Gouvernance des ressources en hydrocarbures: L’Algérie mal notée

Gouvernance des ressources en hydrocarbures: L’Algérie mal notée

Les hydrocarbures continuent à représenter l’essentiel des ventes algériennes à l’étranger, soit 93,19% du volume global des exportations. Les revenus pétroliers du pays ont cependant enregistré une chute de près de 60% en 2016. Ce plongeon est dû à la baisse continue des cours du pétrole depuis juin 2014. Mais au fort du dynamisme des marchés, le pays avait engrangé des recettes estimées à plus de 800 milliards de dollars. Qu’a-t-on fait de cette manne ? Comment ces ressources ont-elles été gérées et utilisées ? Dans son rapport fraîchement élaboré, l’Institut de gouvernance des ressources naturelles, un organisme connu et reconnu, attribue une mauvaise note à l’Algérie en matière de gouvernance des ressources en hydrocarbures.

Il y est ainsi souligné que les plus mauvais élèves africains en matière de gouvernance des ressources en hydrocarbures sont l’Ouganda, le Nigeria, le Congo, l’Égypte, le Gabon, l’Angola, le Tchad, l’Algérie et le Soudan du Sud. Selon l’Institut, leur gouvernance dans ce domaine est “médiocre”. Pour ces pays, explique le document, des procédures et pratiques sélectives et minimales sont en place pour gérer les ressources naturelles. Mais, y

est-il ajouté, il manque la plupart des éléments nécessaires pour que les citoyens puissent profiter de la richesse dérivée des ressources extractives.

Tout est dit ! L’Institut a, en fait, mesuré la gestion de ces secteurs dans 81 pays qui produisent 82% de l’offre mondiale de pétrole, 78% de celle de gaz et 72% de cuivre. Il a présenté le Ghana comme le bon élève de l’Afrique. Au total, 89 évaluations ont été faites puisque dans huit pays, les auteurs du rapport ont évalué tant le secteur des hydrocarbures que le secteur minier à partir de trois critères majeurs à savoir : la réalisation de la valeur, la gestion des revenus et les conditions générales de gouvernance d’un pays. Le premier indicateur fait référence à la gouvernance de l’attribution des droits d’extraction, la prospection, la production, la protection de l’environnement, le recouvrement des recettes et les entreprises publiques. Le deuxième prend en compte la budgétisation nationale, le partage infra-national des revenus des ressources naturelles et les fonds souverains. Quant au dernier, il évalue les conditions générales de gouvernance d’un pays.

À chaque niveau de l’indice, les notes sont attribuées sur 100. À la lumière de ces indications, le Ghana, leader continental, obtient ainsi la note 67. Selon les observations, le pays s’est distingué par une bonne gouvernance de ses ressources couplée à une meilleure redistribution des revenus issus de leur exploitation.

Suivent la Tunisie et la Côte d’Ivoire qui glanent chacun 56 points. Insuffisant, selon les auteurs du rapport qui reprochent à la Tunisie une gouvernance partielle dans certains domaines et problématique dans d’autres. Ils estiment, en effet, que les citoyens tunisiens pourraient profiter de la richesse dérivée des ressources extractives au bout d’un certain temps, mais ces bénéfices sont probablement insuffisants pour le moment. La Côte d’Ivoire, quant à elle, s’est différenciée par une réalisation de la valeur et une gestion des revenus satisfaisantes. À son niveau, ce sont les conditions générales de gouvernance qui sont insuffisantes.

Le Cameroun est le quatrième au classement avec 54 points, ce qui équivaut à une gouvernance insuffisante. C’est la Tanzanie, un futur eldorado de pétrole et de gaz, qui ferme le top 5 du classement avec 53 points pour les mêmes observations que les trois précédents : une gouvernance insuffisante des ressources de pétrole et de gaz. Le Mozambique, qui détient l’une des plus importantes réserves en gaz naturel en Afrique subsaharienne, ne totalise que 50 points. Suivent la RDC, la Guinée équatoriale, le Soudan et la Libye dont la gouvernance est qualifiée de “défaillante” : “Il n’y a pratiquement pas de cadre de gouvernance pour faire en sorte que la richesse dérivée des ressources extractives bénéficie aux citoyens. Il est fort probable que les principaux bénéficiaires soient les entreprises extractives et une élite minoritaire”, souligne le rapport.