Gourcuff accueille Le Buteur à Sidi Moussa : «Le retour de Yebda n’est pas à l’ordre du jour»

Gourcuff accueille Le Buteur à Sidi Moussa : «Le retour de Yebda n’est pas à l’ordre du jour»
gourcuff-accueille-le-buteur-a-sidi-moussa-le-retour-de-yebda-nest-pas-a-lordre-du-jour.jpg

C’est un entraîneur détendu que nous avons rencontré au centre technique national de Sidi Moussa, hier. C’est la première interview exclusive donnée par le sélectionneur national, Christian Gourcuff, depuis sa nomination en août dernier. Gourcuff a parlé de beaucoup de sujets qui n’avaient pas été évoqués jusque-là. La mise à l’écart de Mostefa et celle Yebda qui semble définitive, la fin de carrière internationale de Bougherra prévue après la CAN et d’autres points importants qu’on vous laisse le soin de découvrir dans cette interview.

Tout d’abord, on vous remercie coach d’avoir accepté de vous interviewer. Vous êtes sans doute un entraîneur heureux, après avoir réussi à décrocher la qualification pour la CAN, sachant surtout que l’EN est la première équipe à avoir validé son billet…

Oui, je suis content et même soulagé d’avoir réussi à valider notre billet pour la CAN. La qualification était un objectif pour nous, donc voilà nous sommes contents de l’avoir atteint. Avec cette qualification, nous allons pouvoir préparer sereinement les deux matchs qu’il reste (ndlr : face à l’Ethiopie puis le Mali). J’attends donc beaucoup des deux matchs, afin de pouvoir nous améliorer et surtout progresser encore. C’est important ! Je veux aussi que le groupe réponde présent.

Qu’est-ce qui a changé dans le groupe par rapport à il y a six ou huit mois, sachant que vous avez supervisé le groupe en Coupe du monde ?

Comme vous le savez, j’ai pris un groupe qui était déjà constitué et qui était en place. Ce groupe vivait bien, se comportait bien au sein duquel il y avait beaucoup de solidarité. Ce sont des points très importants, comme on a pu le constater, lors de la Coupe du monde. Après, chaque entraîneur a ses options de jeu. Pour ce qui me concerne, il y a des objectifs à court et long termes. A court terme, il y avait cette qualification qu’il fallait arracher et je pense qu’on a réussi à atteindre ce premier objectif. Le second, qui est à long terme, concerne le style de jeu. Il faut savoir qu’on a n’a pas eu beaucoup de temps pour travailler mais on essaye de changer les choses petit à petit. Par exemple lors du dernier match face au Malawi, nous avons montré de belles choses. Ce son des signes qui démontrent que nous sommes en nette progression. En tout cas, on a ce stage et surtout les deux matchs face à l’Ethiopie puis le Mali. Ça va donc être une occasion pour nous de travailler ce volet.

Ça fait maintenant plus de trois mois que vous êtes sélectionneur national. Quelles sont les satisfactions et les déceptions que vous avez retenues ?

Parmi les satisfactions, c’est le fait d’avoir eu un groupe très réceptif qui a adhéré à la stratégie. Ça vit bien dans le groupe, même si je sais que c’est toujours bien de vivre sur cette lancée des succès, comme cela se passe pour nous, après nos quatre matchs remportés lors des éliminatoires de la CAN. J’ai trouvé un bon groupe et c’est cela qui m’a encouragé à prendre cette équipe algérienne. Les joueurs ont cette sensibilité de jeu que je cherchais. Lorsqu’on voit Yacine Brahimi avec tout ce qu’il est en train de faire à Porto, je confirme cela.

Les déceptions ?

(Rire) Non, y en a pas. Je pense que nous n’avons pas fait d’exploit jusqu’à présent. C’est bien d’avoir arraché tôt notre qualification puisque c’était un objectif, on a même fait des matchs solides à l’extérieur, mais maintenant, il faudra qu’on se mesure à d’autres sélections d’un autre calibre, afin de progresser encore plus. On est sur la bonne voie et surtout sur une bonne dynamique. Le groupe travaille bien et il faut continuer.

Le Maroc a refusé officiellement d’organiser la CAN-2015, des appréhensions ?

Evidemment, c’est une grande déception de ne pas aller au Maroc. Pour nous, c’est une bonne occasion de disputer la CAN au Maroc, surtout au mois de janvier. Les conditions sont les mêmes qu’ici en Algérie. Ça allait bien nous arranger, avant cette décision. Je pense qu’on va attendre demain (ndlr : aujourd’hui) pour connaître la décision finale. Je peux vous dire qu’un report ne nous arrangera pas, surtout si le tournoi est décalé, ça coupera la dynamique de la sélection.

