper d’obsolescence les actifs dont dispose le pays». Ils se résignent à reconnaître que «les évolutions de la scène mondiale nous laissent constater que leurs conséquences sur le plan macroéconomique risquent d’être fortement négatives».
Un déficit de la balance commerciale au cours du 1er semestre 2015 de 8,2 milliards de dollars, un autre du solde global de la balance de paiement de l’ordre de 14, 4 milliards de dollars, un creusement des déficits publics, une forte contraction des réserves de change ( ), les laissent lâcher qu’«aujourd’hui, on assiste à un croisement des courbes d’importation et d’exportation qui entraînera au cours de cette année pour la première fois depuis au moins 15 ans, un déficit de la balance commerciale».