Gouvernance,Les signes de l’échec sont trop nombreux

Gouvernance,Les signes de l’échec sont trop nombreux
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Beaucoup de nos importateurs font exprès de ramener les résidus et les détritus des autres dans des conteneurs qu’ils revendent à prix forts ici

L’Algérie est un beau pays et l’Algérien est un être comme tous les autres. Il mérite à cet effet, plus de respect et d’égard.

Généralement, une réussite se reconnaît à un seul signe. Il n’en est pas de même pour l’échec qui peut être saisi de plusieurs manières et à différents niveaux. En Algérie, l’échec de ceux qui nous ont gouvernés est visible et reconnaissable à tous les aspects et dans tous les domaines. Le changement n’a jamais été aussi urgent et nécessaire. Quand aura-t-il réellement lieu ce changement? Jamais une rentrée sociale n’a été aussi appréhendée que celle qui nous attend. Les difficultés du quotidien ne cessent d’augmenter pour le citoyen algérien qui ne sait plus où donner de la tête. La vie déjà assez chère le sera encore plus à cause de la chute réelle du dinar que personne n’a eu le courage d’annoncer et dont les conséquences ne peuvent être que catastrophiques pour une société déjà si proche de l’explosion.

Manger comment?

Regardons l’Algérien… regardons son quotidien… Et commençons par la nourriture. Manger à sa faim pour beaucoup d’Algériens est un défi difficile à relever. Manger tout court c’est tout un problème pour d’autres. Quant à ceux qui peuvent se nourrir, eh bien, eux aussi rencontrent des problèmes. D’abord, manger quoi? Ni notre pain, ni notre lait, ni notre huile ne proviennent de chez nous et c’est à peine si nous savons extraire, nous-mêmes, notre eau de nos nappes. Incapables de produire ce que nous mangeons, nous importons jusqu’au blé, base de notre nourriture. Même ceux qui bombent le torse en prétendant produire ici même certaines denrées ne font, en réalité, que conditionner les produits qu’ils importent, du made in ailleurs.

Ensuite, manger comment? Oui, comment manger lorsque la pomme de terre est, comme cela arrive souvent, immangeable? Comment boire le lait lorsque l’eau y est ajoutée en dose supérieure à la normale ou lorsqu’il n’y a pas ce goût qui fait du lait… du lait? Nous ne sommes pas encore arrivés à ce stade où les consommateurs d’un pays exigent des producteurs un certain niveau de qualité. C’est vrai que la qualité s’exige, soit dit en passant, au producteur et pas à l’importateur, surtout lorsque ce dernier préfère la Chine au reste du monde et demande au Chinois la moins chère des marchandises. Sans qualité, sans garantie, sans un minimum de sécurité pour la santé, voire la vie du consommateur! Beaucoup de nos importateurs font exprès de ramener les résidus et les détritus des autres dans des conteneurs qu’ils revendent à prix forts ici. Pourquoi? Parce qu’il y a défaillance de l’Etat bien sûr, or, la défaillance d’un Etat, est la mère de tous les échecs de ce dernier. Regardons maintenant comment l’Algérien choisit ses élus. En général, on choisit mais sans trop savoir comment ce choix s’opère. Il y a comme de la magie dans nos urnes, et nous sentons de l’illusion dans l’exercice de nos droits politiques. Nous avons beau choisir de différentes manières et nous avons beau changer même nos choix, ce sont toujours les mêmes noms qui jaillissent des urnes, comme par enchantement… Pourquoi? Comment? Nul ne peut nous convaincre que ce n’est pas une damnation qui nous frappe et nous suit jusqu’à la fin des temps que d’avoir toujours les mêmes aux commandes de ce pays et nul ne pourra nous dire ce que nous avons fait pour mériter ce sort… Seul Dieu sait! Que nous ne puissions pas voter sans faire vibrer les cordes du régionalisme, du tribalisme ou de la religion, voilà un signe bien réel de l’échec du régime en place et que nous ne puissions pas voter comme tout le monde, là aussi réside un autre signe de l’échec total et complet de ce régime dont la sénilité le dispute à l’obsolescence.

Que des analphabètes existent encore aujourd’hui en Algérie, est un drame en soi. Que parmi des analphabètes il y en ait qui siègent, au XXIe siècle, dans de hautes institutions, voilà la honte qui strie le front d’un régime désuet et périmé.

Qu’un athlète qui remporte une médaille d’or aux Jeux olympiques soit encouragé et félicité, personne n’aura à en redire, mais que cela constitue une joie nationale, un évènement historique de haute importance nationale, cela ne peut découler que de la médiocrité longtemps cultivée par le régime en place et, bien entendu, dévoile tout l’échec de ce dernier. D’ailleurs, on a eu toute la latitude de le vérifier à l’occasion des résultats de l’équipe de football. Un régime qui s’agrippe aux victoires de l’Equipe nationale ou aux médailles de quelques athlètes pour faire oublier son incapacité à gérer le pays, est sans conteste un régime qui moisit dans l’échec.

L’Ecole algérienne est en panne depuis longtemps. Depuis fort longtemps. On pourrait faire remonter cela au jour même où l’on a eu l’idée de regarder l’école.