Parlons de la liste des joueurs retenus pour ce stage. Le premier constat est la mise à l’écart des deux attaquants Ryad Boudebouz et Ishak Belfodil…

En sélection, c’est toujours une question de timing et de conjoncture. Pour Ishak Belfodil, il joue peu avec son club ces derniers temps et j’ai discuté avec lui et je lui ai tout expliqué, il faut qu’il récupère avec son club. Pour Ryad Boudebouz, il a été blessé dernièrement. Je pense aussi qu’il n’est pas au top sur le plan physique. Toujours concernant Boudebouz, ses dernières prestations avec Bastia, un club en difficulté en Ligue 1, ne sont pas propices pour le convoquer actuellement. Pour moi, ça a été aussi une occasion de voir d’autres joueurs, même si je garde toujours l’ossature. Je vais voir, lors de ce stage, l’attaquant Nabil Ghilas qui était avec le groupe en Coupe du monde, mais que je n’ai pas eu par la suite. Il y a aussi Mehdi Abeid que je veux voir lors de ce stage, sans oublier Baghdad Bounedjah que je verrai éventuellement, un peu plus. C’est une façon de les découvrir et surtout de les lancer. Le fait d’avoir ces deux matchs face à l’Ethiopie et le Mali nous permet de tenter ce genre d’ouverture, pas d’essais.

Encore une fois, Mehdi Mostefa a été écarté du groupe. On commence à comprendre qu’il s’agit d’une mise à l’écart définitive, non ?

Aucun joueur n’est écarté définitivement, sauf pour ce qui concerne les comportements. Lorsque je fais une liste, ça doit correspondre aux profils et surtout à la projection du jeu. Aussi, il y a une projection sur l’avenir. Donc parfois, on cherche des joueurs un peu jeunes pour les perspectives d’avenir.

A travers son âge, comprend que l’EN est bel et bien finie pour lui ?

J’ai dis qu’aucun joueur n’est exclu de la sélection, sauf lorsqu’il y a un problème de comportement. Sinon, parfois ça a une relation avec des choix ou des projections d’avenir. Il n’est pas utile de prendre 25 joueurs. Lors du premier stage, j’avais une liste plus élargie, dans le but de bien connaître les joueurs, après je l’ai réduite. Moi, je ne convoque pas des joueurs que je n’utiliserai pas. Même pour eux, c’est frustrant.

Hormis Halliche, ceux qui évoluent dans le Golfe ne sont pas retenus ou n’entrent pas dans vos plans, comme Bougherra et Yebda. Cette décision a-t-elle été prise par rapport à votre expérience au Qatar ?

Non, pas du tout. Mon expérience au Qatar date de certaines années. C’est vrai que les championnats du Golfe  n’ont pas la même rime qu’avec ceux de l’Europe. Je dirais même que c’est pénalisant pour eux (ndlr : Bougherra, Halliche et Yebda). Pour ce qui concerne Hassan Yebda ou Madjid Bougherra, qui est d’ailleurs dans le groupe, je pense qu’ils arrivent en fin de carrière. On est dans la projection pour le futur et ces deux joueurs, qu’on ne rejette pas, offrent moins d’intérêt pour la sélection par rapport aux jeunes joueurs.

Donc, Hassan Yebda ne sera plus retenu parmi les Verts ?

Je vous ai dit que personne n’est exclu de l’Equipe nationale, seulement ce cas-là (ndlr : le cas de Yebda) n’est pas à l’ordre du jour. Un garçon par exemple comme Karim Ziani que j’ai eu et que j’ai beaucoup apprécié pourrait être sélectionnable, mais par rapport aux prochaines échéances et à la projection vers le futur, on préfère convoquer de jeunes joueurs.

Cette liste de joueurs que vous avez arrêtée ne contient aucun joueur local, hormis les deux gardiens de but Doukha et Zemmamouche. Est-ce que cela est dû au niveau que vous avez constaté en championnat ou était-ce une décision personnelle ?

Non, c’est un choix. J’ai la chance de diriger des stages de la sélection nationale A’ qui me permettent de voir le niveau des joueurs locaux. Il y a des joueurs assez intéressants et surtout jeunes. Là, je peux même vous dire que chez les A’, on prend une tranche d’âge bien définie qui nous offre des perspectives d’avenir. Il y a des joueurs entre 22 et 23 ans qui sont intéressants pour l’avenir. Après, il y a les exigences du football européen qui diffèrent de celles du football algérien. Actuellement, j’estime qu’il n’y a pas beaucoup de joueurs qui peuvent postuler pour une place de titulaire en sélection. L’évolution va dans ce sens. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on les habitue aux stages pour bien les préparer sur tous les plans, notamment tactique.

Dernière question, pensez- vous que l’EN a les moyens d’être champion d’Afrique en 2015 ?

Il y a beaucoup de bonnes équipes et je pense que ça ne servira à rien de faire des pronostics. On doit se concentrer sur notre jeu et continuer à travailler pour progresser encore, surtout que l’EN a monté de belles choses ces derniers mois. Notre objectif majeur, c’est d’améliorer notre style de jeu et de bien figurer dans ce tournoi.