Le Premier ministre exige, de l’ensemble des administrations publiques, de «réduire les dépenses de fonctionnement d’au moins 4% et celles des prestations téléphoniques et les achats de fournitures d’au moins 20%.»
Le secrétaire général du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales a saisi, durant ce mois de septembre, l’ensemble des responsables des administrations publiques pour leur transmettre l’instruction du Premier ministre, les exhortant « à faire observer une plus grande rigueur, dans la gestion des ressources financières mises à la disposition des gestionnaires des services déconcentrés et décentralisés de l’Etat et des Collectivités locales ainsi que celles des établissements publics locaux.» C’est une instruction qui, précise-t-il, est additive à une première du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, relatives, toutes les deux, «,à la rationalisation des dépenses publiques.» Dans ce cadre, écrit-il «il vous est demandé de veiller à faire réduire les dépenses de fonctionnement d’au moins 4% et celles des prestations téléphoniques et les achats de fournitures, d’au moins 20%. » Le Premier ministre estime qu’«il s’agit-là de mesures non exhaustives qu’il est nécessaire de faire respecter et qu’il vous appartient de compléter.» Habitués à offrir des cadeaux, de fin d’année, parfois de grande valeur, « aux hauts fonctionnaires de l’Etat et aux amis », les responsables des administrations publiques devront s’y abstenir, cette année, conformément aux instructions de Abdelmalek Sellal et de son ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Mohamed Bedoui, qui les considèrent comme «des dépenses superflues ». En effet, on lit dans l’instruction qui leur a été adressée, récemment, que «les dépenses superflues telles que les présents de fin d’année, sont strictement interdits et des mesures de rigueur budgétaire sont à faire observer, concernant les frais des fêtes, des cérémonies et des activités protocolaires officielles.»
DES OPERATIONS DE CONTROLES «NECESSAIRES»
Le Premier ministre exige qu’ «un dispositif de contrôle et de suivi doit être, également, mis en place pour vérifier la mise en œuvre effective des instructions sus-énoncées.» A cet effet, le secrétaire général leur fait savoir qu’ «il vous est demandé de mobiliser l’inspection générale de la wilaya, pour effectuer les opérations de contrôles nécessaires et faire face à toute contrevenue, en engageant les sanctions juridiques et administratives, à l’encontre des responsables défaillants.» Le responsable du ministère précise, en dernier, qu’il attire «l’attention de chacun sur la nécessité de veiller, personnellement, à la mise en œuvre effective et diligente de la présente et il est attendu une concrétisation, effective, de cette orientation dans l’élaboration des futurs budgets locaux.» Fini le discours optimiste fondé sur la rente pétrolière ? « Nous avons les moyens financiers, le pétrole est encore là, l’Algérie a de l’argent pour réaliser tous les projets prévus dans le programme du président de la République, » n’a eu de cesse de répéter le Premier ministre, devant les autorités locales et représentants de la société civile de l’ensemble des wilayas du pays qu’il a visitées, depuis qu’il occupe le Palais du gouvernement. Fallait-il attendre que le prix du baril de pétrole chute, à un niveau aussi bas, pour crier à l’austérité ? Mais comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, c’est bien que le gouvernement s’est ressaisi pour «dire la vérité». Il faut préciser que ce discours de la vérité n’a été adopté que depuis que le Premier ministre ait réuni les walis de la République, à la fin du mois d’août dernier, leur avouant que « l’équation est très difficile, nous devons optimiser nos moyens, atteindre la croissance et préserver les acquis sociaux, durant les années à venir.»
LA 2EME REPUBLIQUE SANS LA RAPINE ET LES INCOMPETENCES ?
«Pour faire traverser l’Algérie de cette tempête,» avait dit Sellal, «il faut adopter une démarche de transparence et de pédagogie ( ) et puiser le moins possible dans notre trésor de famille constitué de nos réserves de change. » Mais encore faut-il qu’il dise les mots qu’il faut et qu’il accepte de parler d’austérité, un terme qui pourtant, doit peser, de tout son poids, sur la réalité de la situation que vit le pays, pour obliger à revoir les habitudes que la rente pétrolière a consacrées comme pratiques administratives et politiques. Sellal et son gouvernement jouent, constamment, sur les mots pour parler de «la rationalisation des dépenses publiques ou leur optimisation, ou alors la création de la croissance et la relance économique ( ).» Les termes relatifs à l’économie de l’argent ou son utilisation «quand il faut» seulement, ont tous la même définition. Les gouvernants devront s’abstenir de garder des gants de velours pour ordonner aux responsables dans la haute administration de mettre les personnels au travail et économiser l’argent public. D’autant que le Premier ministre a, d’ores et déjà, prévenu que «toutes les décisions, pour relancer notre économie et absorber le choc pétrolier, toucheront des habitudes, de vieux réflexes et des intérêts, elles recevront, donc, des résistances plus ou moins fortes.» Il doit savoir que c’est une conjoncture idéale pour, justement, mettre fin «aux vieux réflexes», aux mauvaises habitudes et aux intérêts personnels et claniques. Il faut reconnaître que le pays déploie, depuis près d’une quinzaine d’années, toute l’incompétence et la rapine qui l’ont ruiné depuis qu’il a recouvert son indépendance. Si durant le règne de Bouteflika, l’on comptabilise de grands ratages au plan politique, notamment, pour ce qui aurait contribué à changer la nature du système et à réviser l’exercice du ou des pouvoirs, l’on peut aussi voir, sans ambages, que toute la rapine a émergé de l’ombre pour activer, au grand jour. Le mauvais choix des hommes à la tête des plus hautes instances de l’Etat a permis, en outre, de faire «briller» les incompétences dans toutes ses dimensions, ses travers et à tous les niveaux. Il n’est, désormais, pas difficile de se tromper sur de telles « identités ». Les bâtisseurs de la 2ème République devront, en principe, avoir compris.