Délestage

Aujourd’hui, notre école détruit les structures mentales de l’élève et ruine les espoirs des parents. Sciemment écartée de sa véritable mission, qui est celle de dispenser le savoir, l’école ne sert plus qu’à détourner les jeunes de la rue lorsqu’elle ne se contente pas d’«idiotiser» tout court et d’être une simple garderie. Partout dans le monde, les gouvernements tentent de retenir les compétences. Chez nous, dès qu’on a eu notre indépendance, on s’est ingénié à trouver les meilleurs moyens de les faire fuir. Résultats des courses: cinquante ans après on ne sait toujours pas planifier. On ne sait rien organiser. Quant à la coordination et au contrôle, mieux vaut ne rien dire!

Incapables de prévoir, ceux qui ont la charge du pays n’ont même pas pu penser que la demande de consommation d’électricité allait augmenter, non pas uniquement à cause de l’utilisation croissante des climatiseurs comme ils essaient de nous faire croire, mais aussi à cause de moult autres raisons. Pourquoi ne produit-on pas assez d’électricité? Pour un pays aussi riche que l’Algérie, aussi ensoleillé et avec 1200 km de côte, il est incroyable que l’on n’ait pensé à renforcer le réseau électrique ni par l’énergie solaire, ni par celle éolienne, ni par l’augmentation du nombre des centrales hydrauliques. Que font donc ceux qui sont censés s’occuper du pays? Importer des chanteuses libanaises pour des festivals idiots et répugnants et réfléchir aux meilleures méthodes pour rester au pouvoir et écarter les autres.

Procéder au délestage au XXIe siècle, dans un pays pétrolier qui dispose de plus de 320 jours d’ensoleillement par an et de plus de 1200 km de côte, est une mesure de replâtrage qui ferait rire même les hommes préhistoriques. Tenir des festivals comme ceux qui jonchent l’année de l’Algérien, plats, insensés, inutiles, ridicules et trop coûteux est un autre signe flagrant de l’échec de ceux qui ont pour mission de gérer le pays. Depuis que le monde est monde, certains essaient – et ils ont réussi sur ce coup-là – à nous occuper ailleurs que là où il faut. Ils ont multiplié le nombre d’élections si bien qu’entre deux élections, on trouve toujours le moyen d’en caser une autre. Et, du coup, nous n’avons plus le temps de nous rendre compte de ce qui nous arrive. Sur la voie publique, nous devons payer pour nous garer et gare à qui ose discuter le fait accompli. Pour nous faire délivrer un papier quelconque, nous devons toujours revenir le lendemain si ce n’est quelques jours plus tard.

Pour retirer notre salaire, après avoir trimé tout un mois, nous devons faire la chaîne devant la poste avant l’ouverture des portes, attendre des heures et des heures pour nous voir signifier qu’il n’y a plus de liquidités. Pas d’argent… rentrez! Dans les banques, cela ne va pas mieux. On se bouscule, on se chamaille dans des queues interminables et si l’on veut retirer quelque chose, le montant ne doit pas être élevé bien sûr.

Une manière de vous faire revenir chaque jour jusqu’à ce que vous vous haïssiez pour ce que vous êtes et pour ce que vous faites. Lorsque les citoyens ne sont pas à l’aise dans leur pays, c’est un échec complet et indiscutable de ceux qui les gouvernent.

Où est la relève?

Au marché, ce ne sont plus les vendeurs sans autorisation qui exercent à la sauvette, mais les autres. Ceux qui sont censés leur interdire de le faire. Trop de sentiments ou trop peu de capacité à faire son boulot? Il n’y a pas à réfléchir là-dessus: plus personne ne fait son travail. A tous les niveaux. Du coup, plus personne ne respecte plus rien.

Les agressions se multiplient, les gangs prolifèrent, la consommation de la drogue se généralise, les kidnappings et les rapts ont leur part des unes de nos journaux… autant d’échecs de ceux qui croient gouverner le pays… ceux-là mêmes qui se précipitent lorsqu’il s’agit de mal exploiter les richesses du pays et qui, à chaque fois qu’on leur fait appel, disent avec sourire et sadisme qu’ils ne sont pas responsables. Mais que faites-vous là alors?

L’Algérie est un beau pays et l’Algérien est un être comme tous les autres. Il mérite à cet effet plus de respect et d’égard. Qu’on vienne aujourd’hui lui chanter qu’il est temps de changer, cela aurait pu faire rire jusqu’aux larmes s’il ne s’agissait pas d’un véritable drame, celui de l’assassinat programmé de deux générations. Un changement est vraiment nécessaire mais qui le fera? Certainement pas ceux dont l’échec est cuisant car on n’a encore jamais vu de changement opéré par ceux-là mêmes qu’on veut changer. C’est déjà trop absurde et cela ne le sera que davantage.

Là se pose une question cruciale. Où est la relève? Et il est inutile de dire quelle ingéniosité a toujours été mise à l’oeuvre pour détruire et raser toute relève en Algérie. Ceux qui sont au pouvoir sont trop marqués par un comportement qui ne peut favoriser le changement. Nous le disons sans aucune passion ni haine à l’égard de personne.

Qui d’autre? Difficile de parler de relève dans un pays où l’on ne peut citer un seul nom en dehors du pouvoir ou des accointances avec ce dernier. Et là encore, il y a lieu de noter un autre signe de l’échec du régime en place.